Prodigieux Guillaume Gallienne...

Publié le 08 mai 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Figure incontournable de la Maison de Molière, Guillaume Gallienne fait partie des grands, des très grands comédiens français. Au Vieux-Colombier, Volodia Serre adapte et monte "Oblomov", du romancier Alexandrovitch Gontcharov, offrant au sociétaire un rôle tchekhovien sublime mais écrasant. Pendant plus de trois heures (le spectacle un peu long n'aurait rien perdu à durer trente minutes de moins), l'acteur relève pourtant le défi haut la main et nous embarque avec une virtuosité subjuguante dans la crise existentielle de ce héros de la littérature russe du XIXème, injustement méconnu des lecteurs hexagonaux. Superbe.

Riche propriétaire terrien, Oblomov passe ses journées couché, plongé dans une inertie maladive, incapable de faire quoi que ce soit, hanté par le souvenir d'une enfance heureuse dont il tente en vain de retrouver la paix intérieure. Tandis qu'il apprend que ses rentes vont baisser considérablement, qu'il est contraint de quitter son appartement de Saint Pétersbourg, son ami Stolz espère l'extraire de sa lethargie en le poussant à reprendre ses affaires en main, à fréquenter le monde,  et en lui présentant Olga. Mais à quoi bon tomber amoureux si c'est pour souffrir ? A quoi rime la vie si celle-ci se voit régie par le travail et des rapports humains forcés ou superficiels ?

L'ouvrage de Volodia Serre se révèle remarquable. La pièce qu'il a tirée du roman est une fort belle partition, dramaturgiquement fluide, évidente, poétique, et nous interroge avec finesse et pertinence sur le sens de nos existences.  Sa mise en scène onirique à souhait, visuellement des plus abouties séduit et convainc. La scénographie pleine de surprises aide à nous transporter  dans l'inconscient d'Oblomov. Les murs s'écartent ou deviennent soudainement transparents, permettant l'apparition de personnages, le plafond s'envole, l'envers du décor devient lui-même décor... Evoquons encore les réalisations vidéos sophistiquées et impeccablement intégrées reflétant les songes d'Oblomov. La direction d'acteurs n'est pas en reste.

Nous l'indiquions en introduction, l'immense Guillaume Gallienne donne donc toute sa dimension au personnage. A la fois odieux,  drôle, tourmenté, torturé, enfantin, profondément humain, l'acteur à fleur de peau émeut, bouleverse. Autour de lui, Yves Gasc campe un domestique bougon soumis, résigné, cocasse et savoureux. Marie-Sophie Ferdane est une amoureuse intense, rayonnante, poignante. Céline Samie et Nicolas Lormeau complètent joliment une distribution au sein de laquelle seul Sébastien Pouderoux (Stolz) nous a semblé délivrer un jeu moins assuré et moins subtil. 

Allez-y !

Jusqu'au 9 juin.

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Photos : Brigitte Enguérand / Collection Comédie Française