Glencore-EXtrata, le groupe-pieuvre mondial du négoce des matières premières

Par Plumesolidaire

Tandis que nos yeux sont sans cesse attirés par la lumière des affaires de fraudes fiscales franco françaises, en d'autres lieux s'organise la domination mondiale de secteurs économiques planétaires. 

Dont chacun de nous paiera le prix, en en comprenant les ressorts bien plus tard, lorsque les effets s'en feront sentir sur notre pouvoir d'achat.

C'est le cas des matières premières.

Plume Solidaire

France culture

Les idées de claires de Sylvain Khan – 6 mai 2013

Inquiétant gigantisme dans les matières premières

En 2012, au Bourget, François Hollande ciblait ainsi son ‘véritable adversaire’ : ‘sous nos yeux, en vingt ans,  la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies.  Il y a quatre jours, un événement majeur, la fusion entre les entreprises Glencore et EXstrata,  nous rappelle que l’emprise de la finance peut cacher celle des sociétés de négoce de matières premières.

Glencore est le numéro 1 mondial. Il emploie 3.000 personnes dans le négoce et 58.000 dans des activités industrielles localisées dans 33 pays. Il contrôle la moitié du marché mondial du cuivre, 60% de celui du zinc, 38% de celui l’aluminium, et 25% de celui de l’orge et des graines de tournesol et de colza. Avec 70 000 employés dans 20 pays, EXstrata, présent en France par la méga usine de nickel qu’il vient d’ouvrir à Koniambo en Nouvelle Calédonie, est le quatrième exploitant minier du monde.

Depuis 2012, les profits des sociétés de négoces de matières premières dépassent ceux des banques. Très peu coté en bourse, ce secteur est particulièrement opaque; il est aussi très oligopolistique. Bien moins identifiables que les banques, géographiquement spectrales car inlocalisables, les entreprises de négoce en matière première sont partout dans l’économie et nos vies quotidiennes : alimentation, énergie, chauffage, construction, métallurgie, véhicules, outils de communication.

Cette fusion témoigne d’une tendance très inquiétante : l’édification de groupes-pieuvres de matières premières intégrant la totalité de la filière, de l’extraction à la transformation, en passant par le négoce, le stockage, le transport et la spéculation sur les quantités comme sur les prix. La nouvelle entité Glencore- EXstrata maîtrisera à elle seule un tiers du charbon mondial.

Ce n’est pas tout. Alors que leurs profits ont été multipliés par presque 120 en 12 ans, les sociétés de négoces sont championnes pour se soustraire à l’impôt et sont basées en Suisse. La Suisse, avec les sièges de six des quinze premières mondiales, les Pays-Bas, Chypre, Singapour et Shanghai leur offrent un taux d'imposition de 5 à 15 % maximum. Quand celui des banques est d’environ 20 %.

Le bilan social et environnemental de Glencore est qualifié d’infernal par la Radio télévision suisse. Pour agrandir l’immense mine à ciel ouvert de Cerrejon en Colombie, le groupe a rasé des villages et exproprié de force les habitants. En Zambie, sans même parler des salaires et des conditions de travail, l’exploitation de la mine de cuivre de Mulfulira par Glencore est un désastre environnemental et sanitaire.

Bref, l’adversaire mondial de l’an II du quinquennat est tout trouvé.