Petite semaine politique, l'actualité est dominée par d'innombrables débats, sondages et autres cogitations sur le premier anniversaire de l'élection de François Hollande
Ils sont nombreux à refaire le match. Plus fictifs les uns que les autres, des sondages refont l'élection et donnent Hollande perdant dans tous les scénarios, avec Nicolas Sarkozy voire Marine Le Pen en tête. Les chaînes d'information meublent leurs inter-flashes par du bavardage politique au kilomètre.
Lundi, Hollande promet quelques mesures concrètes pour les PME, l'occasion d'une énième "joute" pour ou contre l'entreprise, l'un de ces débats dont nous avons le secret. Ils évitent de traiter du fond, la simplification du régime fiscal des plus-values de cession de parts de PME pour les particuliers, suppression de l'indicateur de faillite à la Banque de France, mobilisation de l'épargne via l'augmentation du plafond des PEA; on glose sur la sensibilisation des élèves de secondaire à l'entreprise. Certains commentateurs parviennent même à lier la chose avec le couac de fin de semaine qui n'intéresse que quelques initiés du secteur: Arnaud Montebourg a découragé Yahoo de racheter 75% de Dailymotion. Son collègue Pierre Moscovici ne cache pas son énervement. On oublie presque que la start-up française est depuis belle lurette propriété de France Télécom, dont l'Etat est actionnaire à 27%. Qu'un actionnaire refuse de vendre l'un de ses actifs, quoi de plus normal dans notre joli monde capitaliste ?
Cécile Duflot s'attaque au racket des recours abusif. Une autre loi majeure est présentée en Conseil des ministres, renforçant la protection des consommateurs. Benoit Hamon n'est pas peu fier. UFC-Que Choisir se réjouit, sauf sur deux points: l’action de groupe - une révolution - devra être "administrée" par l'une des 16 associations de consommateurs agrées, ce qui stressent ces dernières, trop petites. Seconde critique, l'assainissement des crédits à la conso est jugé insuffisant.
Plus grave, l'ancien ministre de l'intérieur Claude Guéant est emporté dans une belle polémique: 500.000 euros de ventes de tableaux et des traces de paiement en espèces ont été retrouvées chez lui. Les peintures sont surévaluées, et leur vente payée par virement de l'étranger sans que l'ancien patron des flics ne daigne faire de déclaration de sortie du territoire. Guéant se démène pour expliquer que les paiements en liquide étaient encore chose courante au ministère jusqu'en 2006 quand il y était directeur de cabinet d'un certain Nicolas Sarkozy.
A droite, les plus sarkozystes dénoncent un coup de François Hollande. Mais la plupart se taisent poliment. Guéant est "expurgé". La Sarkozie est "terrorisée", commente Joseph Macé-Scaron, pour Marianne. On agite aussi une autre affaire, qui, pourtant, n'en est pas une, judiciairement au moins. Le fils ainé et agité de l'actuel ministre des affaires étrangères, Thomas Fabius, aurait acheté un appartement pour 7 millions d'euros à Paris, alors qu'il ne paye aucun impôt en France. On imagine qu'il en paiera donc désormais - l'ISF à tout le moins. A travers Thomas, c'est évidemment son père Laurent qui est visé.
Certains espèrent une belle mobilisation pour une manifestation des déçus de gauche, dimanche 5 mai. La démarche est banale, qui a oublié les grandes grèves de 1936 ? Les slogans sont louables, mais avancés d'abord en opposition à Hollande. Initialement lancée sur un thème constituant mais fourre-tout - une nouvelle République - , le mouvement s'est élargi à tous les thèmes: contre l'austérité, pour le féminisme, pour le mariage pour tous (pourtant voté), contre les paradis fiscaux, contre la "finance".
Le 1er mai, l'image terrifiante d'une Marine Le Pen en "direct live" sur toutes les chaînes d'information depuis la place de l'Opéra à Paris occulte la Fête du Travail. "Vous connaissez nos valeurs" scande-t-elle. "On est chez nous ! On est chez nous!" hurlent en renfort l'assistance présente. Les cortèges syndicaux étaient par ailleurs maigrichons.
Plus sérieux, la Commission européenne officialise son accord pour reporter le retour sous la barre des 3% du PIB du déficit budgétaire de la France. Et non seulement pour 2013 (3,7% prévus), mais aussi pour 2014. Pour cette dernière année, Bruxelles voit la France à 4,2% de déficit, et non 2,9% comme promis par Pierre Moscovici. Comme d'habitude, les commentaires journalistiques pointent l'effort de rigueur - cette fois-ci d'austérité - qu'il faudrait au pays pour redresser la barre. Et ils évoquent les "contreparties" - réforme des retraites, "libéralisations" supplémentaires - que le pays devrait subir.
Dans une interview à la télévision suisse-romande, Christine Lagarde confie le plus sérieusement du monde qu'il "n'y pas d'alternative à l'austérité". On se pince pour le croire. Le "vertige du chômage" en Europe ne lui suffit pas. La dame attend-t-elle l'effondrement général ou la révolution ? D'ailleurs, l'ineffable OpinionWay nous livre son sondage du jour: "Pour 58 % des personnes interrogées, la rigueur budgétaire défendue par l'Allemagne en Europe est une bonne chose pour l'économie européenne."
Merveilleux.
Ne pourrait-elle pas consacrer autant d'énergie et de persévérance à la lutte contre les paradis fiscaux qui minent les finances publiques de nombre d'Etats ?
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