L’accaparement des terres désigne la transmission de terres arables à grande échelle entre un État et un investisseur local ou étranger.
Si le phénomène n’est pas nouveau, il a été accentué depuis 2008 avec la crise économique et la flambée des prix alimentaires au point d’atteindre des proportions jamais vues.
45 millions d’hectares auraient été «achetés» en Afrique subsaharienne depuis entre 2007 (dont les deux-tiers pour les agrocarburants). Au Bénin par exemple, 10% des terres arables sont aujour'hui sous contrôle d’intérêts étrangers.
Initialement, le rachat des terres est présenté sous le masque du contrat «gagnant-gagnant» et les pays hôtes se sont laissés séduire par les promesses de développement économique, notamment en termes de créations d’emplois et d’infrastructures. Aujourd’hui, ces acquisitions sont surtout synonymes de problèmes sociaux et écologiques.
Les investisseurs internationaux de l’agrobusiness, en quête de profit, vont à contre-courant des objectifs de souveraineté alimentaire privilégiant la survie des populations rurales locales. En effet, ces grandes exploitations, qu’elles soient dédiées à la production agricole ou d’agrocarburant, entrent en concurrence directe avec les cultures vivrières, les terres cultivables étant destinées à l’exportation et non à la consommation locale. De plus, ces projets d’agriculture industrielle de grande envergure s’avèrent particulièrement gourmands en eau et ponctionnent donc les ressources des pays cibles.
Les investisseurs étrangers se reposent sur l’idée que les ressources d’eau en Afrique sont abondantes et très sous-utilisées. En fait, un Africain sur trois souffre de pénurie d’eau et le changement climatique va encore aggraver les choses.
L’accaparement de terres situées dans les zones arides, où l’on puise de l’eau des grands fleuves, prive des millions de personnes. Ainsi soustraite des cycles naturels, cette ponction risque à terme d’épuiser les ressources en eau douce. Ajoutons que l’usage intensif des produits agrochimiques détériore la qualité des eaux de ruissellement et souterraines. Ainsi, la vente des terres africaines appauvrit le continent à la source.
Source : www.grain.org
Par C.Nivoix, Elevages sans frontières.