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Le monde crève de faim et la France dans tout ça ?

Publié le 18 avril 2008 par Edwilliamson


Crédits : Ernst Schade/ Hollandse Hoogte, sur flickr

Ça y est, c’est parti. On se demandait quand ça allait péter, et ben c’est maintenant. L’incommensurable écart de richesses entre le Nord et le Sud, les restes du colonialisme qui se cachent derrière le terme “capitalisme”, l’enthousiasme pour les biocarburants et la récente crise financière mondiale, «je le dis solennellement : cette conjonction des périls fait courir au monde un risque sans précédent.» disait M. Jacques Chirac avant-hier dans Libération.

La partage des richesses entre, schématiquement, les pays du Nord, les plus riches, et les pays du Sud, plus pauvres, est une réalité depuis des lustres. Le Nord garde tout pour lui, et le Sud ramasse les miettes, et parfois moins. C’est délicat de parler de ce problème, parce que tout le monde le sait, tout a été dit, et pourtant on est à peu près convaincu qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin de l’Humanité. Alors je ne vais pas vous écrire un réquisitoire contre les méchants capitalistes pas beaux et les pauvres petits Africains qui ont faim, parce que le risque de tomber dans le mélodramatique et de réduire les Africains à des pauvres affamés et les Occidentaux à de riches égoïstes est trop grand, je n’ai pas la plume assez fine pour éviter ça.

Alors je vais me poser la question que vous vous posez tous : est-ce que la crise de la faim peut atteindre notre cher et beau pays, la France ?

C’est difficilement concevable, en tout cas à grande échelle (car je vous rappelle quand même que des gens crèvent de faim en France depuis des siècles, je n’ai pas de chiffres, mais le nombre de personnes qui ne se nourrissent pas assez doit déjà être inquiétant). Mais on pourra en ressentir les effets d’ici peu.

Les pays touchés par la famine et les “émeutes de la faim” sont paradoxalement des pays qui produisent la nourriture dont ils manquent (blé, riz …). Ces denrées alimentaires sont malheureusement souvent leur seul bien exportable. Ils ont besoin de l’exporter pour pouvoir importer en retour des denrées tout aussi indispensables. Vous vous souvenez peut-être de vos cours de 4ème sur la colonisation. C’est aussi ce qui me revient en mémoire. Je vais simplifier, au risque de caricaturer, mais j’ai l’impression que le capitalisme est une espèce de colonialisme économique : on a tout fait pour que les pays du Sud soient dépendants économiquement des pays du Nord (en ne leur donnant pas les moyens de produire les biens essentiels qu’on leur vend), pour éviter que de nouveaux concurrents se présentent sur leurs marchés préférés et garantir leur pouvoir. logique implacable. Ultra-capitalisme quand tu les tiens par les couilles …

Mais les émeutes de la faim pourront se traduire par une réduction des exportations des denrées alimentaires produites par ces pays, ce qui, sous le règne de l’auto-proclamé “Président du pouvoir d’achat” (sic) nous promet de nouvelles coupes substantielles dans notre budget-bouffe.

M. Chirac, qui, rappelons-le quand même, avait défendu la “cause africaine” aux grandes réunions internationales (Chirac était vraiment très bon lors de ces réunions, il faut bien l’avouer). On peut se demander ce qu’il a vraiment fait pour lutter contre la faim dans le monde lors de son mandat, mais je ne me lancerai pas là-dedans, parce que ce serait chiant et inutile. Bref, M. Jacques Chirac clame que des solutions existent :

“Le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies, qui devrait se tenir au plus tôt sur la crise alimentaire mondiale, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter la déstabilisation des Etats les plus menacés.

L’Europe et les Etats-Unis ont enfin annoncé le déblocage d’une aide d’urgence au profit du Programme alimentaire mondial. Je ne doute pas que les autres grandes puissances, membres du G8, pays émergents et pays de l’OPEP qui tirent des rentes exceptionnelles de l’augmentation du prix du pétrole, auront à coeur de prendre toute leur part de cet effort immédiat de solidarité.” J. Chirac, publié dans le Libération du 16 avril 2008.

Avant de préciser que ces efforts ponctuels de solidarité ne suffiront évidemment pas et qu’il faut «une véritable révolution des modes de pensée et d’action en matière de développement, notamment dans le domaine agricole». En ancien Ministre de l’Agriculture, M. Chirac désire que toutes les terres agricoles exploitables le soient, que l’on donne les moyens aux pays en proie aux crises les moyens d’assurer leur autosuffisance alimentaire, que la concurrence débridée soit éliminée du paysage économique mondial, qu’il faut investir à long terme dans la recherche, qu’il faut rendre équitables les échanges mondiaux, qu’il faut de nouvelles sources de financement pour les pays en développement et de citer l’exemple de la taxation des billets d’avion en direction de ces pays. Que de brillantes idées ! Bravo M. Chirac ! Dommage que vous ne soyez plus Président ! Votre successeur aura-t-il votre grandeur d’esprit et le courage nécessaire pour défendre les plus pauvres de la planète quand il donne 15 milliards aux Français les plus riches et fait de économies sur le dos des Français les plus pauvres ? Personne n’en doute !

A cela s’ajoute les fameux biocarburants. Manger ou conduire, il faudra bientôt choisir ! Les importations de blé, de soja et d’autres trucs qui font miraculeusement tourner les moteurs des BMW du monde entier ont vider les stocks de denrées alimentaires de beaucoup de pays du Sud. Et voilà qu’on remet en cause le fait que les biocarburants soient au final moins cher que le pétrole ! Bravo (encore!) la science au service des entreprises, elle nous promet une chose et nous affirme le contraire 6 mois après, entre-temps elle a asséché les gosiers des enfants de Somalie (ou fait ingérer des OGM à des millions de personnes, sans qu’on connaisse les conséquences de ces modifications de la Nature sur notre organisme). Bravo !

Un peu exagéré, c’est vrai, mais ça m’énerve.

La France n’a donc pas à s’en faire, on a la chance d’être un pays du Nord, avec toutes les ressources nécessaires pour faire pousser notre propre bouffe. Notre pouvoir d’achat va diminuer, on aura moins de tout, mais au moins on survivra.

Je voudrais rassurer les peuples qui meurent de faim dans le monde : ici, on mange pour vous. (Coluche)


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