392- L’homme qui n’avait rien compris

Publié le 05 mai 2013 par Ahmed Hanifi

"L’homme qui n’avait rien compris" de Youcef Zirem

Quelle superbe écriture que celle de ce roman que l’écrivain, poète et journaliste Youcef Zirem vient de publier aux éditions Michalon. Le livre. C’est un roman d’une insondable solitude, dense que vient de nous offrir là Youcef Zirem. Parfois réjouissant, drôle mais souvent grave, L’homme qui n’avait rien compris nous interpelle, nous apostrophe, nous bouscule dans nos petites certitudes. On savait déjà Youcef Zirem inclassable, cultivant jalousement sa liberté. Avec ce roman, il signe un véritable plaidoyer sur nos trajectoires et la superficialité des rapports qui régissent les rapports humains. En liminaire, il y a cette canicule qui a emporté en 2003 en France des milliers de personnes âgées. Daniel Benyacoub Laurriat y a perdu son père. Mais il refuse de l’enterrer. Il nous le dit en convoquant les abîmes de sa mémoire. D’origine juive, Daniel Benyacoub et sa famille font partie de ceux, rares, qui sont restés en Algérie, après 1962. Son père a conseillé l’armée algérienne. Puis quitta tout, sa famille, son boulot et l’Algérie, pour sa maîtresse parisienne. "Il avait quitté son pays de soleil, il avait essayé de s’adapter à cette grande capitale mais il n’avais jamais pu se départir de cette énorme nostalgie pour sa terre natale. La nostalgie tue à petit feu et il n’y a aucun remède pour ce mal incurable", raconte Daniel sur son père. Ou peut-être ne serait-ce pas là le lot de nombre d’exilés ? En flash-back entre cette Algérie meurtrie qui l’a vu naître et Paris, "la belle et la cruelle", Youcef Zirem nous fait voyager à travers l’espace et le temps. "Quand je voyage dans le bus de Paris c’est surtout moi que je recherche", confie Daniel. Le voyage est sans doute un symbole, une quête personnelle plutôt de l’auteur. De soi sans doute, donc identitaire, mais également des autres, ses semblables. Toute l’histoire à tiroirs de cet arpenteur de la capitale française s’effeuille alors. Par petits chapitres profonds servis par une écriture sèche, claires et sans fioritures. La trame bruisse dans toute son étendue d’une colère contenue. Celle d’un homme en colère contre la fatuité, le cynisme. En filigrane de ce récit tout en introspection, en confession affleure la douleur brûlante de l’Algérie. Celle de cette terre quittée par dépit, désespoir de meilleurs lendemains. "La douleur est toujours un enseignement. Quelquefois, la douleur arrête le temps. Mais le temps sait se promener ; il va dans tous les sens, il excelle dans la fuite. Je ne suis dans aucune époque charnière ; je ne suis réellement que dans l’absence", lit-on en chapitre 60. L’homme qui n’avait rien compris brosse une succession de tableaux d’hommes et de femmes qui ont marqué ce pays damné. Avec ce roman de Youcef Zirem, l’histoire et la politique ne sont jamais loin, elles sont souvent au bout du paragraphe. En contre-point d'une écriture de dénonciation qui refuse de se résoudre au silence. L'exil, la solitude, le temps qui fuit, les amours sans lendemains, un pays qui saigne et fait saigner, tout y est ou presque. L'homme qui n'avait rien compris est à lire absolument. Kassia G.-A. 13 mars 2013 L’homme qui n’avait rien compris de Youcef Zirem aux Editions Michalon. Prix : 16 euros. Youcef Zirem est aussi l’auteur de : Le Chemin de l’éternité, éditions franco-berbères, 2009 La vie est un grand mensonge, Editions Zirem, 2005. La guerre des ombres (essai), GRIP-Complexe, 2002. L’âme de Sabrina (nouvelles), Barzakh, 2000. Les Enfants du brouillard (poésie), Editions Saint-Germain-des-Prés, 1995. On : www.lematindz.net -----------

Youcef Zirem : "Ecrire pour moi est une façon de respirer"


Youcef Zirem, journaliste, poète écrivain et par ailleurs animateur de l'émission Grafitti sur Berbère télévision a publié le Semeur de l'amour en septembre. En mars, c'est "L'Homme qui n'avait rien compris", un roman écrit de sa main.
Lematindz : Que devient Youcef Zirem, le journaliste et écrivain ? Je crois qu’il est toujours le même ; toujours amoureux des mots et passionné des médias. Juste qu’il a pris du recul sur les choses, sur le monde, sur la vie dans une ville de la culture et de l’ouverture qu’est Paris. Un recueil de poésie et un roman en quelques mois. Vous êtes prolifique ? Je ne sais pas si je suis prolifique ; écrire est pour moi une façon de respirer véritablement ; je le fais pratiquement chaque jour, d’une façon ou d’une autre. Cela dure depuis des années, et au bout, j’ai plusieurs textes qui peuvent paraître à n’importe quel moment. Le semeur de l'amour est votre dernier recueil, avez-vous le sentiment que les Algériens ont une relation compliquée avec l'amour ? Oui, mon Semeur d’amour, paru à Paris au mois de septembre, plaide pour l’amour de l’Autre…De nos jours, cela est valable aux quatre coins du monde…En Algérie, la haine a pris le dessus sur l’amour et cette tendance s’accentue de jour en jour…Même quand nous sommes à l’étranger, cette haine nous poursuit et nous n’arrivons pas à nous en débarrasser…La situation politique désastreuse en Algérie est largement générée par notre incapacité à nous aimer véritablement… L'autre livre qui arrivera avec le printemps, L'Homme qui n'avait rien compris revient par un chemin détourné sur l'Algérie contemporaine, à travers un juif. Original ? Mon prochain roman, L’Homme qui n’avait rien compris, sort le 7 mars aux éditions Michalon à Paris. Ce livre ne laissera aucun lecteur indifférent. Cette fiction revient largement sur l’histoire algérienne depuis la création de l’Etoile nord africaine jusqu’aux errances actuelles d’un pouvoir illégitime qui emprisonne un pays et un peuple. Cette histoire est racontée par un Juif algérien, Daniel Benyacoub Laurriat, qui ne veut pas enterrer son père, mort à Paris, durant la canicule de l’été 2003. Joseph, le père de Daniel, lui aussi né en Algérie, a longtemps conseillé l’armée algérienne, avant de quitter l’Algérie et sa femme Sylvia. Durant ses pérégrinations parisiennes, Daniel rencontre Laurent, un journaliste parisien qui ne cesse de dénoncer certaines pratiques du microcosme parisien. Laurent tient le coup grâce à une femme, Adriana, qui vient d’Argentine. Ce roman raconte, d’une certaine façon, le passé juif de l’Algérie pour dire que ce pays est porteur de diversité à tous les niveaux. C’est, peut-être, cette diversité qui peut le sauver un jour. A bien des égards, L’Homme qui n’avait rien compris passe en revue les déchirements du monde actuel. L'identité est importante si je comprends bien, pourtant vous écrivez en français. Vous arrive-t-il d'écrire en kabyle ? Oui, l’identité est importante ; les racines peuvent nous guider à trouver notre chemin. Mais il faut aussi s’ouvrir sur l’Autre, sur les autres, sur le monde. Oui, j’écris aussi en langue kabyle même si jusqu’à aujourd’hui, je n’ai rien publié dans la langue de ma mère. Mais cela se fera un jour, c’est inévitable. Quelle analyse faites-vous justement de la revendication amazighe sous l'ère Bouteflika ? La revendication amazighe doit aujourd’hui dépasser le slogan pour arriver sur le terrain de la production à tous les niveaux. Bouteflika a été acculé par l’extraordinaire Mouvement Citoyen de Kabylie à accepter le statut de langue nationale pour la langue amazighe. Mais Bouteflika et le système de Toufik Mediène n’encouragent guère cette langue. Il y a encore du chemin à faire pour réhabiliter complètement la langue amazighe. Le président français ira en Algérie, ne pensez-vous qu'il y a un flagrant décalage entre ce président qui a été déjà ministre pendant la présidence de de Gaulle et ce jeune président français ? Oui, il y a un décalage énorme parce que l’Algérie n’est pas une démocratie. Bouteflika a été imposé par le DRS aux Algériens ; c’est dans la continuité d’un régime qui n’a jamais eu d’alternance politique depuis l’indépendance algérienne. L’argent du pétrole aidant, le système Bouteflika-Toufik a corrompu des larges pans de la société algérienne. Les pays occidentaux eux-mêmes, y compris la France, soutiennent largement le régime algérien pour profiter des richesses algériennes. Quel est le dernier livre que vous avez lu ? Je lis ou relis souvent plusieurs livres en même temps : en ce moment, je suis avec Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald et Lumière d’août de William Faulkner. La semaine passée, j’ai relu Le Polygone étoilé de Kateb Yacine… On revient au journalisme, sachant votre longue expérience depuis la naissance de ce qu'on appelle la presse indépendante, j'ai le sentiment que vous cultivez une certaine amertume et du scepticisme quant au rôle réel de la presse. Oui, j’ai quitté mon poste d’ingénieur en pétrole à la Sonatrach pour le journalisme et je ne le regrette pas. En Algérie, la presse écrite est passée par des moments meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Même la télévision algérienne, hermétique et au service unique du pouvoir, s’était ouverte à la suite des tragiques événements d’octobre 1988. Je ne cultive aucune amertume mais je suis réaliste : tant que le citoyen algérien ne sera pas libre, la presse algérienne sera toujours limitée et aura des lignes rouges à ne pas dépasser. Que souhaitez-vous pour l'année à venir ? Pour l’année à venir, je souhaite de l’Amour, de la Paix et de l’Harmonie à tous les habitants de la terre Entretien réalisé par Hamid Arab 17 décembre 2012 On : www.lematindz.net -----------
_______________ Ce matin il m'a pris l'idée d'écrire trois lignes sur le 1° mai. Puis je me suis dit pourquoi ne pas retravailler et sélectionner d'autres écrits (poèmes) que j'ai plutôt mis à l'abri, je ne sais plus pourquoi.
Ce matin je les mets à lire. Voici une sélection:

Poèmes libres et Haïkus ---------
Muguet band’roles et vin à Bandol bras levés soleils d’espoirs désenchantement toujours
Miramas, 01 mai 2013 ---------------
Madeleine des lentisques sur les hauteurs de l’étang de Berre embaument ma mémoire
Miramas, avril 2013 ---------------
Ages un demi de bière le raffut des jeunes me cerne je libère mon siège
Marseille, Le Petit Nice, samedi 27 avril 2013 ---------------
Ô rage un vin à Cassis des nuages s’amoncèlent à quoi bon rester
Cassis, samedi 27 avril 2013 ---------------
Piedestal je suis las Cassis de Sbire ton faux fils le prestidigitateur
Cassis, dimanche 28 avril 2013 ---------------
Impasse mes doigts sur le clavier l’esprit plane une page blanche
Miramas, avril 2013 ---------------
Froideur l’homme tend une écuelle son chien grelotte les passants passent
Paris, février 2013 ---------------
Zouaoui le Zouave du pont est oublié à ses pieds la Seine ruisselle de honte
Paris, février 2013 ---------------
Insomnie 
clic clac deux heures trois puis quatre prière en silence « Allah » chante le muezzin
Oran, juillet 2012 ---------------
Fétu soleil de minuit ramadan que faire
Yellowknife, J1- 1°août 2011 ---------------
Ruée vers l’or au fond du Yukon la cabane en rondins de Service le barde du Klondike
Dawson City, juillet 2011 ---------------
TNO pas de chance Inukshuk permafrost et panne à Dawson adieu Inuvik et Tuktoyaktuk
Dawson city, 24 juillet 2011
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Skagway Rhapsody of the seas est amarré au quai immobile le pacifique s’impatiente.
Skagway, juillet 2011
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Nahanni coule Nahanni des moutons gros de pluie le silence de la réserve apaisée
Blackstone Parc (camping), 15 juillet 2011 ---------------
Réveillon allongé sur une dune je suis un grain submergé d’éternité étoilée et de questions
Taghit, 31 décembre 2010 ---------------
Ouf 17 heures Ouf blé le rayon
 bleue la goutte 
chaussons et casquette
 farniente
 cigales 
Dakar
Istres, 24 juillet 2009 
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La guêpe est à Fès mouche
ou moustique
 sur un napperon
fleuri
 glu mais où est la guêpe
Miramas, mardi 30 juin 2009 ---------------
G.C.S la Bannière étoilée est pendue sous la voûte verte no photo me dit l’agent
New-York, août 2008 ---------------
Eldorado l’île des pleurs récusait les malades aujourd’hui encore mais les Cœurs brisés désormais viennent des Suds
Ellis Island, août 2008 ---------------
Victoire guenilles balluchons progéniture nombreuse regards misère du monde
Ellis Island, août 2008 ---------------
Katia kaléidoscope tu es papillonnant autour de moi cœur puéril
 tu as fait de moi un insoumis sur le retour à la raison au monde
Miramas, octobre 2002 ---------------   Maître Matsuo Basho écrivait en 1686 (photo):
furu ike ya- kawazu tobikomu- mizu no oto - 
Un vieil étang-  une grenouille saute-  des sons d'eau-