Le madangnori : quelques jeux traditionnels de Corée.

Publié le 03 mai 2013 par Rbruderm

Madangnori 마당놀이 sont les jeux que l’on peut faire au madang. Le mot coréen madang 마당 signifie la cour de ferme, ou une grande place sur un marché. Les Coréens faisaient surtout ces jeux dans les cours de fermes, donc on a nommé naturellement ces jeux madangnori.

Le madangnori a vu le jour dans la société agricole. En Corée, lorsque la saison des travaux agricoles arrivait, on s’entraidait pour travailler plus facilement et plus efficacement. Ainsi, les Coréens ont créé des jeux de compétition et coopération afin de stimuler l’émulation et la cohésion dans le groupe. Et, en mada​ngnori, il y a aussi une sorte de spectacle que l’on fait en portant un masque. Ce spectacle distrayait les gens qui étaient épuisés par les travaux agricoles.

Nous vous présentons quatre de ces attractions: le ssireum 씨름 (un jeu masculin), le ganggangsulae 강강술래 (un jeu féminin), le juldarigi 줄다리기 (un jeu de coopération) et le talchoum 탈춤 (un spectacle satirique).

Le ssireum, 씨름

Le ssireum 씨름 est un sport coréen traditionnel. Il est un des jeux qui a subsisté parmi des attractions rituelles de la société agricole. A la fête de Dano 단오 (le 5° jour du 5° mois du calendrier lunaire), les hommes y jouaient pour montrer leur force physique avec fierté. Le ssireum se pratique dans un large cercle ouvert dans du sable ou de l’herbe.

Les deux adversaires portent un satba 샅바 qui entoure et ceinture la taille et la cuisse. Les couleurs des satba sont rouge et bleue. Et chacun saisit le satba de son adversaire pour le faire tomber dans le sable.

l'image de satba

Le match se déroule ainsi : d’abord, les deux adversaires s’agenouillent face à face. Ils saisissent le satba de l’autre et se tiennent épaule contre épaule. Lorsqu’ils sont prêts, au signal du juge, ils se lèvent en tenant le satba de l’opposant et le match commence. Le match se termine lorsque l’un des deux adversaires touche le sable avec toute partie du corps au-dessus du genou.

Par le passé, le vainqueur du tournoi recevait pour récompenser un taureau. Cette coutume montre que la plupart les gens qui participaient au ssireum étaient des agriculteurs.

Les joueurs rivalisent avec force et technique, alors ce sport demande trois conditions ; de l'énergie, de la technique et un esprit combatif. Ainsi, il développe harmonieusement le corps, la force, le jugement, la patience et la sociabilité.

Le ganggangsulae, 강강술래

Le ganggangsulae 강강술래 est le huitième bien culturel vivant coréen. C’est une cérémonie collective de danse et de chant exécutée par des femmes, pour remercier le ciel de l'abondance des récoltes. En général, on fait cette cérémonie au clair de lune avant ou après Chuseok 추석, dans les régions côtières de la province du Jeolla du Sud.

L’origine du ganggangsulae n’est pas certaine. Il y a deux versions.

D’abord, au moment de l’invasion de la Corée par le Japon en 1592, un général coréen Yi Sunsin 이순신, aurait utilisé une tactique pour impressionner l’ennemi en lui montrant un nombre important de soldats. Des femmes coréennes auraient mis des vêtements d’hommes, et elles auraient dansé en tournant en cercle sur la montagne. L’autre version est que le ganggangsulae proviendrait simplement d’une coutume. Il y avait une fête au jour le plus lumineux de l’année, à cette occasion les gens chantaient et dansaient. La seconde hypothèse est plus probable.

Quand la lune ronde commence à émerger dans le ciel de l’Est, des femmes se donnent la main en formant un cercle et tournent. Une femme qui chante bien dirige le chant, et les autres femmes l'imitent. Le ganggangsulae est dynamique parce que les gens chantent et dansent sans arrêt du début à la fin. Au début, la chanson est lente, puis devient de plus en plus rapide. La danse devient elle aussi de plus en plus rapide. La plus belle partie de la chanson est la partie lente parce qu’elle laisse paraître l’élégance des femmes. Le ganggangsulae est une cérémonie traditionnelle qui exprime une belle émotion coréenne et le caractère généreux des femmes.

Le tir à la corde, juldarigi 줄다리기

Le juldarigi 줄다리기 est un jeu à plusieurs où les participants sont divisés en deux équipes qui doivent rivaliser de force en tirant la corde à eux. Chaque équipe essaye de faire passer la ligne à l’équipe adverse.

C’était une coutume par laquelle les gens pouvaient prédire si les récoltes de l’année seraient fastes ou maigres. Pour le jeu, on a besoin de deux cordes, qui symbolisent l’élément masculin et féminin, et le noeud, qui les rassemble, symbolise l'union des sexes. Les cordes sont fabriquées avec de la paille de riz. Ces cordes assez minces au départ sont nattées entre elles pour en faire une plus grosse/ Ainsi leur diamètre final est au maximum d'1 à 1.5m et leur longueur varie de 50 à 300 mètres.  Cette grosse corde devient plus mince et petite vers les bouts.

Ce jeu se joue à Jeongwol-daiboreom 정월대보름 (le 15 du 1° mois lunaire) ou à Chuseok 추석. Il est à noter que le tir à la corde était un jeu qui se pratiquait aussi  dans les campagnes d’Angleterre et d’Écosse et il était présent aux Jeux Olympiques d’été de 1900 à 1920.

Le talchoum, 탈춤

Le talchoum 탈춤 est une sorte de spectacle satirique de danse masquée de chanson et de bons mots. Il exprime le mécontentement et le ressentiment des basses classes sociales.Dans ces spectacles, toutes les classes sociales sont représentées. Durant la représentation, le personnage du noble se comporte comme un idiot par exemple ; il est sous l'emprise de son valet et il n’est pas intelligent mais il est très fier de lui-même.

A l’origine, il était joué par les bouffons du palais royal. A l’époque de la dynastie Joseon, il y avait un office gouvernemental pour les personnes de talent et les bouffons. Quand le roi organisait une grande fête, ils faisaient des représentations pour divertir la cour. Mais, au milieu de la période Joseon, ce poste a disparu. On présume qu’à ce moment, la pensée confucianiste était devenue prédominante. Alors, les nobles ont décidé de supprimer cet office peu conforme au confucianisme. A la suite de cette évolution, les bouffons se sont faits évincer des palais royaux et ils ont commencé à faire des spectacles pour le peuple afin de survivre. C’est alors que le talchoum tel qu’on le connaît s’est formé.

La dynastie Joseon avait un système de statut social très strict. Pendant toute l’année, le peuple était assujetti sauf pendant quelques jours où le talchoum était autorisé. Le talchoum est devenu alors une satire contre ce système de statut. Les nobles ont dû permettre à ce spectacle d’exister, parce qu’ils avaient peur d’émeutes éventuelles et ils voulaient que le système de statut persiste. Le talchoum était le seul moyen qui permettait au peuple d'exprimer son malaise.

Hahoe-talchoum 하회탈춤 à An-dong

En Corée, ces jours-ci, la société agricole a presque disparu, alors on ne peut plus assister au madangnori aussi souvent qu’avant. On s’inquiète qu’il disparaisse dans le future. Donc, quelques provinces organisent des fêtes pour conserver les jeux traditionnels. Et le gouvernement a classé certains de ces jeux traditionnels comme patrimoine culturel.