Quels mécanismes dépassant l'entendement seraient en jeu dans les consultations démocratiques ? A voir les résultats des élections territoriales que Gaston Flosse, 81 ans, vieux sénateur autonomiste dont la moralité prend l'eau de toute part, domine largement on peut se poser la question.
Condamné par le tribunal correctionnel de Papeete, à cinq ans de prison ferme pour trafic d'influence et corruption, décision dont il a fait appel. Condamné par la cour d'appel de Papeete, à quatre ans de prison avec sursis et trois ans d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêts et détournement de fonds publics. Condamnation pour laquelle il s'est pourvu en cassation. Aucuns de ces déboires judiciaires n'entament la confiance d'une majorité des électeurs.
Lire l'article du Monde sur le retour de Gaston Flosse en politique.
Et que dire de Silvio Berlusconi, déclaré mort en politique qui vient de résusciter, plus populiste que jamais. Fraude fiscale, accusations d'incitation à la prostitution de mineure, affaire baptisée "Rubygate", ne suffisent pas à dissuader définitivement les électeurs de le choisir pour les représenter dans les afaires politiques.
Ce paradoxe qui intervient dans le système électoral et institutionnel a été pensé par divers chercheurs et quelques réponses sont apportées dans l'article "L'électeur irrationnel, ou la République de l'économiste-roi" paru en 2007 dans La vie des idées. Ce long article est consacré à l'ouvrage "The myth of the rational voter : Why democracies choose bad policies" dans lequel l'auteur Bryan Caplan fait le pari, après avoir argumenté sur ce sujet de manière pertinente, d'une "logique de cette irrationalité" : " les électeurs ont des préférences sur les croyances comme les consommateurs en ont sur les biens. Les erreurs de croyance ont un coût. « L’irrationalité rationnelle » implique que les électeurs vont essayer d’éviter la vérité car la vérité est coûteuse. En d’autres termes, au moment du vote, on met la rationalité et la vérité en « mode pause » quand il s’agit des valeurs."
Pour Gaston Flosse et Silvio Berlusconi ce n'est plus en mode pause dans lequel se met l'électeur c'est carrément un arrêt du système !