
Difficile de faire plus différent. Dans le monde entier, on a reparlé récemment de nutrition forcée des prisonniers de Guantanamo. Plus d'une douzaine de détenus y sont nourris artificiellement, dont certains de force. Le commentaire d'Amnesty International:
« La situation actuelle renforce le besoin pour les détenus de bénéficier de manière continue et régulière d’examens et de soins médicaux indépendants, et la nécessité pour l’ensemble du personnel de santé de respecter l’éthique médicale ».
Alors oui, difficile de faire plus différent: nous sommes en Suisse, dans un état où le droit est appliqué, et là on parle d'une zone de non-droit. Mais quand même. On a d'abord pu voir que la discussion en Suisse s'est pacifiée. Tant mieux. L'Académie Suisse des Sciences Médicales avait publié à l'époque quelques documents plutôt clairs et qui y ont sans doute contribué. Mais là nous avons aussi pu voir sur la scène internationale un aspect de ce à quoi nous avions échappé. Car après avoir commencé une alimentation forcée, vient la fuite en avant: OK, le détenu est nourri, mais de manière inhumaine et brutale. Et puis ensuite, on fait quoi au juste? On continue? Vraiment? Et pour combien de temps? Difficile en pratique. Mais en théorie c'est simple: on devrait arrêter, et le plus vite possible...
Et à Guantanamo s'arrêter là serait bien sûr manquer l'essentiel. Les demandes des détenus, dont un bon nombre ne font plus l'objet d'accusations, sont justifiées. C'est une prison maintenue par des obstacles politiques uniquement. Il est clair qu'il faut la fermer, tout aussi clair que c'est extraordinairement difficile de le faire. Si vous voulez mettre votre grain de sel, il y a une pétition ici.