Le business hotel a cote de la gare de Kan Oji ou je loge ce soir est plutot minable. Au meme prix que la plupart de mes autres logements mais manquant vraiment de charme. Mais peu m importe, ce soir je suis content. Content d etre la, apres une belle journee de marche, a nouveau. Peut etre aussi rassure par le sentiment d avoir fait le plus dur et que les jours qui me resteront a la decouverte de ce chemin seront sereins et sans doute assez faciles. Je me suis en effet arrete apres le temple 68 et 69, qui sont jumeaux, et il va me rester trois jours d une quarantaine de kms pour atteindre le 88e temple et un autre du meme ordre pour rejoindre a nouveau le temple 1 et terminer ainsi ce pelerinage.
Je pourrai meme, en forcant, sans doute achever mon periple en trois jours. Mais cela serait au detriment de ma sante et du plaisir. Les temples vont en effet s enchainer de facon plus rapprkchee maintenant et ces jours un peu plus legers en distance me permettront de mieux en profiter. Et puis je suis de toutes facons largement dans les temps, ayant tout de meme couvert de grosses distances durant ces 21 premiers jpurs.
Si je suis content ce soir, c est aussi parce que contrairement a hier ou j avais vraiment souffert, la journee, ou j ai quand meme arpente quelques 55kms bien vallonnes, s est tres bien passee, presque sans souffrance et avec une serenite retrouvee.
Pourtant, en repartant ce matin, je crains de devoir subir le meme genre de journee, ou chaque pas ou presque eat un effort penible. Mes premieres sensations ne sont d ailleurs pas bien terribles. Mais un element me met en confiance et change tout. Le temps a change, le solejl est certes cache mais il fait bien plus frais. La pluie qui vient, mes forces qui reviennent avec elle.
Le chemin se fait aussi beaucoup plus agreable et interessant. Je qutte vite la ville et la vallee. Mes pas retrouvent un sentier qui monte vers la montagne.
J ai en plus ete un peu malade hier soir sur le plan intestinal (c est la seconde fois du sejour et toujpurs apres les journees les plus chaudes) mais la, en remontant vers le 65e temple, ca va bien mieux. Mes jambes repkndent bien, mon sac ne me parait plus peser une tonne.
Le decor est a nouveau boise et agreable. Toutefois, et cela restera ma seule erreur sur ce chemin, je laisse de cote le 65e temple. Je suis sans doute betement le balisage et ne fais pas attention a la bifurcation, tres courte sans doute car invisible sr ma carte, qui mene au temple. Sans doute legerement en rerait du chemin, je ne le vois pas.
Je ne mets pas longtemps a me douter de quelque chose. Je descends trop. Le panneau suivant, ou je prends la peine de dechiffrer les kanjis, me confirme mon impression. J aj bel et bien laissrr l temple de cote, il est maintenant a plus de deux kms.
Un peu curieusement, cette erreur me remet les idees en place. Je decide de ne pas remonter. Ce 65e temple rate restera une petite histoire de mon periple sur Shikoku. Je ss sur le bon chemin tt de mme.
Par ailleurs, et la suite me le confirmera, le temple 66 est indique a 26 et non 19 kms comme l indique ma carte. Mais peu importe, je me sens a nouveau bien, dans un beau decor qui m inspire et c est l essentiel. Je mesure aussi a cet instant a quel point la journee d hier fut difficile et que la chaleur qui y a regne m a contraint a puiser loin dans mes ressources.
Apres etre bien redescendu, je commence a remonter par la route puis a travers un petit chemin car je choisis l option des vieux pelerins, indiquees "steep" sur mon topo mais qui me va bien. Je m eleve dans la montagne. La pluie et le vent m accompagnent. Il ne fait cependant pas froid, j observe des nuages de brume s elevant des montagnes en face de moi, preuve d une evaporation rapide. J ai de toute facon tellement accumule de chaleur hier que cette relative fraicheur me redonne l energie qui m avait fuit.
Les panneaux, en kanjis que jdechifre maintenant, jalonnent ma progression. Dans une belle montagne battue par un vent fort qui apporte tantot un semblant d eclaircie , plus souvent une bonne rafale de pluie, j avance bien et avec un plaisir retrouve.
Le temple 66 se profile au bout de ma montee. Le vent y gronde fort, la pluie tombe. Je m y arrete tout de mme un peu. J y suis presque seul. Rencontrant juste un touriste et un moine, qui me saleuent gentiement.
Il ne me reste qu une vingtaine de kms a parcourir et j ai retrouve un pas vif. Je quitte le temple en longeant une file incroyable de statues de personnages plus o u moins grotesques, des hommes, bouddhas et demons parfos accompafnes dbetee extraordinaires, monstres et dragons. Cette ribambelle est impressionante. Dans cette atmosphere brumeuse, sous ce vent et cette pluie, elle a quelque chose de surnaturelle. Plus de 200 statues s alignent ainsi, sur pres und kilometre. Je sors prudemment mon reflex pur prendre tout d meme quelques cliches, mais il ne fait tout d mme pas trop bon rester sur place. Le vent souffle tres fort. Mon altimetre indique plus de mille metres d altitude pkr la premiere fois de mon parcours sur l ile.
J entame donc une descente de 9 kms qui va me mener jusqu au temple 67.
Elle est tres agreable. Un sol meuble et doux me permet d y courir le plus souvent. A l abris du vent et prtege par les arbres, le sentier est borde de jolis arbustes aux fleurs d un rose delicat, le meme que celui des rubans qui jalonnent ici souvent les chemins.
Je trouve le 67e temple, tout tranquille sous la pluie fine. Deux vieilles dames, qui m indiquent avec gentillesse la direction a prendre pour me rendre aux temples suivant, sont les seules visiteurs a part moi.
Je marche ensuite sur de petites routes a travers une campagne aimable et bientot le panorama me revele une vaste etendue urbaine, qui me semble bien plus grande que celel de Matsuyama l autre jour. Un panneau m apprends que je suis entre dans la prefecture de Kagawa, la derniere province que jvaise visiter ici.
Je rejoins assez vite les abords de Kanoji. M arrete un instant pkur faire quelques emplettes car je n ai presque pas mange depuis le petit dejeuner, sans cette fois en etre gene. Puis, avant d aller vister mes derniers temples du jour, je me mets en quete d un atm pour tenter de retirrt une nouvelle fois des sous, car meme au supermarche la carte n est pas toujours acceptee ici.
Je demande a un jeune homme ou se trouve la poste, le seul endroit ou le cartes internationales sont acceptees. Comme il ne sait pas et que j ai pls o moins l emplacement sur ma carte, je le remercie et me remet en marche. Cinq minutes plus tard, j entends des foulees derriere moi. C est le jeune homme, qui me rattrappe en courant por m anmoncet qu il a trouve la poste.
J arrive ensuite aux temples 68 et69, qui se jouxtent. Leur parc, pas loin d une riviere. Est calme. En cette fin d apres midi pluvieuse, je m y promene un instant. Seul.
Il est ensuite temps de songer a trouver un toit. L hebergement repere est complet et les suivants aussi. Cela m oblige a refaire deux kms en sens invrse pour trouver mon hotel de bord de gare. Mais qu importe. La journee, poussee par eole, fut bien agreable!