Pacifique : Un «continent de plastique» de 3,4 millions de km2

Publié le 01 mai 2013 par Eldon
Article d’Idealmag Ce qu’on appelle le «7e continent», est une gigantesque plaque de déchets plastiques  flottant sur l’océan Pacifique, plus grande que l’Inde mais encore largement méconnue.
Patrick Deixonne, 48 ans, avait découvert en 2009 le phénomène lors de sa participation à une course en solitaire à l’aviron. «Je voyais tous ces déchets plastiques qui dérivaient autour de moi. Ca m’étonnait et je me suis demandé: ‘mais ça va où tout ça?‘», explique à l’AFP M. Deixonne à l’occasion d’un passage à Paris pour préparer son aventure. Revenu à terre, l’ancien sapeur-pompier de Guyane (territoire français en Amérique du Sud) se documente et trouve la réponse: ces déchets plastiques s’amalgament au point de rencontre de courants marins qui s’enroulent sous l’effet de la rotation de la Terre et forment un immense vortex appelé gyre.
Au total, des millions de tonnes de déchets venus des côtes et des fleuves flottent dans les cinq principaux gyres répartis dans tous les océans, la force centripète aspirant lentement les détritus vers le centre. Un gigantestque vortex de microdéchets sur 3,4 millions de km2.
Déchets récupérés en septembre 2007 © Oceanographic Research Vessel Alguita
Cette soupe est essentiellement composée de microdéchets de plastique décomposé en suspension sous la surface de l’eau, parfois sur 30 mètres de profondeur. Très difficilement détectable par les observations satellites, elle est seulement visible depuis des bateaux. Selon le CNES, l’agence spatiale française qui parraine la mission «7e continent», le vortex du Pacifique nord, entre la Californie et Hawaï, est l’un des plus importants de la planète, avec une surface d’environ 3,4 millions de km2.
Sous l’effet des courants marins, les déchets provenant des littoraux et des navires, flottent pendant des années avant de se concentrer dans deux larges zones connues sous les noms de « Plaque de déchets du Pacifique est » (Eastern Pacific Garbage Patches) et « Plaque de déchets du Pacifique ouest » (Western Pacific Garbage Patches). Ces deux plaques forment la « Grande plaque de déchets du Pacifique » (Great Pacific Garbage Patch), un monstre dont la taille aurait déjà triplé depuis les années 90 et qui s’étendrait comme un tiers de la superficie de l’Europe ou encore six fois la superficie de la France !Il est estimé que ce « continent » de déchets totalise un poids de 3,5 millions de tonnes et jusqu’à 750 000 débris par km² ; Greenpeace évoquait fin 2006 près d’un million de déchets par km² dans son rapport sur les débris plastiques et la pollution des océans.

Expédition « 7ème continent »

Patrick Deixonne À l’assaut du «continent de plastique» du PacifiqueDepuis sa découverte fortuite par l’océanographe américain Charles Moore en 1997, cette nappe de débris plastiques n’a fait l’objet que de quelques études visant à étudier l’impact de la pollution sur les océans et leur faune.

Membre de la Société des explorateurs français, Patrick Deixonnesouhaite donc médiatiser cette «catastrophe écologique» en se rendant sur place pour en rapporter observations scientifiques et images.  L’expédition doit partir le 20 mai d’Oceanside pour mettre le cap sur le gyre «en effectuant tout le long du parcours des mesures pour comparer la concentration et la nature des déchets», explique-t-il.

Grâce au guidage satellitaire fourni par ses partenaires, il compte rallier en six à sept jours la zone ayant la plus forte concentration de déchets, à environ un millier de milles nautiques des côtes. Cartographier les zones polluées  Un capteur réalisé par des élèves ingénieurs de Toulouse avec le CNES sera également testé dans une bouée dérivante. Il doit permettre de distinguer dans l’eau les plastiques des planctons et autres particules vivantes, puis à terme de cartographier les zones polluées grâce à l’imagerie satellite, ce qui serait une première mondiale.  Ironie du sort, l’expédition programmée en mai 2012 avait capoté en raison d’incidents en série impliquant notamment des déchets plastiques.

Avant même le départ de Californie, un sac plastique avait bloqué la pompe à eau de la goélette de 1938 affrétée par Patrick Deixonne. Puis des débris d’un filet de pêche en nylon avaient brisé son gouvernail dans le Golfe du Mexique.  «Des problèmes de plus en plus courants dans cette partie du monde, et qui touchent de façon récurrente les plaisanciers californiens», assure le Guyanais.  Sensibles à cette pollution plastique et aux déboires de Patrick Deixonne en 2012, leYacht Club d’Oceanside a décidé cette année de s’associer à l’expédition en mettant gracieusement à sa disposition un puissant bateau à moteur et trois membres d’équipage.

Un « continent » de déchets mortel

Ce qui pose problème c’est le temps nécessaire à la dégradation de ces plastiques (estimé entre 500 et 1000 ans) et la toxicité des éléments qui les composent. L’exemple le plus classique étant la tortue qui s’étouffe avec des sacs plastiques confondus avec des méduses.  Sur les îles Midway, dans le Pacifique, des dizaines de milliers de jeunes albatros meurent dès les premiers jours de leurs naissance, leur estomac rempli de déchets plastiques provenant de la Grande plaque de déchets du Pacifique, rapportés inconsciemment par leurs parents…

Limitons et gérons l’usage des sacs plastiques

Comment continuer à jeter des objets et sacs plastiques après avoir pris connaissance de cet état de fait ? Ce ne sont pas des gouvernements qui déversent de manière organisée des milliards de tonnes de déchets dans les océans. C’est chaque homme, femme et enfant, qui jette son petit consommable plastique, ignorant de quel manière il pourrait bien arriver au milieu de l’océan. C’est pourtant aussi simple que cela. Notre système d’égout organisé pourrait faire croire que rien ne peut arriver dans la mer si facilement.

Souvenons-nous que chaque objet en plastique jeté hors du circuit de recyclage, même au beau milieu de la France, a de grandes chances de traverser tout un pays par les cours d’eau, pour finir sa course dans la mer, puis dans l’estomac d’un oiseau ou d’une tortue.Limitons l’usage des sacs plastiques, ou interdisons les, comme cela se fait dans certains pays. Source: IdealMag

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