Le Dr Louis J. Ptáček, professeur de neurologie à l’UCSF et auteur principal de l’étude rappelle que la migraine, dont les causes sont encore mal connues, affecte de 10 à 20% de la population et provoque d’énormes pertes de productivité, une dégradation de la qualité de vie et jusqu’à » des souffrances immenses ». Ses symptômes typiques sont le mal de tête, une augmentation de la sensibilité à la douleur et une hypersensibilité aux stimuli légers et l’aura, une sensation visuelle qui annonce la crise. Ici, son équipe démontre le rôle clé de la mutation liée dans le développement de la migraine chez l’homme, sur un modèle de souris de la migraine et sur des lignées cellulaires en laboratoire. La mutation identifiée, l’est dans un gène déjà connu CKIdelta (ou gène de la caséine kinase I delta).
Ensuite, sur une lignée de souris modèles porteuses de la mutation, les chercheurs, sans pouvoir mesurer les maux de tête chez la souris, démontrent la présence d’autres symptômes de la migraine, comme un seuil de sensibilité abaissé à la douleur.
Enfin, un autre élément de preuve est une dépression corticale envahissante comme une vague de silence de signalisation constatée dans le cerveau après une stimulation électrique (Voir vidéo ci-contre). L’imagerie cérébrale fonctionnelle montre ainsi, chez les personnes atteintes de migraine avec aura, que dans les lobes occipitaux les changements dans la circulation sanguine se propagent à la même vitesse que cette « dépression corticale envahissante ». Dernière preuve, les astrocytes, des cellules cérébrales essentielles au bon fonctionnement du cerveau et à la santé neuronale montrent, chez des souris modèles une augmentation de la signalisation calcique.
Si la mutation CKIdelta est loin d’être la seule mutation susceptible d’être associée à la migraine, c’est la première mutation identifiée. Et, au-delà de l’identification essentielle de la mutation, une meilleure compréhension de la voie moléculaire de douleur dans la migraine, donc un espoir de meilleurs traitements.
Une étude récente, publiée dans la revue Epilepsia avait démontré que l’épilepsie et la migraine sont deux pathologies influencées par des facteurs génétiques, avec une susceptibilité commune. Une autre étude génétique, publiée dans Nature Genetics avait identifié, en comparant l’ADN de 9.000 migraineux, des régions de l’ADN ou SNPs qui semblaient être associées aux migraines.
Source: Sci Transl Med 1 May 2013 DOI: 10.1126/scitranslmed.3005784 Casein Kinase Iδ Mutations in Familial Migraine and Advanced Sleep Phase(Illustration "Migraine" by Dr. Emily Bates- Vidéo @ Andrew Charles “ Dépression corticale envahissante liée au processus physiologique de la migraine avec aura »)