Plus on avance en âge, plus on se fait poser la question : « Ça ne te tente pas, toi, de devenir père ? » Et il existe plusieurs variantes à la question : « Et vous deux, c’est pour bientôt ? » « Toi, les enfants, c’est dans tes projets ? » Etc.
Et la réponse, en ce qui me concerne, est la même depuis l’âge de 20 ans : « Oui, je veux des enfants. »
Sauf que ces derniers temps je rajoute ceci : « Mais c’est une décision qui se prend à deux… »
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Je l’ai su à l’été de mes 20 ans, alors que j’occupais un emploi d’amuseur public dans un parc pour enfants aux abords de la Rivière-Aux-Sables, à Jonquière. Vêtu pendant deux mois de mes habits de clown, beaucoup trop chauds, et malgré mon maquillage qui coulait sur mon visage jour après jour sous le soleil brûlant, j’ai pris conscience de mes habiletés naturelles avec les enfants et de mon désir d’en avoir.
Sauf que les circonstances ne s’y prêtaient pas.
Bond en avant de 16 ans… Et les circonstances ne s’y prêtent toujours pas. En fait, j’y suis plus près (et prêt) que jamais, mais c’est une décision qui se prend à deux…
J’ignore pourquoi je désire des enfants. Je sais par contre que je serais triste de ne pas en avoir.
Dans son émission radiophonique du 25 avril dernier, Catherine Perrin parlait d’une étude qui démontrait que, chez les couples qui n’ont pas d’enfants, les hommes sont les plus malheureux. L’étude en question avait été réalisée de manière très broche à foin, mais le point soulevé est intéressant.
Pour ma part, je sais que si j’en venais à ne pas avoir d’enfants, j’aurais un deuil à faire. J’ignore si cela attristerait autant ma copine.
Sans vouloir entrer dans les détails de ma vie de couple, disons que le timing n’est pas bon pour le moment — pas pour elle du moins. En ce qui a trait à sa profession, ce n’est pas le moment. De plus, il y a toute une série d’incertitudes et de craintes qui lui viennent en tête du genre : « Serais-je une bonne mère ?… »
Nous en discutons régulièrement. Je suis patient, alors il n’y a pas de problèmes réels. Mais le temps avance, et nos corps vieillissent…
Par contre, alors que je ne démordais pas auparavant de mon désir de paternité, je suis plus « zen » aujourd’hui face à la question. J’apprécie la liberté que m’offre ma situation actuelle, si je me compare à mes amis qui sont parents et qui n’ont pas la moindre minute à s’accorder à eux-mêmes.
La tranquillité, lorsque je lis un bon livre ou que j’écoute un disque dans son entièreté sans interruption ; les voyages à deux sans le stress des enfants : serais-je prêt à mettre ça de côté ? Suis-je vraiment prêt aux sacrifices qui viennent avec la paternité, prêt aux responsabilités ?
Je l’ignore… Je sais par contre que mon désir d’être père se fait toujours plus grand, que l’horloge fait tic-tac, tic-tac dans ma tête, et que la ribambelle d’enfants dans mon entourage ne fait rien pour m’aider.
Cette semaine, j’ai tenu dans mes mains ma future filleule. Le bébé de la sœur de ma copine. Elle n’avait que quelques jours. Toute « fripée », toute menue. Toute jolie. Et cette vague d’émotions m’a envahi.
J’aimerais ça, moi aussi, m’occuper jour et nuit d’un petit être semblable. Dans ma quête perpétuelle d’un sens à ma vie, il me semble que ça apporterait un bout de réponse. Probablement que ça m’aiderait à mieux vivre sans mon père, parti trop tôt, il y a cinq ans. J’aimerais ressentir ce qu’il a ressenti envers moi, savoir ce que c’est que d’aimer comme un père…
Et quand, quelques instants plus tard, j’ai vu ma copine avec la petite blottie douillettement dans ses bras, quand je l’ai vue sourire alors qu’elle observait le bébé avec des yeux pleins d’amour, je me suis dit qu’elle ferait une bonne mère.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait sesétudes collégiales en Lettres, pour se diriger par la
suiteverslesArts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.