Simon est un commissaire priseur, expert en oeuvres d'art. Le vol de tableaux est l'événement le plus redouté de toute vente aux enchères et il sait comment réagir si une attaque se produit. Seulement, Simon est complice d'un gang intéressé par un tableau de Goya valant des dizaines de millions de dollars. Lors de l'attaque, il reçoit un violent coup à la tête et oublie où il a dissimulé le tableau. Franck, l'un de ses complices, après l'avoir torturé, comprend que seule l'hypnose pourrait lui faire retrouver la mémoire et l'emmène chez Elizabeth Lamb.
On ne peut pas dire que Danny Boyle s'endort dans une routine filmographique. Après les déboires de toxicomanes dans Trainspotting, l'incursion Bollywoodienne avec Slumdog Millionaire, ou encore les zombies de 28 jours plus tard, le réalisateur nous entraine dans les méandres de l'esprit humain pour un "thriller" très cérébral.
A travers la recherche désespérée de sa mémoire, Simon erre entre rêve, souvenir, réalité, suggestion et mensonge et ballote le spectateur au gré de ses flashbacks. Dans ce film centré sur l'hypnose, tout est question de manipulation. Toutes les pistes sont brouillées et le spectateur ne peut jamais se reposer sur ses acquis. A quel moment la réalité laisse-t-elle place au souvenir? Ce souvenir est-il réel? Impossible de ne pas s'interroger sur la véracité de chaque passage. De plus, celui que l'on croyait victime est en fait un psychopathe possessif, celui que l'on croit impitoyable est un sentimental... Un tel scénario n'est pas sans conséquence pour le spectateur et je dois avouer que pendant un moment, je ne comprenais plus rien du tout. C'est assez effrayant de se dire qu'on va sortir du cinéma en se sentant complètement débile alors qu'on voulait juste passer un bon moment. Fort heureusement, le dénouement explosif apporte suffisamment de réponses pour satisfaire le spectateur, tout en laissant une marge de réflexion personnelle. Les nombreux rebondissements sont portés par la musique, hypnotique elle aussi, de Rick Smith et sublimés par une superbe image.
Du côté casting, la crème de la crème. James McAvoy, avec un génial accent écossais, incarne un sympathique commissaire priseur que l'on croit être victime d'une machination. Seulement, à mesure que le film avance, il dévoile sa véritable personnalité avec brio. Ce monsieur tout le monde perdu dans ses souvenirs se transforme en névrosé possessif et violent qui se réjouit de la souffrance des autres. Tantôt dominé, tantôt dominant, manipulé et manipulateur, Simon est une bombe à retardement. Ce personnage et le charisme de James McAvoy laissent peu de place aux autres acteurs qui s'en tirent tout de même assez bien. J'ai juste un peu regretté le manque de prestance de Vincent Cassel. C'est comme s'il était mal à l'aise de tourner en anglais et je ne lui ai pas trouvé la présence scénique qu'il a quand il joue en français. Cela dit, dans certaines scènes, il est quand même exceptionnel. J'ai plus de réserve en ce qui concerne Rosario Dawson. Je n'ai pas grand chose à lui reprocher en ce qui concerne son jeu mais j'ai l'impression qu'elle ne correspond pas du tout au film dans lequel elle joue. Peut-être que sa plastique et son côté femme fatale ont été trop exploités au détriment de la psychologie de son personnage.
Que cela soit en bien ou en mal, ce n'est pas le genre de films qui laisse indifférent. Trance est déroutant et se joue des codes du thriller classique. En tout cas, une chose est sûre, plus personne ne verra l'hypnothérapie du même oeil.