On a écouté Iron & Wine et on en est resté quand même un peu partagé. Iron & Wine est un artiste reconnu, talentueux, qui s’est faire de la bonne musique, à la voix suave et aux couleurs musicales diverses. Tout cela on le retrouve dans son dernier opus Ghost On Ghost mais un gout d’inachevé demeure, même après de nombreuses écoutes. Quelque chose nous manque pour qu’on puisse se dire « c’est l’album qui me manquait » ou qu’on se surprenne à fredonner dans les rues une de ces chansons.
Iron & Wine de son vrai nom Samuel Bean, est né en 1974 en Caroline du Sud. Il tire son nom de scène d’un supplément alimentaire « Beef Iron & Wine » trouvé dans un supermarché alors qu’il tournait un film. Car avant de devenir Iron & Wine, Samuel était dans le cinéma en tant que réalisateur mais également comme professeur à l’University of Miami et au Miami International University of Art & Design. Sa carrière dans la musique, il la démarre petit à petit. Il écrit d’abord des chansons pour lui et ses amis, puis se piquant au jeu de la composition, il enregistre des démos qu’il distribue à droite à gauche, et l’une d’entre elle tombe entre les mains du rédacteur de Yeti magazine qui choisit une de ses chansons pour figurer sur la compilation annuelle de la revue. Sa carrière était lancée, et en 2002, il sortait son premier album The Creek Drank the Cradle.
Iron & Wine a donc choisi un pseudonyme de complément alimentaire, mais cela colle plutôt bien à sa manière de chanter : une voix qui, à la fois, coule doucement dans les oreilles, mais qui parfois peut s’élever comme une fine lame. On retrouve cela dans son nouvel album. Il serait facile de se laisser porter par son organe, mais aussi par ses arrangements fins et par une certaine science de la référence. Pourtant quelque chose ne fonctionne pas. En caricaturant juste un peu, on pourrait dire que l’album fait un grand écart entre les Bee Gees version slow de plage (et ce n’est pas qu’à cause de sa barbe fleurie) et un de ses albums de chanteur de rock reconnu qui, n’arrivant plus à faire du rock, se tourne vers le jazz pour se donner un peu de contenance. Dans les deux cas, les chansons ne sont pas mauvaises, mais il y a quelque chose qui tombe à plat. Dans la partie où son folk se teinte de jazz (« Lover’s Revolution », « Grass Window », « Low Light Buddy Of Mine » ou dans une moindre mesure « Caught in The Briars »), les mélodies sont relativement effacées. Concernant le retour aux chansons de barbus (« New Mexico’s No Breeze », « Sundown (Back in the Briars », « The Desert Babbler », ou « Joy »), par pitié, trop de chœur, trop de sucre, trop de petits papillons roses qui s’envolent !!! Même si on peut peut-être garder « Baby Center Stage » qui parvient à garder un certain équilibre, passons notre tour pour cet album, et attendons le prochain.
Charles L.