Magazine Politique

Racines, mémoires, et amnésies de l'Histoire

Publié le 11 mai 2013 par Letombe
Racines, mémoires, et amnésies de l'Histoire

En 1976 , Alex Haley écrit Racines, un livre qui symbolise à lui tout seul le déchirement et le déracinement des Africains emmenés en esclavage hors du pays de leur origine.
On voit comment un jeune garçon se fait capturer, arracher à des millions de kilomètres à sa famille, et comment ses descendants subissent la lente déculturation et l'horreur de l'esclavage. Puis on assiste au retour d'un de ses descendants en terre d'Afrique.

Racines: j'aime bien ce mot. Il fait écho à ses fameuses" racines" chrétiennes de la France dont on nous a bassiné depuis quelques années. Ceux qui croient encore que l'instauration d’évêchés dans la Gaulle devenue franque par conquête des barbares a changé fondamentalement cette terre dans laquelle nous vivons, et qui ne reconnaissent qu'à demi-mot la laïcité quand elle les arrange, comme instrument d'ostracisme contre une population donnée mais qui, bien que n'allant à l'église que pour les enterrements et les mariages, continuent à croire à la fable des "racines chrétiennes".
On a les racines qu'on peut.
Si on parle de racines dans son histoire, c'est qu'il a fallu les chercher, qu'on a été en quête d'une identité perdue. Ceux qui sont attachés à leurs racines ont du faire l'effort de s'en rapprocher.
Après, on passe à autre chose, on retrouve la mémoire de son passé. On retrouve son histoire, car s'il est important de savoir d'où l'on vient, c'est pour savoir où on va, pour son avenir.

La mémoire est important dans la constitution d'un homme ou d'une femme, savoir d'où vient sa famille est un gage de stabilité. Ainsi nous sommes attachés à l'histoire de notre famille.
La mémoire a été enlevée à ces descendants d'esclaves, qui ont du, malgré cette faillite mémorielle, reconstruire leur identité. Il se sont reconstruits, pas vraiment Africains mais toujours "nègres", avec une culture propre, une musique et un folklore riche, ils ont du pallier les carences et l'amputation dont nos ancêtres ont été les instigateurs, soit actifs en étant négriers ou propriétaires, soit passifs en subissant eux-même une forme d'esclavage, le servage, dont ils ont été libérés. Mais les esclaves ont du attendre des années supplémentaires de servitude afin qu'on les reconnaissent comme des hommes libres.
Ce sont ces hommes et ces femmes qui sont maintenant des français, depuis plus longtemps que d'autres, d'ailleurs, mais libres depuis seulement 1848, dans l'Outre-Mer, en métropole, des français dont la culture diffère un peu mais qui sont toujours marqués au fer rouge dans les yeux de certains parce qu'ils n'ont pas le type caucasien. Et pourtant que peut faire un martiniquais ou un guyanais contre ça? Se faire passer la peau à la javel?
Ces hommes et ces femmes ont besoin de la reconnaissance de cette tragédie qui a frappé leurs ancêtres maintenant. Et on leur refuserait en vertu de je ne sais pas quelle connerie afin de "blanchir" la France des responsabilités qu'elle a eu envers ceux qui sont ses enfants?
Cela fait partie de leur mémoire, de la mémoire de la France, c'est ainsi.

D'ailleurs, si on part de ce principe, il ne faudrait plus commémorer les tragédies de l'Histoire? Exit Oradour sur Glane? exit la Shoah? exit la Saint Barthélémy? Surtout montrer une France amnésique et sélective, surtout. On ne sait jamais, si quelqu'un avait dans l'envie de recommencer des atrocités sur une population donnée, sait-on seulement...

Je ne crois pas que les commémorations sont inutiles ou traumatisantes pour d'éventuels descendants de coupables, mais surtout elles sont là pour les victimes de celle-ci, qu'ils soient juifs, français d'outremer, descendants de déportés, familles ayant perdu des proches dans des guerres etc...Il n'y a rien d'autre dans cette mémoire et ces souvenirs dont nous devons porter le flambeau afin de le passer aux suivants.
Il n'y a rien d'autre dans cela, et se souvenir qu'une faille mémorielle nous fait surtout perdre nos racines, qu'elles soient chrétiennes ou autre et qu'il n'y a rien de pire qu'un peuple sans Histoire, que des hommes sans mémoire.

lire à ce sujet dans la blogosphère ou ailleurs:

Rosaelle



jegoun
Elody
Politweets
Arnaud Mouillard
Bembelly
Mediapart
BFMTV
Respectmag


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Letombe 131283 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines