Contrairement à ce que certains penseront, Sa Majesté Minor ne réduira pas son auteur et ne choquera pas. En revanche, cette œuvre atypique surprendra les plus réconfortés à travers une collection d’images un peu folles envoyant bouler la sagesse de ses œuvres récentes. Et quitte à rester immoral jusqu’au bout des ongles, la leçon à retenir de tout ça - lorsque l’on contemple les deux compères une dernière fois - c’est que le plaisir décomplexé ne paye qu’aux plus malins. Le cinéaste en premier lieu. Là où il y a de la gêne…
D’abord prévu en HD-DVD, Sa Majesté Minor obtient finalement les faveurs d’un format Blu-Ray qui le lui rend bien. Image et son bénéficient ici du meilleur traitement et les bonus, même s’ils sont moins nombreux que le DVD Collector, vont à l’essentiel et sont surtout proposés en Haute Définition.
C’est sans surprise que l’on découvre une copie quasi parfaite de Sa Majesté Minor sur Blu-Ray, sachant que le DVD standard atteignait déjà un niveau de qualité extraordinaire. Parce que le film a été tourné en HD et que le transfert est lui-même issu d’une vraie source numérique, Sa Majesté Minor resplendit littéralement. Excepté deux ou trois blancs un peu trop brûlés par une photo échaudée et un tournage sous soleil franchement voyant, le film de Jean-Jacques Annaud ressort grandi. Une définition tout simplement impeccable nous est proposée, permettant de profiter autant des gros plans rapprochés sur quelques trognes sympas comme des paysages vraiment pas avares en détails verdoyants. C’est sans le moindre doute les effets naturels qui ressortent bien évidemment le mieux. Brindilles, sable, branches, poussières et autres roches bénéficient ici d’un relief évident.
Alors que le DVD proposait une piste 2.0 et une piste Dolby Digital 5.1, le Blu-Ray ne propose qu’une seule piste, mais incroyablement balèze. Un DTS Master audio HD déversant du plein débit non stop, une véritable atmosphère de bord de mer, ponctué d’effets particulièrement enveloppants et d’une précision physique étudiée au millimètre. Impossible de nier l’incroyable travail effectué sur le son et qui éparpille avec précision l’atmosphère régnant dans ce petit village imaginaire ou les poules, les brindilles, les cailloux, cris et autres grognements. De jolis effets qui arrivent à transformer discrètement l’essai sur les surrounds pour offrir une vie propre à cet univers païen.
Afin de tout faire tenir sur un seul disque, l’éditeur a du sacrifier quelques suppléments, bien que ce soient les deux plus essentiels qui aient été conservés. Commentaire audio et Making of constituent ainsi la bible du film, accompagnés de la bande annonce. Notons d’ailleurs que cette dernière ainsi que le documentaire sont proposés en haute définition et qu’il est donc possible d’activer le menu Blu-Ray en surimpression sur tous les éléments du disques, que l’on regarde le film ou les bonus.
Commentaire audio
Certes, le jeune âge du film rend le présent commentaire un brin moins impressionnant que ceux qu’il délivre sur ses œuvres datant parfois de 20 ou 30 ans, mais le débit de parole de Jean-Jacques Annaud tout au long de Sa Majesté Minor frise une fois encore le spectaculaire. Tellement, tellement de choses à dire sur la conception et les origines du film qu’il finit même par déborder de son sujet, avec pour sanction de se faire purement et simplement couper la parole. En tout cas, ceux qui sont habitués à l’écouter sur ses titres précédents ne seront pas pris au dépourvus et auront également droit à une jolie leçon de mythologies diverses qui furent, comme on peut le deviner, la source majeure du film. Au delà du fond et des ses étonnantes déclinaisons, le réalisateur prendra bien évidemment le temps de décortiquer l’aspect technique du film, de la conception des costumes, des décors comme des effets spéciaux à la direction de ses acteurs. Académique, mais complet. On pourra presque regretter qu’il n’évoque pas la médiatisation du film à sa sortie (lapidé de toutes part), partie intégrante de son histoire malgré tout, mais un bonus du second DVD s’en charge.
Making of (71min)
Là encore, comme souvent chez Annaud et bien plus lorsqu’il s’agit d’un film récent, on nous livre un making of complet qui s’en tient à trois axes précis au lieu de couvrir plus ou moins succinctement l’intégralité du tournage. Des axes en question, on évoquera brièvement le travail musical dans les dernières minutes, mais qui n’est encore rien face au tournage pur de quelques séquences. D’abord tout ce qui concerne les scènes en extérieur faisant intervenir José Garcia et la truie avec qui il partage de nombreuses scènes. Plus d’une demi heure dévoilent donc cette relation incongrue, sous la coupe du regard témoin d’un cinéaste impliqué à fond, prêt à se rouler dans la boue pour donner l’exemple, mais aussi celui d’acteur dont les réactions sont arrachées sur le vif. L’autre grand axe se focalise sur les scènes communes à José Garcia et Vincent Cassel qui ont été tournées en studio, là où il était possible de donner vie à une forêt aussi luxuriante qu’irréaliste. Y seront évoquées quelques séances de maquillages, de répétitions hilarantes et de conception d’effets numériques particulièrement réussis. Une heure vite écoulée…
Source : filmsactu