Indispensable : Colin Gray a enfin publié un papier sur le cyber. Et comme toujours, ça vaut le détour.
Making Strategic Sense of Cyber Power: Why the Sky Is Not Falling, par Colin Gray, SSI.
Cyber is now recognized as an operational domain, but the theory that should explain it strategically is, for the most part, missing. It is one thing to know how to digitize; it is quite another to understand what digitization means strategically. The author maintains that, although the technical and tactical literature on cyber is abundant, strategic theoretical treatment is poor. He offers four conclusions: (1) cyber power will prove useful as an enabler of joint military operationsl; (2) cyber offense is likely to achieve some success, and the harm we suffer is most unlikely to be close to lethally damaging; (3) cyber power is only information and is only one way in which we collect, store, and transmit information; and, (4) it is clear enough today that the sky is not falling because of cyber peril. As a constructed environment, cyberspace is very much what we choose to make it. Once we shed our inappropriate awe of the scientific and technological novelty and wonder of it all, we ought to have little trouble realizing that as a strategic challenge we have met and succeeded against the like of networked computers and their electrons before. The whole record of strategic history says: Be respectful of, and adapt for, technical change, but do not panic.
J'ai toujours estimé Colin Gray, que j'ai lu il y a maintenant quelques années (voir fiche de lecture).
Voici ce que j'en avais tiré à propos du cyber :
- Nombreux sont ceux qui voient alors des ressemblances entre le milieu nucléaire et le milieu cyber : ils partagent surtout l’illusion que ce nouveau milieu, comme tous les nouveaux milieux lors de leur apparition, engloberait tous les précédents : cela entraînerait, dès lors, par une sorte de nécessité, la règle selon laquelle celui qui domine le nouveau milieu domine l’ensemble du spectre stratégique et va donc gagner la guerre. C’est une illusion, dénoncée depuis longtemps par Colin Gray. Un nouveau milieu accroit la complexité de la stratégie générale, il rétroagit sur les autres milieux, mais il ne suffit pas par lui-même à assurer la domination totale. Cela ne signifie pas cependant qu’il faut le minorer : la complexité accrue nécessite un effort de réflexion stratégique, comme le nucléaire l’exigea en son temps. (billet)
- L'apparition de nouvelles sphères (technologiques, puisque c'est la technologie, donc l'artificialisation, qui permet de conquérir ces nouveaux espaces) amène de nombreux théoriciens à expliquer que "ça révolutionne" : et finalement, comme nous l'explique Colin Gray (voir fiche de lecture), cela ne révolutionne pas, tout juste cela complique-t-il les choses : en effet, chaque nouvelle sphère nécessite une théorisation de son espace stratégique, mais aussi de ses interférences avec les sphères déjà existantes, soit par intersection, soit par conjugaison. Toutefois, cela ne les rend pas seulement plus compliquées, mais aussi plus complexes. Car une sphère n'entoure pas aussi simplement la précédente qu'il y paraît. Je passe sur la distinction sphère matérielle ou immatérielle, et même sur la succession telle qu'elle est présentée sur le schéma, puisque les deux sont critiquables. (billet sur les sphères stratégiques)
Je reviendrai un de ces jours sur l'ensemble du texte, une fois que je l'aurai complètement lu.
O. Kempf