60 roms expulsés à Montreuil (93) : entre Mous et Bitume

Publié le 03 mai 2013 par Asse @ass69014555

Montreuil héberge les roms dans des Mous (voir bas de page)... Montreuil laisse les roms sur le bitume... Pourquoi les uns et pas les autres ? Est-ce pour que les efforts déployés pour les uns deviennent supportables pour les riverains qu'on remet les autres à la rue ? Dans tous les cas, les procédés et l'absence de solutions sont innacceptables !

Plusieurs dizaines de Roms ont été expulsés le jeudi 25 avril au matin de leur campement de Montreuil (93). Ces personnes - une soixantaine selon une association de soutien - ont été évacuées de leur campement, situé près d'une friche industrielle suite à "une décision de justice obtenue par le propriétaire privé du terrain", selon la mairie EELV. 

"Depuis plus d'un an, plus d'une centaine de [Roms] squattaient ce site dans des conditions de vie, de salubrité et de sécurité inacceptables, pour eux-mêmes comme pour les riverains", a-t-elle ajouté, rappelant qu'un incendie s'était déclaré dans le camp le 17 avril dernier. 

 

Des hébergements provisoires auraient été proposés par la préfecture aux familles qui en ont fait la demande. 

La préfecture de Seine-Saint-Denis a précisé qu'un "diagnostic social complet" avait été réalisé le 8 avril dans le campement et que "des capacités d'accueil en hôtel avaient été réservées" à destination de quelques familles le jour de l'évacuation. "Mais personne ne s'est manifesté au moment de l'opération", a-t-elle souligné. 

Le Parti de gauche de Montreuil a pour sa part dénoncé jeudi dans un communiqué "le démantèlement des camps sans solution d'hébergement", qu'il qualifie de "vaste mascarade". 

Le jeudi 2 dans la soirée, les roms ont tenté d'investir une salle municipale pour passer la nuit. Ils se sont d'abord rendus devant la mairie EELV de Montreuil pour demander un hébergement d'urgence, avant d'être évacués par la préfecture vers 22H, a indiqué l'association La voix des Roms. Ils se sont ensuite dirigés vers une salle municipale, qui leur avait été ouverte par des élus de l'opposition, mais la police municipale leur a bloqué l'accès, a ajouté cette association.

Dans son communiqué, la municipalité de Montreuil souligne que "plus de 350 personnes (...) sont logées dignement, ont accès à un suivi sanitaire et social", notamment grâce à la construction dans la ville de "logements-passerelles", des conteneurs colorés où vivent des familles en attente d'un logement pérenne. 

"Mais pour que cette politique courageuse puisse perdurer (...) il est indispensable, pour préserver l'équilibre social de la ville, que tout soit fait pour empêcher la constitution de bidonvilles illégaux", précise la mairie. 

Des logements passerelles qui ont entrainé une mobilisation des riverains qui ne souhaitaient pas voir ces nouveaux voisins s'installer à proximité de chez eux... Début avril, à l'arrivée des containers, certains ont vandalisé des véhicules de levage : soit 35 pneus de crevés à la perceuse électrique (montant des dommages plus de 50 000 euros) pour empêcher l’installation d’un village d’insertion Rom ! L'intervention des CRS a été indispensable pour laisser l’entreprise installer les bungalows.

Appel d'Intercapa solidarité


Urgent situation critique demain à 6 heures du matin | PLUS JAMAIS d’évacuation forcée des familles en violation de leur dignité et de leurs droits fondamentaux [constitutionnellement garantis]. DEDANS les élus agissent. DEHORS face aux vigiles de la « tranquillité publique » le piquet du Comité de soutien veille aux mauvais tours de l’aube …


La mairie avait autorisé de 1h à 6h, donc à 5h30 évacuation de la salle Jean Lurçat par la police, qui les escorte en direction de Bagnolet … épuisés les familles Roms s’arrêtent Place de la Fraternité à 6h30. Courage à la famille de Tinca Rostas et aux enfants.

Montreuil Vraiment

Qu'est-ce qu'une Mous ? Une maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale. La Mous Roms de Montreuil (93), l'une des plus grandes de France, accompagne un peu plus de 350 personnes installées dans des caravanes sur des terrains de la ville en attendant mieux.

Ce « mieux » pourrait être un programme de « logement modulaire », tel celui qui existe déjà rue Émile-Zola dans le BasMontreuil ou celui qui se met en place rue Paul-Bert. Début mai, onze familles devraient s'y installer, mais ce projet a déjà fait du bruit : le chantier a été occupé deux fois, le gardien retenu, les pneus des camions crevés, et, le 5 mars, des habitants, dont l'ancien maire Jean-Pierre Brard (PC), ont tenté de bloquer les camions livrant les conteneurs. Déjà en campagne pour les municipales de 2014, celui-ci s'affichait en soutien aux quelques familles qui refusent l'arrivée de Roms dans le voisinage.

Les opposants font valoir que la population de la rue est déjà fragilisée et « qu'ajouter de la misère à la misère » ne favorise pas l'accueil. Ils dénoncent aussi le manque de concertation. « Les Roms suscitent un effroi incroyable, explique Claude Reznik, conseiller municipal. Les gens en veulent bien, mais pas en bas de chez eux. »

« La municipalité inscrit sa politique en direction des Roms dans les efforts de solidarité qu'elle poursuit envers l'ensemble des populations précaires, et non en fonction de leurs origines », rappelle le rapport (2012) de la mission d'évaluation de la Mous. Sauf parmi les oppositions politiques à la maire (EELV) Dominique Voynet, ce dispositif financé à 50 % par l'État fait plutôt consensus. « Mais il n'y a pas de solution idéale, admet Claude Reznik. En l'absence de logements sociaux suffisants, on bricole… »

« "Montreuil aux Montreuillois" reste un slogan répandu », déplore Alain Callès, élu chargé des populations migrantes. « JeanPierre Brard avait fait verser du colorant dans la fontaine place de la Mairie pour que les Roms ne puissent pas se servir de l'eau », rappelle Claude Reznik. Certains craignent que les Roms ne prennent des logements sociaux à des habitants qui attendent depuis des années. « Mais les attributions reposent sur des critères parmi lesquels l'origine ethnique ne figure en aucun cas ! », souligne Claude Reznik.

« L'installation des familles rue Paul-Bert ne modifie en rien les listes d'attente, précise Alain Callès. Et puis les Roms sont au maximum 600 dans une ville de 105 000 habitants. »