Je n’ai jamais été une grande défenseuse de « pour combattre la violence, il faut de la violence X10 pour encore plus choquer et sensibiliser ». C’est un point de vue sans doute pertinent, mais il faut se dire que ce n’est pas la seule solution.
Et je n’ai jamais non plus été fan des artistes qui vendent leur clip en exclusivité à des journaux. Merci les contrats et les sous qui vont avec. Bref.
Indochine « choque » le web avec son clip « College Boy » réalisé par Xavier Dolan. Dolan on en parle beaucoup au Québec, et surtout à Montréal comme étant certes un réalisateur extrêmement talentueux, mais très péteux. Il est très « à la mode », un peu comme Romain Gavras à l’époque.
Pour vous raconter une anecdote, il était mis à l’honneur aux Rendez-vous du Cinéma Québécois (où il a invité Half Moon Run) et a insisté pour mettre un espace VIP (ça se fait pas trop au Québec) envahissant toute la partie droite de la scène. Les invités allaient et venaient, chaussures sur les fauteuils, parlant fort, débouchant des bouteilles de champagne toutes les 5 min. Voilà un peu le personnage.
Dolan utilise le combo vu et revu : noir et blanc + slow motion, et pourtant les images sont belles et poignantes. Je ne peux pas en dire autant du thème de l’harcèlement, et de la violence à l’école. De ce phénomène de groupe et d’aveuglemen conscient quand un camarade se fait tabasser par une bande de petits « voyous » (Sarko c’est pour toi). De ces images sanglantes et ultra violentes qui sont montrées dans ce clip. De cet enfant qui se fait martyriser sous le regard des autres sans que personne ne vienne lui porter main-forte ou ne se dresse entre lui et ses agresseurs. Et cette scène horrible de crucifixion où l’on se retrouve spectateur impuissant d’une scène d’une rare violence.
Pourtant on peut se demander si ce phénomène de « bullying » très en « vogue » aux Etats-Unis est autant actuel en France qu’en Amérique du nord ?
Et forcément toutes les problématiques habituelles sont soulevées : est-ce que montrer de la violence (très violence) peut la stopper ? Est-ce que faire dans la provocation et l’extrême peut avoir un effet sur les consciences ? Est-ce qu’il était nécessaire d’en montrer autant ? Est-ce qu’il faut s’interposer si on sait qu’on va alors aussi subir les coups ? Les armes à feux à l’école ? La responsabilité civile des harceleurs ? La responsabilité des adultes ?
S’il n’a pas le mérite de me plaire et de me séduire, ce clip a au moins le mérité de soulever des questions qui sont souvent mises en bas de la pile de dossiers et de pointer d’un doigt bien gras ce phénomène d’intimidation qui se transforme rapidement en humiliation publique puis violente.
On doute fort qu’Indochine cherche à faire buzzer sa vidéo, car le succès ils ont en suffisamment, et ça depuis des dizaines d’années. Nicolas Sirkis a toutefois affirmé vouloir diffusé cette vidéo dans les écoles. Comment dire ?? C’est plus la démarche de Dolan sur laquelle je m’interroge.
Je pourrais encore vous écrire plusieurs pages de questionnements, mais je pense que les journaux vont très bien faire ça à ma place. Ce promet encore beaucoup de débats sur la toile dans les prochaines semaines, entre les détracteurs, et les défenseurs de la cause-indochinoise.
Clip à visualiser ici :
http://www.leparisien.fr/musique/indochine-le-clip-choc-02-05-2013-2773375.php