Bordeaux est devenue depuis six ou sept ans LA ville de province où il fait bon investir, où on trouve du travail un peu moins difficilement qu’ailleurs et celle qui bat tous les records des enquêtes d’opinion concernant la qualité de vie. Une ville en train de grandir à vitesse grand V. Il est loin le temps où la cité girondine était surnommée la « Belle endormie »…. Le rugby ne fait pas exception à la règle : Alors que pendant des décennies, le rugby local était pris entre la guéguerre de deux clubs, de deux clans, aujourd’hui l’union des deux clubs constitue le socle d’une des formations les plus alléchantes du Top 14. Le club bordeaux et blanc propose, en effet, l’un des jeux les plus spectaculaires du championnat, n’hésitant pas au passage à lancer de jeunes issus de la fédérale dans le grand bain du rugby pro.
La guerre des projets
Peut-on parler d’Union Sacrée pour autant ? Certainement pas ! Une question centrale n’a pas encore été réglée : celle du Stade. Deux projets se font face :
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Celui d’une rénovation du Stade André Moga sur la municipalité de Bègles. Cette rénovation serait intégrée dans le cadre de la refonte de toute la banlieue Est de la ville avec l’arrivée de la nouvelle gare TGV multimodale (le projet Euratlantique). Ce stade aurait une capacité de 14 000 places, mais les problèmes de parkings, entre autres, ne seraient pas pas résolus.
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Celui d’une reconfiguration du Stade Chaban-Delmas qui serait réduit à une capacité de 15 000 à 20 000 places.
Dans les deux cas, le club girondins serait amené à délocaliser quelques matchs (deux ou trois matches par an maximum) dans le futur stade de Bordeaux-Lac (autre quartier bordelais qui est en totale refonte). Les collectivités territoriales ayant participé au projet tiennent à ce que le nouvel écrin de 42 000 places ne soit pas seulement la maison des Girondins de Bordeaux. D’ailleurs le maire de la ville, Alain Juppé, a souhaité à ce que des rugbymans assistent à la cérémonie du lancement du chantier.
Le stade : Pierre angulaire du système économique girondin
La question du stade est centrale, car contrairement aux autres clubs du Top 14, le club du Port de la Lune ne peut s’appuyer sur un mécène millionnaire. Son système économique repose sur l’affluence au stade qui est devenue la deuxième affluence du championnat. C’est pourquoi, de plus en plus, l’option Chaban-Delmas tient la corde.
Un stade ancien et modernisé à l’image du Stade Marcel Michelin
Cette option est notamment appuyée par… Alain Moga fils de l’ancien joueur qui donna son nom au stade béglais et maire-adjoint de Bordeaux. Un concours d’architecte a été lancé pour la rénovation du quartier de Lescure dont le Stade Chaban Delmas est l’épicentre. Parmi les cinq lauréats on retrouve un stade version rugby, réduit à 18 000 places. Une taille idéale pour le club si on considère qu’il pourra délocaliser certains matchs à Bordeaux-Lac. Le virage nord serait aménagé avec des bureaux, des boutiques et un hôtel. Un terrain synthétique remplacerait la pelouse actuelle. Des logements hospitaliers et universitaires se trouveraient à proximité du stade. Enfin, un terrain multisport (baket, hand) prendrait place au niveau du virage sud. La ville n’en est qu’au stade de la consultation pour l’instant. Cependant, ce projet de Chaban-Delmas version rugby tient la route, on peut imaginer, plus simplement, un stade sur le modèle Marcel Michelin, avec des virages aménagés en loges et en bureaux administratifs seraient peut-être une solution pour le développement d’un club qui semble promis à un bel avenir.