Arrêtons de parler de « génération Y ».

Publié le 30 avril 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Arrêtons de parler de « génération Y ».

Les DRH et chefs d’entreprise ont tendance à faire de nombreuses généralisations sur les jeunes de 20 à 30 ans, qu’ils considèrent comme accro à la technologie et centrés sur eux-mêmes. S’il est vrai que la nouvelle génération se démarque des précédentes sur de nombreux points, cela ne l’empêche pas d’être elle-même hétérogène et moins ingrate que l’on ne croit.

Les jeunes d’aujourd’hui n’ont décidément pas bonne presse ; à en croire certains DRH et les actifs plus expérimentés, ils sont impatients, ont de nombreuses exigences concernant les salaires et les horaires et ont du mal à se plier à la hiérarchie. Certains de ces clichés sont en effet vérifiés, notamment l’utilisation intensive des réseaux sociaux et le besoin de reconnaissance, mais d’autres ne sont le résultat que de préjugés sans fondement.

Un groupe disparate

Parler de La génération Y est en soi une erreur car tous les jeunes n’ont pas suivi les mêmes études et n’ont pas le même niveau de diplôme. Or la génération Y désigne plutôt les détenteurs d’une licence ou plus, ce qui est loin d’être le cas de tous les jeunes. Les moins diplômés connaissent la précarité et ont donc moins d’exigences mais sont d’un autre côté moins fidèles à leur employeur et moins engagés dans leur travail du fait des désillusions qu’ils ont vécu ou vivent encore. Les diplômés du supérieur ont eux plus de prétentions salariales et veulent aussi mieux articuler travail et vie privée. Cependant ils ne sont pas moins motivés par le travail que les générations précédentes du moment que celui-ci a du sens. Finalement il y a plus d’inégalités au sein de la génération des 20-30 ans qu’entre et les précédentes. Ces dernières sont elle aussi préoccupées par un équilibre vie privée/vie professionnelle et par la reconnaissance des autres.

Les valeurs n’ont pas changé, le contexte économique si

La valeur travail reste centrale chez les jeunes qui n’imaginent pas s’accomplir sans une vie professionnelle épanouie. Cependant la morosité économique les a frappé de plein fouet, 23% des actifs de moins de 25 ans étant au chômage et 70% connaissant le CDD ou l’intérim. Cela les a rendu plus pragmatiques et donc moins fidèles à leur employeur. Mais il n’y a pas plus de turnover pour autant, le chômage dissuadant les jeunes de quitter leur emploi même s’ils sont insatisfaits. Le reproche qui leur est fait concernant le moindre engagement et la résistance vis-à-vis de la hiérarchie s’explique aussi par une inadéquation entre qualifications et postes à pourvoir, les jeunes étant souvent surqualifiés par rapport à leurs tâches et parfois même par rapport à leurs supérieurs.

Donner plus pour recevoir plus

Les jeunes sont tout à fait aptes à réaliser les objectifs de l’entreprise mais ils préfèrent simplement le faire selon leurs propres modalités. Ils aiment la flexibilité par-dessus tout et sont capables de travailler 60 voire 70 heures par semaines si cela leur permet de prendre leur vendredi après-midi quand ils le souhaitent. En outre ils sont prêts à accepter des jobs précaires et moins bien payés si ceux-ci sont signifiants et leurs donnent plus de liberté. L’accomplissement de soi par le travail doit devenir une réalité pour que les jeunes réalisent pleinement leur potentiel. Le travail n’a donc pas perdu de son importance mais plutôt de sa centralité, la jeune génération cherchant ainsi à fonder leur vie sur plusieurs piliers dont le travail, la famille ou encore les loisirs. Cela s’explique par une implication accrue dans l’éducation des enfants, surtout de la part des jeunes pères.

Le terme de « génération Y» ne veut donc rien dire et derrière lui se cache un contexte économique difficile pour les jeunes auquel s’ajoutent un niveau d’instruction très élevé et une volonté de donner un sens à sa vie pas uniquement grâce au travail.

F.A