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matière de mère

Publié le 11 mai 2013 par Modotcom

matière organique : eau, mer, sel, chair, sang.
matière, table des :  pourquoi, de qui, quand, comment, où.
matière-discipline : passion, organisation, tolérance, patience, détachement.
matière de mère
bonne fête des mères dis-je.
il y a la mer celle des vagues
celles de la lune
comme le cycle
celui des menstrues
celui qui doit produire
il y a la chair
il y a le sang
il y a l'eau
il y a ce trouble qui dès l'enfance
nous pousse à coller
à border
petite il n'y avait chez nous
que peu de contact physique
et pourtant
j'ai toujours été charnelle
je touche tout ce qui vit
et même la matière morte
je peins je sculpte je danse
je baise je mange je bois
je veux un ventre
tout commence par le ventre
celui dont je rêve à l'adolescence
le cliché de la grande famille
parce qu'on a aimé tripper
en gang dans le sous-sol
de la mère de qui
et qu'on pense que ce sera
le même feeling d'être entourée
fourrer avec le gars
dont on est passionnément amoureuse
tomber enceinte comme des nues
et pourtant être émue
pleurer car le coeur est plein de larmes
vouloir le garder faute de l'avoir planifié
aimer l'enceintitude
depuis toujours j'aurais recommencé
juste pour l'enceintitude
plus que la grossesse qui est
de gonfler
l'enceintitude rayonne de matière
l'aura est là
vive le biscuit soda
l'aura est là
la féminité à son apothéose
avec du recul
je me rends compte
que dans ma vie
c'est là que je me suis le plus sentie femme
un état exclusif et sacro saint
je crois que la vierge marie
fut visitée par les rois mages
et qu'elle fut enfantée par un esprit
cette sainteté de la grossesse
me fascine comme une chose
matérielle si immatérielle
si divine
l'acte de donner la vie
m'émerveille encore
de mon corps naîtra une bête
la chair de ma chair
lorsqu'elle me regardera
ce sera comme un mini chat
j'aime les bébés comme
j'aime les chats
pour la tendresse qu'ils procurent
pour la senteur la rondeur
pour le collage dans nos bras
je préfère les chats qui ne pleurent pas
en matière de patience j'étais nulle
à vingt ans
je ne sais par quel miracle
je suis devenue si zen
par rapport à mes fils aujourd'hui
alors que j'aurais pu les jeter du troisième
n'eut été d'un coup de fil
à ma cocotte amie pour
me sortir de l'enfer maternel
un soir où seul un scotch aurait fait l'affaire
en matière de
cawlice que j'étais organisée
le lait de soya maison
les couches de coton
les dodos à la commune à yamaska
les purées dans le blender
la job après trois mois
un jour j'ai confié mon premier fils
à céline au service de garde
femme plantureuse dans la cinquantaine
qui l'a coincé entre ses seins
l'a pris dans ses bras forts
et en a fait un être humain
comme j'ai été rassurée
de savoir qu'il y avait
de vraies mamans
que je n'avais pas besoin
de savoir faire ou être
j'ai lâché prise
je n'étais pas seule
en fait je m'en suis un peu crissé
de ce que c'est que d'être mère
j'en ai eu deux en quinze mois
j'ai beaucoup aimé ça
je n'ai jamais souffert
ou j'ai l'esprit bien fait
ma propre mère se souvient
des nuits douloureuses de leurs
premières années
alors que je me séparai
et retournai vivre chez elle
avec mes mini-rejetons
pour une courte durée
j'ai beaucoup aimé ça
être leur maman
jouer avec eux
faire la fête
la foire et toutes les conneries
que je pense n'avoir pas faites
lorsque j'étais petite
je suis allée à la ronde
je suis allée à disney
nous avons manqué l'avion
je les ai fait courir après
avec leur mini sac à dos su'l'dos
ils ont veillé mes chouchoux
avec les amis de maman
autour d'une fondue
et de verres de vin
et ils se sont couchés
en plein milieu de partys
ce sont des enfants dociles
si tant faciles
je n'ai pas forcé
j'ai ri j'ai crié j'ai pleuré
j'ai été une maman
un jour un ami m'a dit
tu es comme une lionne
avec ses petits
je voulus qu'ils soient bons à l'école
nous faisions des devoirs
je n'échappai pas à ce désir
d'avoir une super progéniture
j'allais les voir en uniformes
à face lors de leurs concerts
qu'ils étaient beaux
je pleurais toutes les fois
j'aimais les enfants
je les aime encore
au final
j'ai deux fils
qui vivent quelque part sur le globe
depuis plus de vingt ans
on se parle rarement
on s'écrit de temps en temps
on se voit quatre fois l'an
ils ne me manquent pas
je sais qu'ils sont là
ils savent que je suis là
je les aime profondément
je les admire terriblement
quand je pense à eux
des fois mon corps retrouve
la matière
celle de vouloir
encore faire des enfants
des fois je pense
avec mon corps
au plaisir qu'ils soient petits
mes yeux s'embuent
bientôt je ne pourrai plus
faire des bébés
bientôt je cèderai
à d'autres femmes
ce plus grand des plaisirs
cette chance immense
qui m'a été donnée d'être maman

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