Une étude récente a mis en évidence l’opportunité que représentent les réseaux sociaux pour analyser l’impact des comportements sociaux, notamment concernant des problématiques de santé publique.
Cela fait plusieurs années que les chercheurs tentent d’expliquer et de trouver des origines autres que génétiques à l’obésité. L’environnement social est globalement considéré comme étant un des facteurs déterminants: par exemple, les familles peu aisées sont souvent davantage sujettes à l’obésité car la nourriture la moins chère est souvent la plus grasse ou la plus sucrée - une corrélation néanmoins questionnée. Cependant, ces études sont limitées, car peu de données pertinentes sont finalement disponibles sur l’activité physique des gens et leurs habitudes alimentaires. Un lieu, bien que peu conventionnel pour les études liées à la santé publique, constitue néanmoins un puits de données colossal : Facebook. Le Center for Disease Control and Prevention Behavioral Risk Factor Surveillance et NYC EpiQuery systems ont ainsi utilisé Facebook pour étudier la relation entre les centres d’intérêts des utilisateurs de Facebook, et leur poids.*
Étudier une population par le biais des réseaux sociaux
C’est l’une des premières fois que des données sont extraites des réseaux sociaux et en particulier de Facebook, pour étudier la santé d’une population donnée. Récemment, une autre étude en ligne, traitant de l’influence des messages envoyés sur le vote, et effectuée par le biais des réseaux sociaux auprès de 61 millions de personnes, mettait déjà en lumière leur potentiel pour ce type d’étude. En effet, les réseaux sociaux offrent une nouvelle forme de données exploitables, et Facebook en est l’un des outils les plus utiles car les individus y inscrivent volontiers des informations sur leur milieu, leur origine ou leurs centres d’intérêt. D’autre part, l’importance de ce réseau en terme de nombre d’utilisateurs est également un argument important : aux Etats-Unis, la moitié de la population est active sur Facebook, un huitième au niveau mondial. Cette étude a en particulier analysé les centres d’intérêt des utilisateurs de Facebook, les catégorisant en fonction de s’ils “Like” des activités sédentaires ou non. L’étude montre un lien clair aux Etats-Unis entre les centres d’intérêt des utilisateurs de Facebook et la répartition de l’obésité. Les zones géographiques du territoire américain qui enregistrent un plus grand nombre de “Like” relatifs à des hobbies actifs, et un nombre moins important aimant la télévision ont tendance à développer moins d’obésité.
Pour récolter des informations de santé publique
L’importante croissance de l’obésité au niveau mondial suggère que l’environnement social d’un individu en dit long sur sa santé. De nombreuses études ont précédemment étudié la relation entre le surpoids des gens et leur environnement direct. Par exemple, dans les lieux où la possibilité de marcher est réduite, on a observé des taux d’obésité plus importants. Au-delà de l’environnement direct lui-même, cette étude démontre que l’environnement social des personnes est également lié à l’obésité. En effet, de nombreuses variables parmi lesquelles des intérêts communs (actifs ou sédentaires) permettent d’évaluer plus facilement les populations à risque. Jusqu’à présent, les données relatives à l’environnement social de ces populations étaient coûteuses, longues à récolter et difficiles à effectuer sur une large population. L’utilisation des réseaux sociaux pour effectuer ce type d’étude s’avère donc particulièrement opportune. D’autres recherches seraient maintenant nécessaires pour comprendre comment l’environnement social en ligne est lié aux problématiques de santé publique et comment cela peut-il être utilisé pour identifier et cibler des interventions à ce niveau.
* ‘Assessing the Online Social Environment for Surveillance of Obesity Prevalence’ by Rumi Chunara, Lindsay Bouton, John W. Ayers and John S. Brownstein