Ce samedi 4 mai, Le Figaro barrait sa première page du titre suivant :
Déficit : le grand dérapage de la France
Quelle était donc la catastrophe à mettre au débit de notre nouveau président de la République et de notre gouvernement ? La publication de deux faits nouveaux :
- - La France n’avait pas tenu la prévision de déficit qu’elle avait estimée pour 2012
- - La Commission européenne venait de lui accorder deux années supplémentaires pour passer sous la barre des 3% de déficit.
Quelle horreur ! Au lieu des 4,5% visés, n’a-t-on pas ainsi manqué cet objectif en n’abaissant qu’à 4,8% les 5,2% légués en 2011 par Nicolas Sarkozy? On oublie ce faisant qu’il s’agit simplement de la poursuite du repli amorcé en 2010 après l’abîme des 7,5% atteints en 2009 au cours du quinquennat précédent.
Pour ce qui est du délai accordé par la Commission européenne, chacun sait qu’un objectif n’est mobilisateur que dans la mesure où il est susceptible d’être atteint. La décision de la Commission est une marque de bon sens : ayant constaté qu’il ne semblait pas possible pour la France de respecter la limite de 3% à fin 2013, elle a préféré reporter cette cible à fin 2015.
Reportons nous aux performances réalisées en ce domaine avec Nicolas Sarkozy lequel, malgré ses efforts, n’a pas réussi l’an dernier à convaincre les Français de son excellence :
Année
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Déficit
-2,7
-3,3
-7,5
-7,1
-5,2
-4,8
J’espère que Le Figaro avait su en son temps trouver l’expression qui, faute du trop sévère « grand dérapage », s’imposait pour qualifier la catastrophique dégringolade qui avait vu notre déficit passer de 2,7% en 2007 à 7,5% en 2009, chute abyssale dont nous ne nous sommes pas encore relevés.
Le Figaro imprime sous son titre la noble maxime de Beaumarchais : « Sans liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ». Je lui suggère de la remplacer par la suivante : « Le désir de blâmer rend le mensonge licite ».