En cours de lecture...

Publié le 05 mai 2013 par Antigone

"J'étais donc homme Et femme [...]. Je devais rester à l'écart, loin de la cuisine, garder une certaine distance avec les enfants, non seulement pour définir la féminité de mon mari mais aussi pour apaiser mes valeurs masculines. La forme la plus classique du sexisme est le besoin féminin d'avoir le contrôle des enfants. Je percevais dans le narcissisme et le sentimentalisme de la maternité une menace à l'objectivité qu'en tant qu'écrivain je plaçais au-dessus de tout. Mais ce n'était pas le contrôle des enfants qui me manquait. C'était quelque chose de plus subtil - le prestige qui est la récompense décernée à la mère pour avoir porté sa progéniture. Et ce prestige revenait à mon mari. Je le lui avais donné et il l'avait pris - quoi qu'il arrive, c'était ce qu'il gagnait dans notre arrangement. Les tâches domestiques que j'accomplissais étaient, en un sens, au service de ce prestige car elles englobaient le subalterne, l'insignifiant, le franchement ennuyeux, comme si je m'activais en coulisses pour que le spectacle se déroule sans heurts. Je n'étais pas masculine après tout - car les hommes ne versent pas dans la corvée ingrate. Et je n'étais pas non plus féminine : je me sentais laide, car tout ce qui me revenait - le linge sale, les impôts - n'était pas particulièrement joli. En fait, il n'existait pas de jolie chose capable de me renvoyer mon image."

In Contrecoup de Rachel Cusk qui donne, entre autres, un point de vue original sur l'égalité dans le couple

Quel plaisir que de retrouver cette auteure !