Je lis un article des années 90 sur le changement. Une
phrase me frappe : « la concurrence ne fait qu’augmenter ». Le
succès qu’a eu cette idée est étonnant. Depuis des décennies la croissance continue de la concurrence va de soi. Le changement permanent est
la norme du progrès.
Je ne suis pas convaincu. J’ai constaté que lorsqu’une
entreprise réussit un changement majeur, elle sort de la concurrence. Car elle
a trouvé un positionnement unique.
Et si toujours plus de concurrence était une forme de
paresse ? Il me semble que, jadis, la stratégie de l’entreprise était patrimoniale. Le fondateurs d'IBM ne disait-il pas qu'il voulait créer une belle société pour ses petits enfants ? Alors, elle
cherchait à se différencier, par l’innovation. Comme l’IBM ou le Boeing d’après guerre. Elle voulait peut être même le
monopole par KO. Mais, à un moment,
dans les années 70 ou 80 ?, il est possible qu’elle ait jugé qu’il y avait
des moyens plus aisés de s’enrichir. Parmi lesquels se trouvait l’attaque
frontale d’un concurrent. Ce qui a entraîné une réaction en chaîne. Du coup,
les entreprises n’investissant plus, se sont mesurées les unes aux autres avec
de moins en moins de différences. D’où l’obligation de plus en plus d’adaptation.
Et de moins en moins de temps pour bâtir un avantage unique…IBM semble avoir été un des précurseurs de ce modèle, dans
les années 80, quand il a adopté une stratégie de traite de son monopole. Elle
a failli lui être fatale. Le reengineering des années 90 allait
peut-être aussi dans cette direction, puisque c’était une tentative massive de
réduction de coûts.
Au fond, Laurent Habib a tout dit. Nous sommes passés d’un capitaliste entrepreneurial à un capitalisme financier. S’agirait-il de faire
le contraire, maintenant ?