J’avais cinq ans, quand ma sœur aîné de seize ans se suicida. Personne ne retrouva son corps, mais elle avait laissé un message à cet effet. Ce n’était qu’une petite note manuscrite sur un papier blanc, mais je l’ai gardé précieusement pendant toutes ses années. Elle était le seul lien entre elle et moi. Un lien bien fade, mais c’était tout ce qui me restait d’elle. Ma mère brûla tout ce qui la concernait. De ses photos – ou parfois je me souviens de ses yeux brillants et d’un sourire éblouissant- jusqu'à ses vêtements. Tout disparut en fumé. Il ne restait plus que des cendres pour préserver sa mémoire. Dans sa lettre, elle décrivait une douleur cruelle et poignante et elle châtiait ceux qui n’avaient pas su comprendre la profondeur de sa détresse. Elle faisait aussi allusion à une décision qui lui revenait, mais qu’on lui avait refusée. Elle disait, que si dans ce monde qu’elle apprenait à découvrir, elle ne pouvait pas être maîtresse de ses propres sentiments alors elle préférait prendre son destin en main et faire ses adieux à ces aveugles bornés. Et c’est ce qu’elle fit. Pour moi, après sa disparition, il resta toujours une parcelle d’espoir qu’elle revienne. Ma mère s’en aperçus et m’arracha mes illusions. Ce qu’elle me dit ce soir là, jamais je ne pus l’oubliai.
_ Janelle, Ta sœur ne reviendra pas, car ce que la mort te prend, elle ne te le rend pas. Jamais !
Étrangement, les mots de ma mère sonnèrent faux, même pour mon jeune âge. Car je savais ce qu’était le suicide. C’était l’action de s’enlever la vie avec notre propre volonté. Alors ce qu’elle disait contredisait se fait. Si je me fiais à ma mère, ma sœur ne s’était pas suicider, mais on l’avait assassinée…