"Où est Ronnie?" se demandent les enfants à l’entrée de la salle de presse après sa victoire au second tour des Championnats du Monde de Snooker. Vous n'avez pas le courage de leur dire que leur héros est dans la salle de presse, disant aux journalistes qu’il n’a pas envie de participer à ces Championnats du Monde, qu’il le fait parce qu’il a signé un contrat avec son sponsor, qu’il est là pour l’argent qui lui permettra de payer les études de ses enfants (avec 250 000£, ils peut voir venir), qu’il est extrêmement fatigué après le second tour, et qu’il sortira par une porte dérobée pour éviter la foule et les autographes.
"Je suis un génie" : C’est ce que dit le tweet de Ronnie qui a suivi sa victoire à ces derniers Championnats du monde de Snooker. Je suis un docteur en Snooker et je suis un génie.
Avant de se plaindre que le snooker manquait de piquant, souffrait d’une crise de personnalité et avait besoin de personnalité comme Tiger Woods l’a été en golf ou Cantona au football.
"Le snooker a besoin de stars comme moi", dit Ronnie O’ Sullivan après avoir remporté son cinquième titre mondial. Chaque sport a besoin d’une étoile, et lorsque celle-ci disparaît, le sport perd de son intérêt. "Le snooker sans Ronnie, c’est comme une pizza sans sauce piquante" ajoute-t-il. "Si je partais, que devriendrait le snooker avec des joueurs "normaux" comme Hawkins battu en finale. Certains joueurs essaient de le faire, mais ce n'est pas naturel. Je ne cherche pas du tout, je suis un peu limite par moments, mais c'est vraiment moi. Je suis comme ça et je fais mon truc de façon naturelle. "
O’ Sullivan estime que le golf perd tout son intérêt lorsque Tiger Woods ne joue pas. "À certains égards, je pense que c'est ce que les gens veulent de moi : me voir jouer, quelque soit le résultat."
Et il continue : "Je suppose que pendant ces 10 dernières années, j'ai été le joueur préféré des supporters, ce qui ne rend pas les choses plus faciles, mais qui est très motivant."
Sa révélation mercredi soir après battu Stuart Bingham, l'un des meilleurs joueurs de la saison, disant qu'il revenait seulement "pour payer les frais de scolarité de ses enfants" a attiré les commentaires dépités de la plupart des observateurs avertis.
Barry Hearn, président de la World Snooker dit qu’O’ Sullivan a annoncé plus souvent sa retraite que Franck Sinatra (il ne doit pas connaître Aznavour !), après quoi l’ex champion du monde Steve Davis a estimé que O’ Sullivan avait été "irrespectueux" dans ces annonces : Bonjour l’ambiance.
Steve Davis admet qu’on peut accorder à Ronnie la possibilité de souvent dire n’importe quoi, tout en se demandant si ses supporters n’allaient pas désormais commencer à l'abandonner en faveur de Judd Trump.
Personne ne peut remettre en question le génie de Ronnie devant une table de snooker. Ayant rarement joué à son meilleur niveau durant ces Championnats, qu’il aurait pu, selon certains experts, gagner en jouant avec un manche à balai, il est incontestable qu’il se dégage une forme de génie : Qui peut espérer conserver son titre de Champion du monde, sans avoir joué pendant un an et en s’offrant le luxe de faire 6 centuries en finale, battant ainsi un record établi par Stephen Hendry.
Il faut sans doute, sans remettre en cause les qualités exceptionnelles de Ronnie, se poser la question de l’état dans lequel Barry Hearn, est en train de plonger le snooker, à force d’augmenter, jusqu’à l’épuisement, le nombre de compétitions auxquelles doivent impérativement participer les joueurs s’ils veulent rester dans les 16 meilleurs mondiaux. Certains joueurs étaient proches du burn out lors de ces championnats.
"J'ai été déçu par les meilleurs joueurs", a déclaré S. Hendry, 7 fois champion du monde. "Ils n'ont pas réussi à imposer leur autorité et leur jeu est resté très moyen". Mark Williams, deux fois champion, a déclaré n’avoir pas vu un jeu aussi faible depuis 10 ans. Et le Gallois n'était pas seul à le penser.
Barry Hearn n’est sans doute pas très affecté par ces critiques : un nouvel eldorado s’ouvre pour le snooker : la Chine. Avec ou sans Ronnie. "S’il veut être des nôtres nous en serons heureux, s’il veut aller planter des pommes de terre, alors bonne chance à lui !". Il serait d’ailleurs intéressant de se pencher sur l’évolution du snooker depuis quelques années, années qui correspondent, comme par hasard, à l’expansion asiatique !
Il n’en reste pas moins que l’Asie est loin, et que le snooker reste un sport inventé par les Anglais, dans lequel le fair play So British n’est surement pas pour rien dans sa propagation et son attrait dans le monde entier.
Alors que répondre à ces jeunes supporters qui attendent fébrilement l’autographe qu’ils n’obtiendront jamais de la part de Ronnie ? Ronnie est certainement génial, le joueur le plus rapide de tous les temps (147 en 5 minutes 20 secondes !), avec un excellent sens du replacement de la bille, le seul joueur au monde à être réellement ambidextre et capable de faire un century de la main gauche, détenant ou partageant avec S. Hendry nombre de titres ou de records. Mais quid de l’individu, du comportement non pas de l’homme en dehors du (qui ne regarde que lui) mais de son comportement devant la table.
Oui Ronnie, chaque sport a besoin de génie, c’est incontestable. Mais il convient aussi que ce génie soir admirable, au sens étymologique du terme (qui puisse être admiré), et pas seulement un individu qui, parce qu’il a un don exceptionnel, peut se permettre de faire tout et n’importe quoi : le respect est à ce prix.
Est-ce vraiment amusant de placer sa queue de billard entre ses jambes, en demie finale de ces derniers championnats du monde, ce qui lui a valu un avertissement de la part de Michaela Tabb. Où est le fair play dans le fait de déclarer forfait face à S. Hendry en quart de finale du Championnat du Royaume-Uni après 4 frames, énervé par le fait d’avoir raté une bille rouge assez facile ? (amende de 20 000£ et lui retire 900 points au classement mondial).
Est-ce digne d’un grand joueur de refuser la conférence de presse d'après-match, après son match contre Alister Carter sur un score de 6-1, réalisant 2 centuries.
Peut on admirer le joueur qui après avoir perdu un match contre Marco Fu fait des remarques obscènes lors de la conférence de presse d'après-match, invitant un membre de la presse à lui faire une fellation, se moque du porte-parole de la World Association et plaisante sur la taille de son pénis, avant de simuler un acte sexuel au micro ? (retrait de 700 points de classement et des 2 750£ qu'il a remportés lors de cet open, plus une amende de 1000£.)
La liste de ses frasques est longue et le but n’est pas ici d’en faire une liste exhaustive. Ronnie est Mc Enroe. Hendry est Fédérer. Choisis ton idole !
Hendry n’a jamais clamé sur le toit du monde qu’il se considérait comme un génie : il s’est juste contenté de l’être !