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Interview Lescop

Par Bathart

lescopAvec bon nombre de ses compatriotes français (Aline, La Femme, Granville…), Lescop a donné un bon coup de pied dans la fourmilière du rock français. Des textes de qualité, une musique à forte inspiration 80′s, en font forcément un candidat de choix pour l’export de la France. Il sort une version de son album au Royaume-Uni le 3 juin prochain, sur le même label franco-anglais Pop Noire (John et Jehn, Savages…). Simon lui a posé quelques questions lors du dernier Printemps de Bourges.

Mathieu, tu es né à Châteauroux, ça fait un peu de toi le local de l’étape. Tu as déjà joué dans le Berry ?

Oui j’ai joué à Châteauroux d’ailleurs, l’année dernière au 9Cube, dans le cadre d’un concert organisé par Radio Balistiq.

Tu arpentes pas mal de scènes depuis la sortie de ton album, ça représente quoi pour toi tout cet engouement qui t’entoure ?

Il y a un côté grisant, agréable. Tu répètes souvent les mêmes choses mais je pense qu’il ne faut pas se plaindre de ça, parce que ça veut dire que tout se passent bien, il faut en profiter.

Qu’est ce qui t’a amené d’Asyl, ton premier projet musical à Lescop ?

C’est à dire qu’Asyl c’était vraiment une équipe, avec un côté forteresse. C’est quelque chose qui te protège des agressions extérieures, mais ça t’enferme aussi un petit peu. Et puis chacun a voulu s’échapper de cet enclos et bosser sur d’autres projets. Donc moi, ça s’est passé comme ça et j’ai la chance que ça ait tout de suite fonctionné, donc j’en profite.

Lescop album
Ça t’a permis d’acquérir plus de libertés ?

Une autre liberté plutôt. J’étais libre dans Asyl, mais ce n’était pas la même liberté. Suivant les personnes avec qui tu es, tu ne joues pas forcément de la même façon.

Les villes présentes sur ton premier album (Ljubjana, Los Angeles, Tokyo…), ce sont des villes qui t’inspirent de par l’architecture ? Tu voyages ou c’est le fruit de ton imagination ?

C’est mon imaginaire qui travaille clairement. J’essaie de faire des chansons avec tout ce qui me passe dans la tête. Parfois ça ne marche pas, mais quand ça fonctionne il faut en profiter. C’est ce que j’ai fais avec cet album.

Dans la conception de tes chansons, dans ton écriture, on a toujours l’impression de voguer, naviguer entre rêve et réalité. Elle se situe où ta frontière ? Qu’est ce que tu aimerais que les gens perçoivent ?

J’essaie de donner un peu de mon imaginaire, de ce que j’ai dans la tête à des gens, et c’est à eux d’en faire un peu ce qu’ils veulent. Une oeuvre échappe toujours à son artiste, c’est comme les tableaux. Parfois ça me gonfle un peu, de toujours vouloir tout expliquer. Si tu as un ressenti différent, pour certains tu te trompes. On a tous le droit de percevoir des choses différentes. C’est comme si on te disait que tu as tort de ressentir un truc qui n’est pas le truc qu’il faut ressentir. À partir du moment où c’est positif, si les gens sont touchés par une chanson, ils peuvent se raconter l’histoire qu’ils veulent dessus.

Justement le fait qu’on essaye de t’enfermer dans certains cadres, de te comparer avec certains grands chanteurs, t’en penses quoi ?

Je pense qu’on en parle trop surtout.

Quels sont les gens qui t’inspirent pour écrire, dans la musique, le cinéma, la littérature ?

Dans la scène française, c’était beaucoup Daniel Darc. Serge Gainsbourg également, que j’ai beaucoup écouté. Jacques Brel, Edith Piaf. Les monstres sacrés de la chanson française. Yves Simon aussi.
C’est ce monde qui m’inspire mais avec une approche anglo saxonne. Avec des textes plus courts, plus concis, plus rapides. Des choses plus crus. Je viens du punk, j’ai écris du punk, j’ai chanté du punk, j’ai écouté du punk quand j’étais adolescent et ensuite jusqu’à 27-28 ans. Il arrive un moment où il faut changer mais ça restera toujours cette méthode là. Cette méthode qui dit "je sais pas écrire, mais je vais quand même écrire", c’est un truc qui me plait. Y’a un côté que je trouve souvent un peu pompeux dans la poésie, dans la chanson française, ce côté formaté qui consiste à demander, comment quelqu’un peut s’autoriser quelque chose dans la musique alors qu’il n’a pas fait le conservatoire. Justement c’est parce que je ne l’ai pas fait que je vais me l’autoriser, et c’est pour ça que je vais tous vous niquer.

C’est ce qui se retrouve dans l’esprit anglais.
Oui voilà c’est ce côté, où souvent les outsiders sont les meilleurs que les tenants du titre.

C’est en ce sens que tu sors ton album en Angleterre ?
Tout à fait, il sort au mois de juin, avec un concert au Lexington. C’est le même album que celui qui est sorti en France. Je veux essayer d’être quelque part entre l’ile de Ré et Jeanne d’Arc, mais en version pop.

Propos recueillis par Simon Pereira



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