Le compte rendu annuel de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l'état du climat, qui a été publié le 2 mai, confirme que 2012 se classe parmi les dix années les plus chaudes jamais observées. Températures, précipitations, fonte des banquises, phénomènes extrêmes... voici le bilan pour 2012.
Les déclarations annuelles de l'OMM forment un recueil des principaux phénomènes climatiques de chaque année. C'est aujourd'hui une source d'information reconnue qui fait autorité en matière de températures, de précipitations, de phénomènes extrêmes, de cyclones tropicaux et d'étendue de la banquise. La nouvelle déclaration, qui fournit une analyse approfondie des tendances régionales, correspond à la volonté de l'OMM de diffuser davantage de données aux niveaux régional et national afin de soutenir les activités d'adaptation à la variabilité du climat et aux changements climatiques.
Le compte-rendu sur le climat pour l'année 2012, le plus détaillé à ce jour, sera examiné à la session du Conseil exécutif de l'OMM (du 15 au 23 mai2013).
La Déclaration sur l'état du climat mondial en 2012 peut être consultée à l'adresse suivante: www.wmo.int.
Selon la Déclaration de l'Organisation météorologique mondiale sur l'état du climat mondial, 2012 a rejoint les dix années précédentes dans le classement des années les plus chaudes jamais observées (au neuvième rang), malgré l'influence, en début de période, du phénomène La Niña qui a normalement pour effet de refroidir le climat.
En 2012 (janvier-décembre), la température moyenne à la surface du globe (terres émergées et océans confondus) a présenté une anomalie positive estimée à 0,45°C (±0.11°C) par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990 (14,0°C). D'après le compte rendu, elle se classe au neuvième rang des années les plus chaudes jamais observées depuis le début des relevés en 1850. Pour la vingt-septième année consécutive, la température moyenne à la surface des terres et des océans se trouve au-dessus de la normale calculée pour la période 1961-1990. Les années 2001-2012 comptent toutes parmi les 13 années les plus chaudes jamais observées.
"Bien que le rythme du réchauffement varie d'une année sur l'autre en raison de la variabilité naturelle du climat induite par El Niño, par les éruptions volcaniques et par d'autres phénomènes, le réchauffement continu de la basse atmosphère reste inquiétant", a déclaré Michel Jarraud, Secrétaire général de l'OMM. Selon lui, "la tendance à la hausse des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre qui se poursuit et entraîne une augmentation du forçage radiatif de l'atmosphère terrestre confirme que le réchauffement va se poursuivre".
"La fonte record des glaces de l'Arctique en août-septembre (chiffre inférieur de 18% au précédent minimum record enregistré en 2007 de 4,18 millions de km2) est également un signe inquiétant du changement climatique " a ajouté M. Jarraud. "Bien d'autres phénomènes extrêmes se sont produits en 2012, comme des sécheresses et des cyclones tropicaux. La variabilité naturelle du climat a toujours donné lieu à ces extrêmes mais les caractéristiques physiques de ces phénomènes météorologiques et climatiques résultent de plus en plus du changement climatique".
"À titre d'exemple, comme le niveau mondial de la mer est désormais plus élevé de 20cm environ par rapport à 1880, des tempêtes comme l'ouragan Sandy entraînent davantage d'inondations côtières qu'auparavant" a indiqué M. Jarraud.
Des températures supérieures à la normale ont été observées en 2012 sur une grande partie de la surface terrestre, en particulier en Amérique du Nord, en Europe méridionale, dans l'ouest de la Fédération de Russie et dans certaines zones d'Afrique du Nord et d'Amérique du Sud. En revanche, des températures inférieures à la normale ont été enregistrées en Alaska, dans certaines régions du nord et de l'est de l'Australie ainsi qu'en Asie centrale.
Les précipitations dans le monde ont été légèrement supérieures à la normale à long terme calculée pour la période 1961-1990. Les précipitations ont été inférieures à la normale dans la plupart des régions du centre des États-Unis d'Amérique, dans le nord du Mexique, le nord-est du Brésil, le centre de la Fédération de Russie et le centre-sud de l'Australie. Elles ont été supérieures à la normale en Europe du Nord, en Afrique de l'Ouest, au nord et au centre de l'Argentine, dans l'ouest de l'Alaska et dans la plupart des régions du nord de la Chine.
