Inaugurons une nouvelle catégorie d’article : les « Impressions ». Que faut-il entendre sous ce terme ? Il s’agira de voir de façon synthétique les premiers ressentis sur un thème donné … Essentiellement vidéoludique. Etant donné que sur le Blog La Maison Musée nous souhaitons respecter les joueurs, l’affirmation d’un « véritable » test parait prétentieuse dans le sens où l’expérience de jeu est loin d’être le reflet exact d’une partie complète. C’est pourquoi, dans notre ligne éditoriale, « Impressions » apparaissait plus judicieux. Et plus artistique en même temps de frapper du côté esthétique !
Partons sur quelques impressions du dernier sorti sur la PlayStation Portable : le bien nommé Soul Sacrifice.
Soul Sacrifice : « Ton Univers impitoyableeeeeeeee … » (Tam da dam)
Prochaine victime humaine du terrible sorcier Magusar, vous voilà entreposé dans une cage en attendant le « Jugement dernier ». A ce titre, le jeu PS Vita commence fort et est suffisamment explicite : un homme est sacrifié sous vos yeux de joueur sensible … Vous êtes normalement et naturellement le prochain. Elément perturbateur d’un homme-sorcier dans une position subversive : la rébellion envers son bourreau. Quelques secondes mettent fin à sa vie et rallongent votre vie … Pour combien de temps encore ?
Aux premières impressions, les premiers reproches à un tel titre : en créant une licence neuve dans un univers marginal, une dimension gore voire horrifique s’en dégage. Le malsain, le sang, la mort non dissimulée et sa souffrance : rien ne ménage l’âme sensible. Cette ambiance heurtera sans doute les plus sensibles et, à n’en pas douter, consister un véritable butoir qualitatif au jeu. Il ne faut pas se le cacher : cet incipit est à l’image du jeu et, malheureusement, expliquera en partie une réussite qui, peut-être, ne sera pas absolue pour cette nouvelle franchise prometteuse dans ses principes.
« Nouvelle maison pour une nouvelle vie«
Une cage d’os, un peu de lecture grâce à un livre magique, quelques compagnons défunts et même quelques insectes. Votre dernière demeure est aussi l’espace dans lequel votre avatar évolue. Librom, appellation du joyeux farceur qu’est ce livre magique, vous révélera les multiples facettes de l’univers de Soul Sacrifice. Rassurez-vous, votre personnage ne va pas évoluer dans cette cage : il va, en quelque sorte « se cultiver » grâce à Librom.
Voyager grâce à la littérature est désormais possible dans Soul Sacrifice ! Peut-être que la communication autour de cette exclusivité Sony aurait pu être plus axée sur cette dimension du jeu : c’est à la lecture de cette oeuvre essentielle que votre personnage va progresser. En tant que livre interactif, il est une »Bible » à lui seul pour la bonne raison qu’il connait bien Magusar : il fut, en un temps passé et révolution, son « journal intime ». Techniques, personnages rencontrés, missions effectuées, histoire et mythe, bestiaire complet … La lecture de Librom est non seulement intéressante, mais elle à la fois au sens propre comme figuré un « moyen » de s’échapper de cette prison.
« L’Invitation au voyage »
En tant que joueurs néophytes, on sera impressionné des capacités de l’ouvrages. Son pouvoir magique est un témoignage d’une vie passée : celle de son précèdent possesseur. Parcourir ses pages est un plaisir non négligeable : bien illustré et même animé par des scènes discrètes mais toutefois soignées; il est fréquent que l’on se surprenne à s’arrêter 5 minutes à comprendre un peu plus l’univers complexe de Soul Sacrifice.
Quatre grands chapitres permettent de parcourir l’ensemble des possibilités de Librom.
* Les Annales des fous prennent l’apparence des missions du jeu. Elles seront l’occasion de se forger une identité en gagnant des niveaux.
