D’hier à aujourd’hui

Publié le 01 mai 2013 par Goure

Il y avait autrefois , à Ampus, tous les commerces nécessaires à la vie en communauté.
J'ai connu, dans ma jeunesse, trois épiceries dont une épicerie coopérative ,  autant de boulangeries dont l'une coopérative : on portait son blé et on avait un équivalent en pain , le tout inscrit sur un carnet tenu par Julia Dauphin qui était la gérante du  magasin. Il y avait une boucherie , Grand-Rue, dont le dernier boucher fut Auguste Sicard,  ami de la famille . Mes parents ont connu l'époque où il y avait deux boucheries.
Toujours dans la Grand-Rue , il y avait l'échoppe du coiffeur, lequel coiffeur était  également artiste à ses heures et jouait du violon
.
Mon grand-père maternel , Fortuné Villeneuve 1883/1953 ,  avait une petite échoppe de cordonnier , Grand-Rue.Pendant la guerre (39-45) il m'avait  fait une très belle paire de bottines en cuir. J'aurais dû être contente et le remercier . Mais non , comme mes camarades avaient , à l'époque , du fait des restrictions de la guerre, des galoches avec semelles de bois, j'étais jalouse de ne pas en avoir et je maudissais mes bottines en cuir !
Rue-Neuve se trouvait la boutique de M. Bagarry , menuisier. Sans doute faisait-il des meubles, mais pour ma part , il est celui qui faisait les cercueils qu'on appelait communément "caisses". Dès que quelqu'un décédait , on faisait appel à lui et non aux Pompes funèbres de la Dracénie.Le corbillard , orné de noir , tiré par un cheval  , servait le lendemain à enlever les ordures...Vous cherchez peut-être des conduites écologiques , vous n'avez qu'à regarder comment vivaient nos ancêtres...Simplement.
Je n'ai pas connu le Cercle situé au début de la Rue-Neuve  , mais j'en ai entendu souvent parler par mes parents. Il paraît qu'il s'y tenait des réunions politiques, en plus de sa fonction de bistrot.Vous voyez qu'Ampus ne manquait pas de dynamisme....Il y avait également un hôtel, mais je ne l'ai pas connu. Par contre, je me souviens de l'époque plus récente avec trois restaurants : La bonne Auberge à la sortie du village route de Châteaudouble  tenu par la famille Richard, La Roche-Aiguille créé par la famille Mortolini, puis tenu par la famille Wertz , La Roche Aiguille que le Noélis a remplacé  et enfin 3° La Fontaine sur la place de la mairie tenu par Alexandra et Marco , les trois restaurants  ont régalé Ampus et la Dracénie.  Ce  n'était pas la crise , les gens s'offraient des plaisirs qu'ils sont obligés de se refuser aujourd'hui.
Autres métiers : La Sécurité sociale n'existait pas encore ou était depuis peu en fonction,  on ne faisait venir le docteur de Draguignan qu'en cas de nécessité absolue.Parfois trop tard...hélas. La bobologie n'avait pas encore droit de cité... Pour les accouchements, il y avait une sage-femme qui a fait naître sans problème bon nombre d' Ampusians jusque dans les années 20 environ.Les femmes accouchaient à la maison, ce qu'a fait ma mère , Henriette Dauphin , en 1935, mais pour ma soeur en 1945, elle a accouché à la clinique Médicis à Draguignan. En 10 ans les temps avaient changé...Ensuite ce fut le temps du Dr Laurent , de Flayosc, qui  a soigné les Ampusians avant que ne s'installe au village  le Dr Chilli.
Dans la liste, n'oublions pas le maréchal-ferrant , M. Pellapore ,dont la forge était installée Rue-Neuve, face à la fontaine. Je me souviens très bien de l'odeur de cuir brûlé lorsque M. Pellapore forgeait les chevaux. L'école se trouvait à quelques pas et nous nous arrêtions volontiers les jours de forge; c'était un spectacle haut en couleurs qui me plaisait.Et que j'évoque volontiers.
Je pourrai ajouter encore d'autres commerces, mais je terminerai par mon père Emile Dauphin 1908/1995 et son frère Firmin  , apiculteurs. Ma mère , Henriette Dauphin 1914/1998 ,   vendait le miel aux Ampusians et aux touristes. Oui ! Il y avait alors des touristes à Ampus dans les années 50. On y venait de Draguignan!!! pour faire changer d'air aux enfants chétifs d'après guerre. On y venait de Paris , oui !!, en location pour un mois, juillet et août . On y venait de Marseille , de Nice ou de Monaco.. Je ne vous raconte pas des blagues, mais la vérité . Le blog témoignera du passé d'Ampus lorsque je ne serai plus là. C'est d'ailleurs pour cela que je le rédige.
Le miel Dauphin, miel de lavande exclusivement, était vendu également à Nice et à Grenoble , ce qui me valut de connaître Nice où mon père m'emmenait parfois.Ouverture sur le monde qui m'a marquée à jamais.
Ampus fut et est encore un  village producteur de truffes.Cliquez et  lisez l'article écrit en 2007

Si je me suis replongée dans le passé ampusian , c'est que ce mercredi 1° mai , je suis passée devant une ancienne devanture de boucherie  Grand-Rue. Elle est dans un piètre état de délabrement. Les crochets auxquels étaient suspendus jadis les animaux tués , des moutons essentiellement , ne demandent qu'à tomber pour peu qu'un malotrus trouve  amusant de tirer dessus ou que le temps fasse son oeuvre. Les carreaux rouges, brillants  sont abîmés. Bref , bientôt il ne restera plus rien de ce passé ampusian.
Ne pourrait-on demander l'autorisation  au  propriétaire de restaurer la devanture , ou tout au moins de limiter les dégâts,   et même de  mettre une petite plaque  "Ici se trouvait une boucherie". L'APPA  pourrait-elle envisager d'étudier les quelques devantures intéressantes avant qu'il n'y ait plus de témoignage  du passé ? Je suis sûre que les nouveaux arrivants et les touristes éventuels regarderaient Ampus d'un oeil nouveau.

Regardez les deux photos :
La première appartient au livre de M. Faure , page 39, livre paru en juillet 2000.

La 2°a été prise le 1° mai 2013. En une quinzaine d'années , constatez les dégâts.Comptez le nombre de carreaux sur les deux photos ainsi que le nombre de crochets.