03 mai 2013
Au musée des beaux-arts de Nancy, il ne faut surtout pas manquer l’exceptionnelle collection de verres et cristaux de DAUM, exposée spectaculairement au sous-sol, au pied des remparts du bastion d’Haussonville.
Dans une semi pénombre, on remonte le temps depuis les lendemains de la défaîte de 1870 où Jean Daum, notaire à Bitche, choisit de revenir s’établir en France et rachète une verrerie en difficulté financière à Nancy. Au départ, c’est une entreprise classique de gobeleterie, qu’il va peu à peu transformer pour épouser les goûts nouveaux de la classe bourgeoise en pleine expansion : verres taillés, services, flacons taillés et dorés à l’or fin, des objets armoriés, rien que de tout à fait classique … jusqu’à ce qu’il décide de créer un département artistique. Daum s’associe alors avec Jacques Majorelle et Emile Gallé, avec lesquels il fonde en 1901 l’Ecole de Nancy. C’est le triomphe de l’Art Nouveau, avec pour référence constante le végétal et l’animal. Jacques Grüber, Henri Bergé, Amalric Walter, les frères Schneider travaillent pour la verrerie Daum qui remporte de nombreuses distinctions dans les Expositions internationales qui jalonnent cette Belle Epoque.
A partir des années vingt, le style Art Déco prend le relais. Le verre prend des aspects changeants : minéral, givré, cristallisé, à pans coupés … Une très importante commande sauvera l’entreprise d’un équilibre financier toujours aussi précaire : l’équipement en verrerie de table du paquebot Normandie. Juste avant la seconde guerre mondiale, Daum se convertit au cristal translucide, à la pâte de cristal et aux formes libres, qui deviendront emblématiques de la marque dans les années 50.
Ainsi avais-je une idée très réductrice de ce type d’objet dans ma jeunesse : chaque foyer bourgeois se devait de détenir une coupe Daum sur le buffet de la salle à manger, un vase bien massif … c’était un cadeau « obligé » de toute liste de mariage… j’ignorais le passé plein de créativité des origines.
La marque a eu bien du mal à surmonter la crise économique et surtout la crise de l’énergie. Elle a été un temps rachetée par un grand de l’industrie électronique – SAGEM – et aujourd’hui, elle continue à exprimer, grâce à de multiples collaborations d’artistes contemporains, l’excellence made in France.
Ainsi, César, Dali, Hilton McConnico, Garouste et Bonetti, Philippe Stark (entre autres encore plus actuels ... ) ont créé des pièces de collection dont les prix les réservent à une élite de collectionneurs.
Mais pour le plaisir des yeux, il suffit de visiter le musée de Nancy, où l’on perçoit dans toute son ampleur, l’évolution de la verrerie nancéenne.
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