Je m'appelle Sand Grillon, un nom qui, dans mon pays, signifie « grillade de soir d'été sur le sable blanc d'un lagon paradisiaque ». Je déteste mon grand-père. Ce monstre roulait en quatre-quatre et avait installé la climatisation dans son remake de château moyenâgeux. C'est à cause de ce style d'irresponsable que ma mère a été victime d'un tsunami dû au réchauffement planétaire.
La France nous a donné l'asile climatique. Mon père est nano-bio-gérontologue. Comme il pouvait l'aider à soigner sa population vieillissante, nous avons été accueillis à bras grands ouverts. Tous les deux, nous aurions pu réapprendre à être heureux. Il n'en fut rien. Quelques mois après notre installation à Paris, mon père décréta qu'il avait assez pleuré ma mère et investit dans un lovTic. Cette broche équipée d'une puce reliée au grand réseau clignote lorsqu'une potentielle âme sœur se trouve dans l'environnement proche. Pendant des mois, papa arpenta les concerts, les expositions et tous lieux fréquentés dans l'espoir que son gadget se mette en route. Il commençait à désespérer lorsque, en descendant les poubelles, son lovTic s'anima. Tout en compressant les bouteilles recyclables, il observa une dame qui mélangeait allégrement des tissus de différentes compositions. Il adora sur-le-champ sa négligence écologique, ses longs cheveux qui lui cachaient le visage et cette rugissante technologie qui lui permettait de mettre un terme à trente mois de solitude.