L'étendue de la couverture neigeuse a été inférieure à la moyenne en Amérique du Nord pendant l'hiver 2011/2012, ce qui en fait la quatrième plus petite étendue de couverture neigeuse jamais observée selon les données du Laboratoire de l'enneigement mondial (Global Snow Laboratory). Cela contraste fortement avec les deux hivers précédents (2009/2010 et 2010/2011) qui avaient enregistré la plus importante et la troisième plus grande étendue de couverture neigeuse, respectivement, depuis le début des relevés en 1966.
Quant à l'étendue de la couverture neigeuse sur le continent eurasien, elle a été supérieure à la normale pendant l'hiver, ce qui en fait la quatrième plus grande étendue de couverture neigeuse jamais observée. De façon générale, l'étendue de la couverture neigeuse dans l'hémisphère nord a été supérieure à la normale (de 590000 km2 supérieure à la moyenne de 45,2 millions) et a représenté la quatorzième étendue de couverture neigeuse la plus importante jamais observée.
Calotte glaciaire du Groenland: au début du mois de juillet, la couverture glaciaire de surface du Groenland a très fortement fondu, atteignant 97% à la moitié du mois de juillet selon les estimations. Il s'agit de la fonte la plus importante depuis le début des observations satellites il y a 34 ans. En règle générale, presque la moitié de la calotte glaciaire du Groenland fond naturellement pendant l'été, en particulier à basse altitude. Cependant, en 2012, un système de haute pression a entraîné des températures supérieures à la moyenne dans cette région, qui sont liées à cette fonte rapide.
L'étendue de la banquise de l'Arctique a atteint le niveau le plus bas de son cycle annuel
le 16 septembre, avec 3,41millions de km2. Inférieur de 18% au précédent minimum record observé le 18septembre2007, le chiffre de cette année représente une diminution de 49%, soit 3,3 millions de km2, par rapport à la moyenne des minima calculée pour la période 1979‑2000. La différence entre l'étendue maximum de la banquise arctique relevé le 20 mars et le niveau le plus bas enregistré le 16septembre est de 11,83 millions de km2. Il s'agit de la perte saisonnière la plus importante d'étendue de la banquise arctique depuis le début des observations satellites il y a 34 ans.
L'étendue de la banquise de l'Antarctique a été, en mars, la quatrième plus importante jamais observée, avec 5 millions de km2, un chiffre de 16% supérieur à la moyenne enregistrée pour la période 1979-2000. Le 26 septembre, pendant la saison durant laquelle elle s'étend, la banquise antarctique a atteint une superficie jamais observée depuis le début des relevés en 1979, avec 19,4 millions de km2. Ce chiffre dépasse le record précédent d'étendue maximum de la banquise établi à 19,36 millions de km2 le 21 septembre 2006.
Phénomènes extrêmes : l'ouragan Sandy a fait plus de 100 victimes et a causé d'importants dégâts aux Caraïbes. Aux États-Unis d'Amérique, les dommages ont été estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars des États‑Unis et 130 personnes ont été tuées dans l'est du pays. Le typhon Bopha, le plus meurtrier de l'année, a touché les Philippines à deux reprises en décembre. Pendant l'année, les États-Unis d'Amérique et le sud-est de l'Europe ont subi une sécheresse extrême alors que l'Afrique de l'Ouest a été touchée par de graves inondations. Les populations d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Asie ont été fortement touchées par des conditions extrêmes de froid et d'enneigement. De fortes inondations se sont produites au Pakistan pour la troisième année consécutive.
Le changement climatique accentue la variabilité naturelle du climat et devient une source d'incertitude pour les secteurs économiques sensibles au climat, comme l'agriculture et l'énergie. "Il est essentiel que nous continuions à investir dans l'observation et la recherche afin d'approfondir nos connaissances sur la variabilité et le changement climatiques" a indiqué M.Jarraud.
"Nous devons comprendre quelle proportion de la chaleur capturée par les gaz à effet de serre est stockée dans les océans et quelles en sont les conséquences sur leur acidification et d'autres phénomènes. Nous devons parfaire nos connaissances sur les effets de refroidissement temporaires provoqués par la pollution et les aérosols présents dans l'atmosphère. Il nous faut également approfondir nos connaissances sur le comportement changeant des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dus au réchauffement climatique, ainsi que sur la nécessité d'aider les pays situés dans les zones les plus touchées à mieux gérer les risques liés au climat grâce à l'amélioration du système d'alerte précoce et de la veille climatique" a-t-il fait remarquer.
Stella Giani