La sécurité des médecins en question : Les résultats du dixième bilan de l’Observatoire national pour la sécurité des médecins

Publié le 30 avril 2013 par Damienamselem

Mi avril ont été rendus publics les résultats du dixième bilan de l’Observatoire national pour la sécurité des médecins, qui recense incidents déclarés par les médecins dans le cadre de l’exercice de leur profession et qui est réalisé par l’institut IPSOS pour le compte de l’ordre national des médecins. S’il accuse une légère baisse par rapport à l’année 2011 qui avait vu un record avec 822 agressions recensées, le bilan pour l’année 2012 avec 798 agressions se situe largement au dessus de la moyenne de la décennie ( 666 déclarations par an en moyenne).

Les agressions se répartissent selon la typologie suivante :

  • Menace ;
  • Agressions verbales;
  • Agressions  physiques ;
  • Vol (d’argent, moyens de paiement, ordonnancier).

Les auteurs sont dans la moitié des cas des patients ou bien des personnes de leur entourage – pour 17% des cas, ou encore des personnes « non identifiées  » pour près d’un quart des déclarations. Les motifs

Ils sont divers :

  • Reproches portant sur la prise en charge dans 25% des cas ;
  • Vol pour 21% des cas ;
  • Refus de prescription des médicaments ou bien des arrêts de travail ;
  • Temps d’attente jugé excessif pour 7% des cas.

Sans trop de surprise ce sont les généralistes qui sont les plus touchés puisqu’ils représentent  56% des cas en ne comptant que pour 46% des effectifs. Mais les spécialistes se voient eux aussi de plus en plus touchés. Elle représente aujourd’hui 44 % des signalements, contre 35 %  en 2008.  Arrivent en tête des incidents déclarés pour les spécialistes les ophtalmologues  (6 %), l’une des explications proposées concerne les délais souvent important pour l’obtention des rendez-vous. En deuxième position psychiatres, cette fois-ci c’est la typologie des patients qui est avancée comme explication, sans plus de précision.

Les lieux géographiques

Les chiffres témoignent dans l’ensemble d’une concentration dans les centres-villes, et dans les départements difficiles : Ainsi sans surprise le trio de tête est la Seine-Saint-Denis ( 46 incidents recensés, contre  67 en 2011, et 79 en 2010) ;  le nord (45, en baisse aussi), puis Paris (41, en hausse). Un autre indicateur a été évoqué, le « taux de victimation »,  qui mesure le rapport entre enbre le total des incidents rapporté et celui des médecins en activité sur le territoire concerné : Le vaucluse arrive alors en tête (1,9%) , la Seine-Saint-Denis se retrouvant quant à elle quatrième (1,2 %). A ce petit jeu Paris arrive à 0,3 %.  Le « taux de victimation » est donc un indicateur dont la pertinence est discutable et discutée : Pas étonnant que Paris, voit sa place dans le classement baisser puique l’essentiel des médecins est concentré on le sait dans le 75. Quant à la Seine saint-denis, ce département peine au contraire  à « recruter » sur certains secteurs.  Par ailleurs, les sensibilités respectives des médecins selon les régions peuvent varier…

Le type d’exercice

C’est au sein des cabinets médicaux que le volume d’agression est le plus fort, puisqu’ils représentent  57% du total des violences.  Et c’est la médecine de ville qui en toute logique est la plus concernée : 77% avec une augmentation de 10 points à 77%, elles reculeraient dans les établissements de soin à 16%.  Il serait intéressant de connaître les explications de ces importantes évolutions en l’espace d’une année…

Quelques chiffres à noter

  • 2 tiers des incidents concernent agressions verbales ou menaces,
  • 26 % des médecins victimes d’agressions physiques ne donnent pas de suite légale à l’incident.

Pas de baisse pour les agressions physiques, (à 12 %). Contrairement à la catégorie agressions verbales et menaces, qui baisse de 4 points à 66 %.

Les solutions

L’année 2011 a vu la signature d’un protocole national avec les ministères  de la santé, de la justice et de l’intérieur. Ce protocole a pour objet la prévention et le traitement des violences exercées en direction des professionnels de santé et a été mis en oeuvre dans une quarantaine de départements à ce jour. On ne dispose pas encore de données permettant d’évaluer l’efficacité de ce dispositif.

Conclusion

Comme on l’a vu le lieu géographique d’exercice a une importance considérable dans les chiffres recensés. Nul doute que des recoupements plus pointus à l’échelle d’un quartier par exemple pourrait aussi fournir des enseignements dont les médecins connaissent fort bien la teneur. Il y a un recoupement entre environnements sociaux difficiles et le nombre de déclarations.  C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les médecins généralistes, tout comme leurs collègues de l’éducation nationale sont de plus en plus réticent à exercer dans les territoires qualifiés de problématique. Sont tout particulièrement visés ici les visites à domiciles dans certaines zones à « fortes tensions ». S’il semble possible de faire quelque chose à l’échelle des cabinets, pour ces visites à domicile, on voit bien qu’un grand travail de sensibilisation auprès des population est à faire, et qu’une réponse de type sécuritaire ne saurait suffire à garantir les condition d’un exercice serein pour les médecins.

Plus loin :

Les résultats de l’observatoire 2012 sur le site du CNOM
Le guide pratique pour la sécurité des professionnels de santé  pdf
Le protocole d’accord   Santé-Sécurité-Justice-Ordres (SSJO) pdf
La fiche de déclaration d’incident à visée observationnelle  doc