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Entendre, plutôt que blâmer !

Publié le 18 avril 2008 par Yang Zhao
Discrets, mes amis chinois évitent plutôt le sujet. Recroquevillés, ne comprenant pas. Dans l’ombre, ils s’interrogent. Après trois décennies d’efforts et de sacrifices, qu’ont-ils fait pour mériter une telle cabale ? Qu’ont-ils fait pour que leur drapeau soit souillé, leur pays voué aux gémonies dans les rues de Paris ? Depuis 2001, ils guettent les jeux olympiques avec enthousiasme. La plupart s’y prêtent sans arrières pensés, heureux de partager un moment ensemble ! Bien davantage que l’orgueil national, le sentiment du chemin parcouru justifie ce bonheur. Beaucoup se souviennent du temps pas si lointain où leurs parents ne mangeaient pas à leur faim. N’ont-ils pas gagné à la sueur du front le droit de briller au devant de la scène ? N’ont-ils pas le droit de célébrer l’énergie viscérale qui anime leur pays ? Les jeux olympiques, c’est un instant d’émerveillement avant de s’en aller vers d’autres aventures, plus de prospérité, de liberté, de démocratie.

Certes le poids de l’histoire perdure, le Tibet trouble mais est-il nécessaire de clouer au pilori la Chine ? Ceux là mêmes qui dénoncent les autorités de Pékin n’auraient-ils pas été mieux inspirés en s’entretenant d’abord avec le peuple chinois, largement acquis aux jeux ? Si d’aventure le voyage en Chine leur semblait inopérant, n’auraient-ils pas dû parcourir la rue d’Ivry ou Belleville, passer une heure de leur temps, à dialoguer avec tel restaurateur originaire de Wenzhou tel manutentionnaire natif du Fujian ? N’auraient-ils pas gagné en justesse d’analyse en demandant aux 450 000 franco-chinois ce qu’ils pensent ? Ces derniers, forts de leur biculturalisme, ne sont-ils pas les mieux à mêmes d’oeuvrer par delà des lignes ?

Au lieu de cela, des porte drapeaux des droits de l’homme se rendent coupables d’autisme, brusquant les symboles jusqu’à leur donner d’étranges couleurs. N’ont-ils pas à l’esprit la complexité du monde et en particulier celle de la Chine ? Croient-ils que si la moitié des français vivait avec 100 euros par mois, les règles de droits seraient dans notre pays l’exacte copie de ce qu’elles sont aujourd’hui ? Cette prétention de tout caler à l’aune d’une seule grille de lecture frise le néo colonialisme, l’arrogance. Plutôt que de chercher à comprendre, ils blâment. Parfois s’emballent, tirant à boulet rouge comme si les chinois étaient les seuls responsables de tous les maux, comme si les occidentaux n’avaient rien à se reprocher. Sous prétexte de la montée en puissance de la Chine, l’on entonne de curieux refrains. Le venin s’installe. Bientôt la haine.

Mais ces fieffés tenant des droits de l’homisme sont-ils seulement courageux ? Si le gouvernement chinois est si détestable que cela, pourquoi n’appellent-ils pas au boycott des produits chinois ? Piégés par le même réalisme économique qu’ils dénoncent, aucun ne s’y risquerait. Car alors ce serait accepter que le pouvoir d’achat des occidentaux soutenu depuis deux décennies par l’accès à des produits à bas coûts chute comme neige au soleil !

Sans doute avons-nous chacun une certaine histoire à l’égard des droits de l’homme mais si nous souhaitons un jour en faire un pot commun, mieux vaut alors ne pas s’enfermer dans ses seules croyances et condamner à tout va ! Mieux vaut d’abord se comprendre, pas à pas, peu à peu, comme cela a toujours été le cas.

François De La Chevalerie,
Entrepreneur Français en Chine
China Messengers & Paneurochina


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