Les héroïnes de florian mona

Publié le 07 mai 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Je n’écoute vraiment pas beaucoup de musique francophone. Voilà pourquoi j’étais extrêmement réticente à la première écoute de cet album. Mais voilà, j’ai réussi à apprivoiser les mots de Florian Mona ; et le fait que ce soit vraiment différent de ce que j’écoute habituellement me donne envie d’écrire.

« Près d’une eau sans chercheur d’or », j’ai découvert des pépites dans les chansons de Florian Mona

Imaginez un Francis Cabrel qui se serait amusé avec un synthé Juno, ou un Grandaddy qui chuchoterait dans la langue de Molière.
Sans pouvoir mettre le doigt dessus, j’ai reconnu dans cet album une ambiance familière, faite de synthés au son chaud et de boîtes à rythmes minimalistes. Mais bien sûr ! Montgomery. Vous ne connaissez pas ce groupe Rennais ? Il faut tout de suite vous rattraper. Florian a donc travaillé avec un homme de bon goût, Mathieu Languille, membre du groupe Montgomery. Ce qui a pour résultat un album… de goût.

À première vue, on s’attend à une chansonnette franco-française, avec tous ces mecs qui prennent leur « vrai nom » pour leur projet musical parce qu’ils ont un peu la flemme et qu’ils ont juste leur guitare acoustique pour les accompagner. Que nenni, on se prend une bonne paires de claques à coup  de guitares électriques et de rythmiques qui cavalent. Les riffs de synthés ne manquent pas et restent en tête des jours durant, avec leur simplicité parfois amusante. On imagine facilement l’auteur s’amouracher d’un Bontempi ou d’un casio multicolore. Les textes, quant à eux, ne sont pas toujours légers.
Florian fait partie de ces gens qui écrivent des textes pour produire des images inédites dans nos têtes. C’est un poète qui sait chanter. Et ses poèmes regorgent de métaphores sombres, de lieux mystérieux, de femmes d’un autre siècle. Dans « Les Héroïnes », l’équilibre précieux entre la force des textes et la créativité des arrangements est là. C’est très fort. Le résultat, c’est que l’on arrive à apprécier la musique tout en se prenant 100% du texte dans la gueule.

« Le large » et son clip très Gondriesque.

Des histoires de croqueuses de diamants

Avec ce titre d’album « Les Héroïnes », le décor est planté. Il nous parle des femmes en demi-teinte : ses petites amoureuses, des héroïnes fascinantes, les femmes qui nourrissent ses chimères, et qui le blessent aussi parfois. Une partie de moi aime ce côté « album-concept » avec une ligne directrice très forte. Mais je me sens beaucoup plus touchée par les textes abstraits comme « Je te Laisse avec La Nuit », « Shaolin », ou « Le Large » qui donnent envie d’évasion. Avec ces paroles qui ne pointent pas du doigt un personnage précis, l’imagination a plus de place. Et là, l’auteur arrive à faire quelque chose de grand : écrire un texte extrêmement personnel qui peut avoir mille interprétations de la part du public.

Je suis contente de pouvoir dire autant de bien d’un disque francophone. Ça change de mes habituelles conneries indie-pop outre manche. Cependant, quand j’entends un tel niveau coolitude avec « Je te laisse avec la nuit », j’aurais envie que tout l’album soit du même niveau. C’est donc le moment où je fais ma maline pour critiquer un peu.
J’ai eu du mal à m’habituer à ce parler-chanter. Maintenant j’ai passé le cap, je m’y suis attachée. Par contre, les balades susurrées à la Da Silva, c’est un peu trop pour moi. Je vire donc « Malory » et « Beauté Sixties » de ma playlist.
Autre ombre au tableau : « Petite Conne ». Pourquoi un tel titre ? Pourquoi tant de haine ? Suis-je la seule à penser à Roméo Praly et son tube affligeant ? Je sais qu’en ce moment on aime bien faire dans le cru adolescent (Fauve, vous avez dit?) mais là ça ne passe vraiment pas. Ce qui m’énerve d’autant plus, c’est que je trouve le reste de la chanson hyper classe, les sons, les choeurs à la Pains Of Being Pure At Heart, le débit de voix sur les couplets, le texte un peu décalé. Tout, absolument tout me plait, sauf cette ligne : le titre de la chanson, le leitmotiv quoi, bordel. « Petite espionne », c’est parfait, subtil et mystérieux. J’aurais vraiment préféré que ça rime avec « championne » ou « mignonne ». Enfin, heureusement, il y a Renaud pour tous nous mettre d’accord.

Florian, ne t’inquiète pas, je suis accro à ton disque. J’espère prendre ma claque en live. Merci.