Durant l’été 2012, Kid Cudi annoncait via Twitter : « mon nouvel album s’intitule Indicud, ça sera ma version de The Chronic 2001. » En soi, il s’agissait plutôt d’une bonne nouvelle, tant son travail demeure observé (de près ou de loin), depuis ses opus Man of The Moon I & II. Puis forcément, l’annonce d’un nouvel album d’un artiste qu’on sait talentueux laisse toujours – (au départ) – présager le meilleur. Encore plus quand ce dernier se compare au classique hip-hop qu’est devenu The Chronic 2001 du célèbre Dr. Dre. C’est avec un total de 18 titres qui agrémentent cette galette et succèdent au pâle WZRD (album éponyme du »projet » lancé par Kid Cudi avec Rock Da Genius). Alors, me direz-vous mais au final cet album, que vaut-il ? Réponse dans les lignes qui suivent.
- Kid Cudi, artiste multifacette ?
Kid Cudi est-il un simple chanteur ? La réponse est non. Lui même l’a avoué concernant cet album : jamais il ne s’est jamais autant investi :
« J’ai produit certains sons, d’autres où je suis auteur… »
Le Kid ne se définit donc plus par son simple rôle de chanteur/auteur, mais explore ainsi des territoires inconnus comme la production. Malheureusement, soyons franc, c’est un échec. À vrai dire, on ne s’improvise pas producteur comme on le souhaite et sans vouloir vexer le Monsieur, on comprend vite que derrière il n’y a pas le »talent » d’un Dr. Dre. Il suffit pour cela de tenter d’écouter l’album d’une traite, ce qui relève d’une lutte constante, tant l’ensemble manque homogénéité.
Certains morceaux partent dans tous les sens tel « The ressurection of Scott Mescudi » (parfait pour donner le mal de crâne). Mais c’est également au niveau du rythme que l’album ne fonctionne pas. En effet, celui-ci reste ancré dans une atmosphère »léthargique » pendant la majeure partie. En témoigne « Afterwards« , balade de 9 min sur une boucle unique devenant au fur et à mesure de l’avancée une sorte d’expérimentation ratée de Pink Floyd. L’ensemble, mis à part quelque titres, devient assez vite ennuyant.
- Un véritable album hip-hop ?
Indicud est un album qui au final, continue dans la continuation de l’expérimentation déjà entamée sous WZRD, le tout combiné à une ambiance déjà ressentie dans Man Of The Moon II, notamment avec « Immortal ». Véritable tube en puissance, qu’on aurait pu facilement imaginer sur un des opus précédents.
On varie ainsi tout au long de l’écoute entre les frontières du rock « Unfuckwittable », de la pop, voir du dubstep à certaines occasions mais l’ensemble s’inscrit en majorité dans la veine hip-hop, comme en témoignent les featurings nombreux. On retiendra surtout ici « Beez » pour la dextérité de RZA, « Brothers » avec King Chip et A$AP Rocky. Par contre on passera sur Solo Dolo II, pas assez percutante et à l’instu particulièrement mauvaise malgré la présence de Kenrick Lamar.
« King Wizard » et « Just What I Am« démontrent tout le talent de Cudi, et témoignent surtout de ce qu’il fait de mieux : de la simplicité pure et dure. Pas de superflu, une production correcte, et un bon débit. Il n’en fallait pas plus pour montrer que Kid Cudi est toujours là et demeure un artiste majeur de cette scène hip-hop.
- Indicud : OVNI ou second WZRD ?
Indicud reste cependant un OVNI musical. Kid Cudi assume ses choix et tranche complètement avec tout ce qui se fait aujourd’hui. Après l’écoute, certains crieront au génie de cet album dont on reparlera 5 ans plus tard comme un classique. D’autres hurleront à la médiocrité et clameront que l’expérimentation a assez duré.
Quoiqu’il en soit, au regard de cet ambitieux projet de vouloir réaliser son Chronic à lui, certes ici mitigé, Kid Cudi continue à se lancer des défis après WZRD (que cela plaise ou non) plutôt que de nous servir une collection de tubes identiques. C’est cette volonté même « d’évolution » qui fait la force d’Indicud mais également sa principale faiblesse. Dommage.