Je salue l’air, et je salue ce vent qui porte les voix et les miséricordes de la musique. Devant moi cette lucarne prolonge la page et l’ouvre par les souffles du suroît sur la frontière des marches.
(L’espace de la musique, Éd. Triptyque)
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Nous aimions les feux de feuilles et de prêles ; et tous ces porteurs de flammes, inédits, que cachent les bruits d’un jardin calme. Entre les flaques de lumière que nous abandonnait la lune, hissés sur la pointe des pieds, nous retenions notre souffle et exigions de la nuit une délivrance sûre, cette musique froide que l’orée des bois, à l’ouest, avait promise aux asclépiades blanches, en allées aux hivers.
(L’espace de la musique, Éd. Triptyque)
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Ces dimanches de soleil sous les vents de suroît. Dans la poussière, les flâneurs à même le trottoir s’étiraient sous la marquise des cinémas muets. Parfois, ils parlaient gravement ; ou gardaient silence, yeux vers la grand-rue où passaient les autos engluées dans cette musique que les glaces baissées échappaient au vent. Deux chiens s’approchaient, salivant à l’odeur des sorbets et des frites.
(L’espace de la musique, Éd. Triptyque)
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L’Autre répétait à satiété lorsque la lumière entrait par les carreaux le soir :
— La pluie coule jusqu’à nous du ciel lourd.
— Le fleuve possède-t-il un ventre ou n’est-il que fluidité et musique ?
— Les oiseaux gris s’égarent sur les branches.
(L’espace de la musique, Éd. Triptyque)