* Le Portrait permet de prendre soin de votre image : apparence, usage des Sacrifices c’est-à-dire des pouvoirs magiques disponibles, compagnons/alliés artificiels …
* Le Savoir est l’une des parties les plus impressionnantes et sous-estimées du jeu. Des lignes de lecture entièrement traduites en Français sont proposées au joueur pour comprendre un univers dans lequel certains détails sont primordiaux.
* Le Postface ou la fin de l’ouvrage est une illustration de votre bourreau … Et toute la décadence de son histoire à découvrir au fil des missions.
Les missions ne vous permettront à la fois de récupérer de nouveaux sorts en accomplissant des « Contrats d’Avalon », qui est une société centrée sur l’organisation de magiciens, mais surtout de récupérer la mémoire oubliée des pages de Librom. La capacité narrative du jeu est impressionnante, réellement. En tout cas, le scénario n’est pas accessoire et apparait comme une toile de fond essentielle au choix cornélien qui s’impose au joueur lors de ses missions : Sacrifier ou Epargner les montres inspirés d’un Art simultanément décadent et horrifique ?
Les Fleurs du Mal
L’univers poisseux transparait dans la plupart des niveaux qui servent de décors pour ces monstres à combattre. Indiscutablement tout sauf esthétiques, vos ennemis doivent faire l’objet d’un choix. Alors que les sauver vous permettra de compléter une jauge bleue de vie, défense et récupération de santé; elle confirmera un statut plutôt défensif de votre caractère. Sacrifier les ennemis bestiaux augmentera l’aspect offensif : force et puissance magique. Seulement attention : 100 niveaux doivent être répartis dans le jeu. Cela suppose donc de faire un choix sur le long terme : privilégier un personnage à la vie importante et à l’attaque plus faible donnera une puissance « Divine » à votre personnage. A l’inverse, votre personnage aura une apparence « Occulte ».
Ces choix de parcours dignes d’un RPG se répercutent sur l’apparence de votre Sorcier. Pour le moment, au niveau 26, il ne se répercute uniquement sur le bras. Ici, l’apparence « Occulte » d’un bras pour la bonne raison d’une supériorité offensive sur le défensif. Il est également possible de faire un personnage neutre, tel le parti centriste en politique. Toujours est-il que quelque soit vos choix, chaque confirmation dans une voie vous permet de bénéficier de bonus spécifiques. C’est dire le nombre de possibilités pour compléter votre magicien dans Soul Sacrifice ! A noter que le nombre de « Lacrima » (Acquis en nettoyant l’oeil de Librom à la fin de chaque mission) permet de gommer chaque choix en échange d’une somme importante. Chaque chose se monnaye dans Soul Sacrifice …
« Le jeu qui coûte un bras »
Devenir sorcier n’est pas sans risques : transformations physiques, mais aussi « Offrandes » et sacrifices qui rythment le jeu. Certains joueurs avaient peur du manque d’implication du terme dans le jeu : il est bien présent.
Certains sorts lorsque trop utilisé « se cassent » et doivent être restaurés par les Larmes Lacrima; les « Rites Obscures » qui sont en réalité des magies occultes surpuissantes, entrainent à la fois des handicaps irréversibles mais aussi un coût de réparation de sort qui double à chaque utilisation … Tout a un prix dans Soul Sacrifice. Même votre âme.
Façon originale d’appeler vos sorts, Soul Sacrifice renomme ces magies « Offrandes ». Récompenses de missions, elles sont surtout au coeur du système « addictif » du jeu. Acquérir 4 magies « Bras de géant » par exemple vous permettra de le fusionner à plusieurs reprises pour augmenter son rang et vous permettre plusieurs utilisations. Au bout de « 4″ étoiles, votre sort se change en une offrande plus puissante. L’un des moteurs du jeu reste son aspect visant à être un joueur efficace, jouer des éléments des attaques pour viser la vulnérabilité des monstres. En tout cas, une réelle dynamique de découverte/progression/amélioration des magies noires encadre le jeu!
