Comme chaque année, commémorons ensemble le souvenir de l’un des trois Canadiens à avoir fait le hockey français
« Alors, on va se repoudrier le nez ? » Canteloup n’aurait pas renié cette bonne vanne, Philippe Bozon la pratiquait plusieurs fois par an. Serge Poudrier l’acceptait, sans broncher. C’était de bonne guerre, son partenaire lui épargnait les moqueries sur son accent ou son niveau de jeu. Car si l’érable a quitté le Canada, c’est peut-être parce qu’il était trop fort, mais étrangement, Wayne Gretzky n’a jamais joué à Anglet. Mieux, il n’a pas eu l’idée d’enchaîner Bordeaux et Rouen. En France, Poudrier est à l’aise, il est surtout très fier. Fier de s’imposer dans une terre de hockey (sous son règne, la France ne fera jamais mieux que 8e toutes compétitions confondues, avec une constance qui l’honore). Dans un championnat parmi les plus faibles d’Europe, qui change de nom toutes les semaines pour faire bien, Serge s’épanouit et commence sa collection de coupes Magnus. Ambitieux, en 1996, il part s’enterrer à l’étranger pour voir si la glace est plus froide. Il n’en saura pas plus, les Allemands, croyant à un canular, vont se venger en l’envoyant finir ses jours en Suisse. Une punition un peu sévère pour le pauvre Serge, emprisonné durant dix ans à Lausanne. Il alternera entre Ligue A et Ligue B avant de retrouver son billet d’avion retour pour le Canada, qu’il avait perdu en 1985.
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