"Les Innocents", plus joli à mon goût le titre original : "The Dreamers". On pourrait dresser la liste des références musicales, le film de prime abord ressemble d'ailleurs un peu à un quizz. On aime bien l'exercice. Surtout quand les révisions sont récentes (Janis Joplin, Pierrot Le Fou), quand les solutions suivent (Bande à part), et qu'on peut éviter d'avoir un gage (se masturber en public, réaliser un coït avec une vierge siamoise).
Le jeune Michaël Pitt (Matthew) arbore un visage qui prend de l'intérêt à mesure que le quizz avance. Louis Garrel (Théo) n'est pas gâté par le scénario, Eva Green (Isabelle) laisse les garçons innocents jouer avec son briquet. Trois acteurs dont la nudité est offerte à la caméra, question d'histoire : durant quelle période voit-on se libérer le corps, les fantasmes monter les barricades et l'inceste fleurir sur les tas d'ordure ?
Dans le film, on connaît les parents d'Isabelle et Théo : Robin Renucci et Anna Chancellor. Dans la vie, on a une chance si on suit la rubrique people. Eva, fille de Marlène Jobert et de ... Réponse sur ado.fr : un dentiste suédois. Louis, petit-fils de Maurice, fils de Philippe et de l'actrice-script... Brigitte Sy. C'est plus de la question blanche ça. Même pour le super banco, c'est raide.
Il y a pas mal de scènes jubilatoires dans le film, j'aime beaucoup celle où les parents se glissent dans l'appartement pour découvrir qu'il n'est devenu qu'une métaphore du dehors : immondices, cave pillée, le frère, la soeur et leur ami endormis nus sous la toile. Ils finissent par repartir discrètement après avoir laissé un chèque à la progéniture.
A part ça, le film dit un petit quelque chose sur l'époque : la violence amène la violence, ah bon.
Le titre du film est une véritable défi au slogan de 68 "l'imagination au pouvoir". On se souvient des Innocents d'André Téchiné, oublié "The Innocents", avec Miss Kerr, scénario de Capote.
Les variantes innombrables : "Jeune et Innocent" d'Hitchcock, "Les (Sorciers) Innocents" de Wajda", "Les Innocents (aux mains sales)" de Chabrol, "Innocents et coupables", etc.
Pour ce qui concerne le titre original, Orson Welles avait travaillé sur un projet du même nom. Enième clin d'oeil de Bertolucci, on n'en doute pas.
"The Dreamers" est adapté d'un roman de Gilbert Adair (courageux traducteur de "La Disparition" de Perec). "The Holy Innocents" était le titre original du livre, les rééditions ont pris le titre du film pour profiter de l'aspiration.
Plutôt que de discourir et de vous faire perdre votre temps, si j'étais honnête, je me contenterais de traduire cette discrète note de bas de page tirée d'un article intitulé "Worst Tango in Paris" :
"I will say that Eva Green does have important hooters. They're big in proportion to her slender, girlish body, but absolutely real, and just saggy enough remind porn-numbed American audiences that even young girls are naturally subject to gravity. In short, they're marvelous, and will probably soon be all that remains in my memory of The Dreamers." En gros, vous vous souviendrez de la poitrine d'Eva et du fait que la loi de la gravité s'applique même aux jeunes femmes.