En matière d’escroqueries, de fraudes et de mensonges, les deux anciens ministres dominent très largement le classement du premier semestre. A travers eux, c’est aussi un match gauche-droite qui se joue en coulisses. BlogOZ.fr est le seul blog qui OZe un comparatif.
. Le butin.
Jérôme Cahuzac a soustrait 600.000 euros au fisc. On a retrouvé sur le compte de Claude Guéant la somme de 500.000 euros. Les deux hommes se tiennent certes dans un mouchoir de poche, mais sauf nouvelles révélations, la victoire revient incontestablement à l’ancien député PS. La démonstration pour le coup, contrairement aux idées reçues, que la gauche n’a rien contre ceux qui réussissent.
VAINQUEUR : Jérôme Cahuzac.
. Physique et personnalité.
L’un est autant brillant que l’autre est austère. L’un est beau parleur quand l’autre est effacé et monocorde. L’un a une belle gueule et le sourire carnassier, toujours hâlé ; l’autre a le masque blafard du fonctionnaire usé, la peau ternie par les néons des bureaux et la pénombre des couloirs de préfecture. A l’un les beaux costumes sur mesure, à l’autre la dégaine asymétrique et les vestes mal taillées. Le premier ravale la façade de la jet set dans sa clinique privée, fréquente les stations de ski et les fairwais huppés, il force le respect et l’admiration même de ses adversaires politiques. Le deuxième connait surtout les cabinets, les permanences préfectorales, les secrets d’alcôves. C’est un homme de dossiers, un laborieux, qui se livre peu. Un homme de l’ombre, pas à son aise sous les projecteurs. Il suscite la crainte et la méfiance y compris de ceux de son camp.
VAINQUEUR : Jérôme Cahuzac
. Le système de défense.
Jérôme Cahuzac a tout misé sur le déni. Il a joué sur sa personnalité (voir ci-dessus), sur ses talents d’acteur, sur sa réputation. Sur l’amitié. Sur la confiance. A aucun moment Il n’a essayé d’expliquer, ni de justifier le compte en Suisse. Dangereux, mais efficace à court terme. Son système de défense a d’ailleurs tenu de longs mois avant de s’écrouler. C’est l’inconvénient de cette méthode elle n’offre pas de solution de secours.
A l’inverse Claude Guéant n’a pas cherché à nier l’existence de la somme trouvée sur son compte personnel. Il s’est réfugié immédiatement derrière des arguments d’homme de dossier méticuleux : des transactions anciennes dont il a évidemment conservé tous les reçus et papiers, des systèmes de rétributions opaques à l’intérieur des services de police… Des explications méthodiques en résumé qui malheureusement pour lui n’ont pas tenu plus de 24 heures.
VAINQUEUR : Jérôme Cahuzac.
. Les conséquences.
L’affaire Cahuzac est avant tout une affaire d’ordre privé. Au pire, le ministre PS a bénéficié du silence de quelques amis hauts placés. Il a été démis de ses fonctions, exclu du PS, à priori le dossier est déjà refermé ou presque. D’un point de vue politique elle a fait mal mais elle a une durée de nuisance limitée. Pas très professionnel.
En revanche, l’affaire Guéant pourrait éclabousser du monde et du beau. Il ne s’agit pas là d’une vulgaire histoire d’enrichissement personnel comme pour le cas précédent. Claude Guéant n’est pas un flambeur comme son concurrent. Non : c’est un serviteur de l’Etat, un homme dévoué, fidèle et silencieux. L’argent n’est pas pour lui, mais pour les autres, pour le parti, pour la campagne, dans son esprit peut-être même pour la France. Du grand art comparé à l’amateurisme de l’autre.
VAINQUEUR : Claude Guéant.
Conclusion.
Si la suite des événements peut encore inverser la tendance, à ce stade de la compétition la victoire penche du côté de Jérôme Cahuzac. Même si elle devait moins éclabousser que l’affaire Guéant, l’affaire Cahuzac prouve en tout cas que le PS dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres est bien plus performant que l’UMP. Bien qu’elle ait tenu beaucoup moins souvent les manettes que la droite au cours de ces cinquante dernières années, la gauche prouve qu’elle est désormais apte à gouverner durablement le pays, au même titre que la droite.
Olivier Zilbertin