Le parti solférinien et ses alliés n'ont même pas fini de souffler la première bougie du quinquennat que déjà des politiciens et des médias dominants bien en vue évoquent un gouvernement d'union nationale. Cette idée peut paraître farfelue.
Toujours est-il que le gouvernement d'union nationale pose la question de la démocratie et des institutions qui régissent la République puisque la dernière alternance politique ne s'est pas traduite par un changement d'orientation de politique aux niveaux économique, social, écologique et institutionnel.
Le pédalo batave est tellement englué dans les eaux stagnantes du néolibéralisme qu'il est légitime de se demander s'il pourra atteindre la rive 2017. Pourtant, à moins d'un tsunami social comme en 1995, les institutions fossilisées de la Cinquième République devraient permettre au parti solférinien de conserver le pouvoir malgré de cuisantes défaites aux élections intermédiaires.
L'hypothèse d'un gouvernement d'union nationale doit s'entendre à l'aune de TINA.
Puisque le pays subit There Is No Alternative, pourquoi restreindre l'accès aux places gratifiantes et aux palais de la République à un seul parti et à ses affidés alors que d'autres partis sont favorables à l'austérité, au remboursement intégral de la dette et à la politique de l'offre ?
Pourquoi priver des privilèges du pouvoir le Centre et l'UMP qui défendent les mêmes idées et la même ligne politique économique, sociale et écologique que le PS ? Le consensus transpartis majoritaires est un fait. Il est évident au parlement européen où les bisbilles des partis majoritaires nationaux disparaissent pour édifier l'Europe néolibérale et le grand marché transatlantique. Il l'est parfois au Sénat et à l'Assemblée nationale sur des textes essentiels comme le Traité de Lisbonne, le MES, le TSCG ou l'ANI. Et bientôt sur les retraites.
Pourquoi maintenir un clivage factice entre le PS et l'UMP et le MoDem ?
Un gouvernement d'union nationale auquel pourrait s'associer le FN - qui n'a pas d'opposition de principe puisque bon nombre de ses idées sécuritaires et anti-immigrés sont reprises par le PS et l'UMP - aurait le mérite de clarifier le débat politique.
Cette union nationale mettrait en évidence les deux lignes politiques qui s'opposent aujourd'hui dans le pays, celle des néolibéraux sécuritaires qui profitent des institutions de la Cinquième République et celle du Front de gauche qui veut changer de système.