Jean-Marc Ayrault est descendu à Foix, en Ariège, pour présider le Conseil national de la montagne. Les journalistes de la Dépêche Jean-Pierre Bédéï et Emmanuel Droillard lui ont posé la question de l’ours :
« L'ours est un sujet de discorde dans le massif pyrénéen. Va-t-il y avoir de nouvelles réintroductions dans les prochaines années, seule solution pour faire perdurer l'espèce ? »
Jean-Marc Ayrault : « Il n'est pas prévu de réintroduction d'ours dans l'immédiat. Nous sommes dans un moment de réflexion collective pour l'avenir. Le plan Ours constitue l'un des volets de la stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité et c'est dans ce cadre qu'il sera discuté. Son élaboration doit commencer en 2013 pour s'achever au premier semestre 2014. Parallèlement, une étude scientifique sur la conservation de l'ours et son rôle dans l'écosystème pyrénéen va être commandée au muséum national d'histoire naturelle. »
Réaction de Christian Bacqué
Ainsi de suite , jusqu'à ce que mort s'en suive au fil du temps gagné ou perdu, c'est selon. Bref le genre d'études et de commissions que l'on crée lorsqu'on veut gagner du temps pour enterrer un projet.
L'ours ne survit qu'entre mémoire et oubli, entre muséum et politique ministérielle ! Rien de nouveau puisque ça fait trente ans que ça dure et que c'est décrit dans les livres ! Tout ça n'est que de la grosse ficelle pour emballer du mépris des uns tous les espoirs déçus des autres ...
" En dépit de toutes les expertises, de l'accumulation d'études spécialisées à ce jour, aucune décision claire n'a été prise, aucune politique de la protection de l'ours n'a vraiment été mise en œuvre. " (Dendaletche/1993).
Vingt ans après, 2013, répétition de la même histoire ! Honteux et scandaleux ! Ces études ne seront en vérité que de nouvelles épitaphes sur la tombe du plantigrade. Parce qu'en définitive l'étude demandée par le gouvernement n'est rien d'autre que cette éternelle question posée : à quoi sert l'ours dans les Pyrénées ? Nous en sommes toujours là ! De façon indigne et répétitive car, depuis trente ans, toutes les autres études possibles ont été faites et refaites et sont amplement connues de tous ceux qui veulent bien s'en donner la peine.
" Ce que personne ne dit avec force, c'est que depuis dix ans, (trente ans à ce jour), on sait assez de choses pour démarrer une vraie conservation de l'ours et de ses habitats . Les rapports se sont accumulés, les articles scientifiques aussi " sans compter " l'expérience accumulée pendant dix ans, (trente aujourd'hui), par des hommes de terrain : gardes du parc national, gardes de la Fédération des chasseurs , naturalistes bénévoles, scientifiques professionnels ... " (Dendaletche 1993)
Vingt ans après et après “la sécheresse en Béarn”, on rajoutera donc en haut de cette pile conséquente cette nouvelle étude qui sans doute ne sera pas la dernière et n'aura de toute manière que l'utilité que lui donnera le Gouvernement.
Une bonne nouvelle quand même, Me Duflot qui était du voyage aurait prononcé le mot : " Nature " !... Incroyable , non ? Je lui réponds par cette citation qu'elle devrait méditer au-delà de toute ambition :
" L'échec le plus grand est pourtant celui des politiques qui n'ont pas réussi à intégrer autrement que dans des discours lénifiants les problèmes d'environnement et ceux liés au patrimoine naturel . C'est peut-être en partie parce que l'écologie politique n'a jamais pu élaborer une doctrine sérieuse, concrète, enseignable. On peut d'ailleurs se demander si l'écologie n'est pas quelque chose de beaucoup trop essentiel pour accepter - même dans une phase d'affirmation historique - de jouer le jeu peu clair de la politique . Le temps de l'écologie est à construire, celui de la politique est dépassé . " (Dendaletche/ La cause de l'ours 1993)
Christian Bacqué
Et revoilà la nouvelle étude scientifique sur la conservation de l'ours et son rôle dans l'écosystème pyrénéen. Déjà en février, le gouvernement cherchait à gagner du temps : “D’autre part, le ministère reconnait que des questions restent posées, parmi lesquelles la question génétique (le même ours slovène est en effet le père, voire le grand-père, de la plupart, si ce n'est de tous les oursons nés dans le massif depuis son arrivée) et il a commandé des études pour déterminer le nombre d’ours qu’il faudrait introduire pour obtenir une population viable à long terme.”
Le sujet figurera dans « une stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité » qui devrait être publiée avant la fin 2013 écrivait Ariègenews.”
Lire
- Une liste (incomplète) des études sur l'ours
- L'ours dans la SPVB