Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration) , trackback
Le musicien qui s'acharne sur le piano désossé, clavecin vidé de sa substance pour un opéra sans petit rat. Bach joue ses cantates et chopin noie son chagrin dans des nocturnes obscures. Ribambelles de notes légères et éternelles. Les airs de la vie mais qui s'en soucie.
Le musicien qui écoute le bruissement lent de ces partitions existencielles, ce remue ménage de méninges où défilent toutes ces croches accrochées au plafond de la réalité et qui s'évanouiront d'un trait. Il lui suffit d'une craie pour les graver.
Le musicien qui réfléchit trop et par peur ne fait rien, toujours à quai, des bagages à ses pieds et qui regarde passer des passagers cartes d'embarquements à la main pour des jours qui succèdent aux demains. Le musicien condamné à vivre dans l'obscurité, magicien d'Oz sans possibilité de métamorphose, bailloné par la force des choses. Le musicien muet qui ne dit jamais rien, rien qui pourrait troubler le cours de tous ces destins. le musicien que finalement personne ne connaît mais si souvent défiguré sur ce quai.
L'inconnu du quai n'est plus, voie 12, un voyageur embarqué l'a peut-être un peu trop bousculé, atterrissage sur la voie electrifiée, mort instantanée. Les pompiers sont arrivés, c'était trop tard. La jeune fille aux yeux noirs est arrivée, elle a hurlé. C'était son musicien, celui qui lui jouait des drôles d'airs le soir.
Le musicien est mort et tout le monde s'en fout. la jeune fille qui pose ses doigts sur le piano désossé et compose un air désenchanté. toujours quelqu'un pour vous jouer ce refrain, le refrain qu'on oublie jamais. La relève est assurée.