Retrouver sa nature de cheveux crépus est une évidence pour de nombreux hommes et femmes qui ont compris que l’adhésion au mouvement nappy s’accompagne aussi d’un plongeon dans l’acceptance de nos racines. Pourtant c’est paradoxalement en Afrique que ce mouvement a le plus de mal à voir le jour.
Vieille publicité américaine pour des produits défrisants.
L’Afrique et les africains dont nous descendons tous aiment à mettre en avant leurs valeurs ancestrales et leurs bonnes moeurs. Pourquoi la question du cheveu n’est-elle pas mise sur le tapis régulièrement ? Est-ce donc normal de mettre du crin sur notre tête ou des cheveux empruntés à des éventuels cadavres ? Ne voyez-vous pas la différence entre quelques rastas qui viendront égayer notre tête de temps en temps et un postiche ‘Je-cache-tout-car-c’est-moche’ ?
Plus que l’homosexualité, la corruption et d’autres points qui titillent mais que nous n’avons pas forcément sous les yeux en permanence, voici un cheveu que nous voyons continuellement, un cheveu qui se trouve sur la tête de toutes nos soeurs rencontrées dans le bus, dans la rue et de manière générale quotidiennement. Ne serait-il donc pas temps de dire les choses vraies et de les dire rapidement ? La laine s’est transformée en mèches plastique qui à leur tour sont devenues des mèches brésiliennes, indiennes, puis des lace wig. Demain verrons-nous les femmes noires subir des opérations de chirurgie pour se faire greffer définitivement le scalp qu’elles auront acheté à d’autres ?
C’est le défrisage qui est aussi en cause parceque nous savons aujourd’hui qu’il est la source de nombreux cancers et des femmes meurent chaque jour de l’abus de ces produits néfastes. Il est plus particulièrement combattu à cause des problèmes de santé qu’il engrenge.
L’Afrique qui a encore peur d’aborder des problèmes terre à terre tel que celui du port des perruques, perruques portées par les mamans du continent ?
On est en droit de se poser plusieurs questions. Est-il réaliste aujourd’hui de dire ‘Je suis noir et fier’ lorsque l’on cache ses cheveux crépus sous des rangées de mèches tout au long de sa vie additionné à l’éclaircissement de sa peau ? Aussi l’Afrique si forte est-elle faible quant à la question de la beauté de ses femmes ?
Bien heureusement des initiatives isolées telles que celles de Nyemb, du blog ‘Les bidouilles d’une nappy’, permettent de faire évoluer un peu les consciences en matière de cheveux. Nyemb a organisé le 4 mai dernier la première rencontre nappy du Cameroun.
La jeune femme recevait environ 200 jeunes filles camerounaises avides d’en apprendre plus sur le soin de leurs cheveux. Entre présentation du mouvement, vente de produits adaptés, exemples de coiffures sur cheveux naturels, le rendez-vous a rencontré un franc succès pour une première. Mais ce type d’initiative attire-t-il uniquement les convaincues ou parvient-il à faire changer d’avis les plus réfractaires ?
La question est posée et si vous avez une réponse n’hésitez pas à la formuler au bas de cet article. Je salue par la même occasion quelques nappy africaines qui donnent du souffle au mouvement sur le continent et ailleurs :
- la sud africaine Wisaal qui tient le blog Wiscellaneous
- l’ivoirienne Cady Kane qui tient le blog Babillages
- la gabonaise qui tient la page Facebook Afromangocie
Pour finir sur une touche mesurée sachez qu’il ne s’agit pas comme certains le prétendent de mettre en guerre les filles défrisées contre les filles naturelles, il s’agit tout simplement d’ouvrir les yeux à la majorité sur des problèmes sanitaires et sociétaires.