Au sortir du théâtre l'autre soir, nous revint à l'esprit l'expression de l'un de nos anciens professeurs d'art dramatique qui disait lorsqu'un travail présenté ne lui semblait pas abouti : "En costumes, avec de la lumière et des décors derrière, ça devrait aller"... Dans le cas qui nous intéresse ici, la troupe emmenée par Cyrielle Clair aura eu beau envahir la minuscule scène des Petits Mathurins de nombreux éléments de décors et tenté d'épater la galerie avec maint changements de tenues, l'amateurisme et l'approximation de la représentation à laquelle nous assistâmes demeurèrent flagrants...
Un mot de la pièce, peut-être ? Hippolyte Wouters, écrivain belge, évoque en quelques tableaux, et en alexandrins, le destin de Ninon de Lenclos qui fut une grande amie de Françoise D'Aubigné, avant que cette dernière ne devienne Madame de Maintenon, et met en parallèle le parcours de ces femmes. L'une amoureuse de la vie, l'autre du pouvoir, toutes deux étonnement indépendantes et modernes pour le XVIIème siècle qui les vit exister.
N'est pas Françoise Chandernagor ("L'Allée du Roi") ou Jacques Rampal ("Célimène et le Cardinal") qui veut. Cependant la partition, sans être palpitante, n'a rien de honteux. L'écriture est appliquée. Les vers sont troussés avec une certaine adresse. L'ensemble manque de virtuosité mais le moment eut pu se révéler plaisant s'il avait été porté par des comédiens plus aguerris.
Or la technique du vers et plus généralement celle du plateau font cruellement défaut à chacun des membres de la distribution (Cyrielle Clair, Pauline Macia, Sacha Petronijevic, Sylvain Clama). Nous n'entrerons pas dans les détails... Disons que l'on oscille tout du long entre maladresse et fausseté. On récite sans jouer. On met des points à chaque fin de vers... Très vite la curieuse sensation d'assister à une représentation de fin d'année nous envahit.
Les postiches grossiers ou la déco BHV n'aident pas non plus...
On pourra donc s'abstenir.
"Ninon Lenclos ou la Liberté". Jusqu'au 29 juin.
Photo : Lot