"On ne sort de l'ambiguité qu'à son détriment" ...

Publié le 03 mai 2013 par Pierrotlechroniqueur

... A écrit le cardinal de Retz dans ses Mémoires. Et il s'y connaissait en la matière, lui qui a payé très cher sa "sortie de l'ambiguité", en étant d'emblée l'un des leaders de la Fronde contre le jeune Louis XIV (et surtout contre Mazarin, son grand rival au sein de l'Eglise) dès les débuts d'icelle. Mais foin d'Histoire, ce n'est pas l'objet de ce blog. Sauf quand les leçons, morales ou non, à en tirer (ici, tu l'auras compris ami lecteur, ne pas sortir de l'ambiguité) peuvent s'appliquer à la situation présente. Naturellement, car c'est le propre de l'Histoire.

Toi, ami lecteur, qui suis assidument tout ce qui se passe autour de Wikimedia, tu auras d'ailleurs immédiatement compris à quoi je fais référence. Mais oui, bien évidemment, il s'agit de ce dont tout le monde parle depuis des heures, sur le Bistro, sur les réseaux sociaux ... : cet article de Slate.fr consacré aux tribulations d'un contributeur pas comme les autres sur la Wikipédia en norvégien : Anders Breivik. Si si, c'est de cela que tout le monde parle. Oui, de ce charmant terroriste (si, il est charmant. Si vous ne me croyez pas, il faut lire d'urgence son Eloge par Richard Millet) qui a contribué à Wikipédia, y créant même l'article sur sa ville natale, si j'ai bien compris. Et en utilisant le même pseudonyme que sur World of Warcraft, ce qui confirme au passage, si besoin était, que Wikipédia est décidément un vaste MMORPG. Et c'est toujours mieux que rien.

Et maintenant, je vais en venir, tout de même, au sujet de mon billet, plutôt que de poursuivre mon petit jeu des multiples références à la qualité qui, on l'aura noté, va decrescendo (oui, je mets WoW en-dessous de Breivik. Des questions ?). Donc autant s'arrêter là. Dans cet article, Slate rapporte que le maire de ladite ville est furieux que les contributions du criminel n'aient pas été annulées et supprimées. Comme la plupart des autres. Problème : si les autres en question étaient en profonde délicatesse avec la neutralité de point de vue, tel n'est pas le cas de celles consacrées à Kungläv (c'est le nom de la ville). Et du coup, lui est opposée une fin de non-recevoir en ces termes on ne peut plus clair : "Si les articles de Behring Breivik sur l’histoire norvégienne sont vrais, nous n’avons pas à y toucher". Certes, c'est indéniable. Et d'autorité car l'auteur de cette mise au point n'est ni plus ni moins que... "l'un des dirigeants de Wikipédia en Norvège", nous dit Slate. Oui oui oui ... En réalité, il m'a suffi de quelques menues recherches sur Google pour constater que le "dirigeant" n'est autre que Jon Harald Søby, président de Wikimédia Norvège. Qui, à mon avis, n'aurait pas été considéré abusivement comme un "dirigeant" s'il ne s'était pas glissé dans la peau d'un représentant de la communauté informant d'une position éditoriale. Mais il ne devrait pas corriger. Ni préciser. Encore moins cesser. Qu'il médite la sentence du cardinal de Retz et continue ainsi. Avec un peu de chance, il deviendra à bon compte la coqueluche des médias norvégiens.

Vous voyez, je vous l'avais bien dit : tout le monde en parle de cette affaire. Et j'ai une suggestion pour nos amis Wikipédiens de Norvège, si jamais il y a une prochaine fois (moins sanglante, je l'espère de tout coeur ...) : élire elle-même des représentants mandatés pour s'exprimer dans les médias voire la représenter à l'extérieur. Et comme nous ne sommes plus au XVIIe siècle, je vous l'assure : personne ne finira en prison comme le cardinal de Retz.