Vous en voulez plus ? Le jeu propose un système de fusions : l’échange d’offrandes vous permettra de donner naissances à de nouveaux sorts qui pourront eux-mêmes forger d’autres magies qui ont la capacité de s’améliorer.
Tout cela est bien beau mais … Nécessite surtout d’adhérer au principe du jeu. Pour obtenir de quoi fusionner vos sorts, de quoi créer de nouvelles offrandes plus puissantes, il va falloir réessayer des missions précises plusieurs fois pour espérer avoir un résultat satisfaisant. Durée de vie immense en perspective, mais aussi une certaine redondance pourra naitre chez le joueur le moins aguerri et le moins accroché à l’idée du jeu. A cela, s’ajoute des décors qui ne servent qu’à contenir des monstres. Contrairement à un titre auquel Soul Sacrifice est souvent comparé, Monster Hunter, la carte de jeu apparait plus étroite. On retrouve tout de même des bonus d’attaque et des soutiens à la mission, mais il y a cette impression que la petitesse des cartes ne sert qu’à accueillir des monstres …
Donner un coup de main à son prochain
Autre dynamique sociale et pertinente du jeu : la possibilité de compter sur l’aide d’alliés. Leur présence est stratégique : elle pourra amener à compléter par exemple votre personnage ayant progressé dans un profil « Divin » et avoir l’appui d’un « Bras neutre ». A noter que cette faculté se débloque une fois le premier chapitre obtenu et est interne au jeu : si vous n’avez pas de connexion Internet ou l’absence du désastreux PSN Network, un coup de main est tout de même possible … Bien qu’ils ‘agisse d’une Intelligence Artificielle, chaque sorcier est requis parfois pour des « Pactes Avalon » complexes.
Une dimension sociale qui a également un prix. Nous l’évoquions dans la présentation et réception du jeu Soul Sacrifice : la présence d’un Pass Online détruit les possibilités de l’occasion pour ce titre. Effrayante démarche surtout lorsque l’on s’aperçoit que ce n’est pas un cas marginal dans le catalogue PS Vita : Little Big Planet était sous le même régime par exemple.
Soucieux de se forger sa propre identité, Soul Sacrifice se démarque indéniablement de son homologue auquel il fut souvent comparé : Monster Hunter. Ambiance marginale à souhait, sanglante et tournée vers le morbide excessif tel qu’il pourra provoquer le dégoût compréhensible de nombreux joueurs, ce dernier titre PS Vita ne ménage pas ses efforts. S’il n’est pas graphiquement à la hauteur de la PS Vita, phénomène visible dans les arènes, il reste convenable et s’en sort avec fluidité. Au-delà de l’aspect visuel, la dimension addictive est attachante pour peu que l’on soit adepte du principe. On l’imagine rébarbatif à la longue, mais le soutien de la dimension sociale et sa communication au mode en ligne est un point essentiel qui permettra assurément d’organiser quelques parties pour peu que quelques unes de vos connaissances vous lance dans cette histoire terrifiante mais aussi troublante. Le sorcier n’apparait pas comme le seul bras de justice, mais l’objet de votre choix … Devenir un monstre ?
Points positifs oints négatifs
+ Scénario Intéressant - Atmosphère malsaine.
+ Librom : un livre animé et qui a de l’humour ! - PSN Pass obligatoire
+ Aspect RPG poussé qui requiert de l’investissement - Lassant à la longue ?
+ Durée de vie Titanesque - En deçà techniquement
+ La fondation d’un nouvel univers : le système sacrificiel original
S’il fallait donner une appréciation générique … 4/5
S’il fallait le qualifier en quelques mots … Recommandé pour joueurs avertis.
S’il fallait recommander un test complet : Julsa.fr, Blog Jeux-Vidéo & High-Tech