Quelques images de ma dernière exploration où l'on découvre que les projets alternatifs tiennent toujours tête au grand Capital du béton…
Sur ce lieu va se construire une sorte de village alternatif, question d'occuper à sa manière les rives de la Spree. Ce projet est porté par le club lui-même, qui lui, a échappé de peu à la disparition. Les bières ont déjà livrées, les guirlandes de lumières faites avec des seaux en plastique colorés sont installées, ouverture prévue aujourd'hui premier mai…
Mais au pied du chantier, un jardin urbain s'est installé et dans le petit coin de verdure restant, j'ai découvert le projet "Ackerspree" (cultiver la Spree), un projet de permaculture urbaine, développé par id22, institut pour le développement durable créatif. Dans une petite baraque de chantier, leur bureau et sur la petite plage, des bancs en palettes, un foyer en pierre pour les feux de camp, et disséminés partout des parterres de fleurs et de potagers…
Tout de suite après avoir traversé le pont pour rejoindre l'autre rive et retourner sur ces lieux où je n'ai plus mis les pieds depuis de longs mois, j'ai fait un arrêt au Kater Holzig (le matou de bois), encore un club électro et un restau, les pieds dans l'eau et le nez dans une vieille cheminée d'usine… Le club lui-même était fermé mais pas son kiosk, une cabane de récup, un drôle de bar d'où la musique lancinante s'échappait. A Berlin, il n'y a pas d'heures pour sentir les pulsations de la musique traverser son corps et boire une bière…
J'ai poursuivi mon chemin en évitant les camions de chantier pour rejoindre juste à côté le site de l'ancien Kiki Blofeld. Je ne m'attendais pas à découvrir le projet évoqué plus haut : Ackerspree
En parlant avec Mickael, un Berlinois américain du projet id22, j'ai appris l'existence du camp de yourtes et de tipis, leurs voisins installés depuis 7 mois sur un espace encore public. Il m'a fallu juste me faufiler sur un petit chemin, pousser quelques branches d'arbre pour le découvrir. Leur camp a des frontières bien marquées : la Spree d'un côté et des barrières métalliques qui les séparent d'une vielle usine de briques, sur un terrain privé donc. J'ai été accueillie par Oliver, un Anglais et Roh (je ne sais pas si son prénom s'écrit comme ça), un Lituanien qui m'ont fait visiter leur territoire… Trois yourtes, cinq tipis, une cabane pour la cuisine collective et servant aussi de refuge aux hôtes de passage. Seul un tipi n'avait pas de foyer pour se chauffer. Ils m'ont montré l'emplacement d'une cabane détruite et qui était occupée par des punks allemands mais qui ont été priés de déplacer leur manque de sociabilité ailleurs… Une nouvelle yourte sera prochainement montée à cet emplacement. Comme la vie dans le camp se veut communautaire, tous choisissent d'accueillir ou non un nouveau résident. "To be friendly" est le critère n°1. Question confort, c'est sommaire : pas de toilettes, ils vont pisser dans le terrain alentour ou vont dans les toilettes publiques de l'Ostbahnhof, de l'autre côté de leur camp. Peut-être que leurs voisins d'Ackerspree pourraient les aider à installer des toilettes sèches…
L'intérieur de l'usine dont tous les murs sont taguées
Fenêtres avec vue
Dehors, des bombes de peintures jonchent le sol au milieu de rats et de pigeons crevés, tandis que des Roms rejoignent leur "tannière" dans l'usine avec leurs trouvailles - Au loin passe un groupe d'architectes en séminaire, venant voir sur le terrain, "l'effet Berlin".
Ces lieux présentés ici auront déjà changé d'ici quelques semaines, quelques mois : l'immeuble en construction sera fini, les plantes auront poussé, le club 25 sera envahi de clubbeurs du monde entier et le camp pourra peut-être passer un deuxième hiver à l'ombre de la grande fabrique… Berlin change et reste malgré tout la même (même si parfois j'ai eu des doutes) : Berlin est bien une ville vivante, alternative, optimiste et rebelle… "Berlin, du bist so wunderbar", comme le proclame une pub pour une bière berlinoise et une chanson que j'adore… Une sorte de rap multikulti et un clip, euh, comment dire… kitsch und trash à souhait !C'est le premier mai aujourd'hui, je me prépare à retourner sur ces lieux qui ouvrent leur saison aujourd'hui et à me joindre ensuite à 18H00 à la manif… Presque un jour normal à Berlin…